Journée d'hommage et veillée de prière après l'attentat d'Arras
Jean Charles Putzolu - Cité du Vatican
Il y a trois ans jour pour jour, le 16 octobre 2020 Samuel Paty était assassiné devant son école à Épargny-sur-Oise en région parisienne. Vendredi 13 octobre, Dominique Bernard, professeur de français, était lui aussi mortellement poignardé dans son lycée à Arras. C’est à ces deux hommes qu’un hommage a été rendu ce matin dans tous les établissements scolaires de France; hommage suivi en début d’après-midi d’une minute de silence dans toutes les classes.
S’exprimant sur X, anciennement Twitter, lundi matin, le président Emmanuel Macron a appelé à être «impitoyable» face à l'idéologie terroriste, promettant que l'école resterait un «rempart contre l'obscurantisme» et un «sanctuaire» pour les élèves et les enseignants.
Dans ce contexte, alors qu'un risque de division plane sur la société, Mgr Olivier Leborgne propose «la compassion de l’Église, la compassion des chrétiens, la compassion de Dieu». L’évêque d’Arras estime que dans des moments aussi compliqués de la vie en société, il est nécessaire de souligner avec force que ces actes sont «odieux» et qu’on ne peut «jamais se réclamer de Dieu» pour poser un acte aussi violent. L’Église, poursuit Mgr Leborgne, «doit aider les chrétiens à s'engager pas à pas, petits actes par petits actes, mais de manière tout à fait résolue pour la paix, pour le développement, pour la justice». Son rôle est aussi d’engager «une réflexion sur le mal du monde», d’aider les croyants et les non croyants à s’interroger sur les racines de cette violence.
S’en prendre à des enseignants, c’est l’expression de la volonté de «saper les bases de la croissance humaine, du développement de l'intelligence, du développement de l'apprentissage de la vie sociale» En d’autres termes, «c'est l'éducation à la liberté que l’on veut saper».
Rassemblement de prière pour la paix
L’évêque, qui préside lundi soir un rassemblement de prière pour la paix dans la cathédrale d’Arras, ne limite pas sa réflexion au double assassinat, à trois ans d’écart, de deux enseignants de l’école de la République. Il inclut «la violence en Terre Sainte, dans tellement de pays du monde». Il continue son analyse en regrettant que l’Église ne soit «pas toujours comprise quand elle parle du péché, mais elle sait qu'il y a un mal qui nous traverse».
Mgr Olivier Leborgne est convaincu que «nous rendrons un service au monde en nous convertissant, en essayant de pointer ce qui peut être source de violence en nous et en refusant, en faisant tout pour ne pas céder, et pour retourner cela vers un engagement pour la paix». Il souhaite que de plus en plus de chrétiens s’engagent, «habités par l'anthropologie du Christ» vers «le désir de paix, l'Évangile de la paix, comme dit la lettre aux Éphésiens». «Je rêve que beaucoup de chrétiens s'engagent au service de la cité. Il faut réveiller la conscience politique des chrétiens», ajoute-t-il.
Se rassembler pour prier ensemble a une double importance, conclut Mgr Olivier Leborgne. D'abord parce que cette violence «est une question qui nous déborde» et que la prière «nous ouvre à Dieu» et dépose cette question entre ses mains sans pour autant que l’on en soit débarrasé. «C'est le deuxième point pour moi, capital: on ne s'en débarrasse pas», car le Seigneur peut répondre à cette prière en interpellant chacun d’entre nous: «pour la violence en Terre Sainte, chaque chrétien, là où il se trouve, peut devenir un artisan de paix, petit pas par petit pas». La prière chrétienne, «c'est prendre le risque d’accueillir l'Esprit Saint pour devenir un artisan de paix». «De même que parfois il y a des tsunamis ou des tremblements de terre, expliqués par la tectonique des plaques dont on ne voit pas les micro déplacements», il y a également «une tectonique de la charité et de la paix. Tout acte de paix construit la paix pour le monde».
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