Caritas Liban se prépare à accueillir des déplacés
Marco Guerra - Cité du Vatican
«Les Libanais, toutes confessions confondues, ne veulent pas d'un nouveau conflit, la guerre ne doit pas entrer dans notre pays», a déclaré à Radio Vatican-Vatican News le président de Caritas Liban, père Michel Abboud, évoquant les craintes et le climat de tension qui secouent le peuple libanais après l'attaque du Hamas contre Israël et l'escalade du conflit israélo-palestinien.
La tension monte au Sud-Liban
Le religieux libanais fait état des préparatifs de Caritas pour accueillir les premiers réfugiés libanais, fuyant les régions du sud du pays du Cèdre où, ces derniers jours, des échanges de tirs d'artillerie et de roquettes ont eu lieu entre les milices du Hezbollah et l'armée israélienne. Le ministre libanais de l'information par intérim, Ziad Makari, a déclaré vendredi 13 octobre que son gouvernement étudiait «la possibilité d'être prêt à faire face à une détérioration de la situation». Le ministre a ajouté que l'exécutif s'engageait également à soutenir les Palestiniens de Gaza, mais qu'il souhaitait maintenir le calme le long de la frontière méridionale avec Israël afin d'éviter une nouvelle guerre, comme en 2006.
Ainsi, la crainte d'une extension du conflit dans toute la région augmente alors que des manifestations de solidarité avec le peuple palestinien ont eu lieu vendredi, jour de prière, dans plusieurs villes du monde arabo-musulman. Par ailleurs, la Turquie a invité ses citoyens au Liban à éviter les régions proches de la frontière avec Israël, les régions du sud, et leur a conseillé de rester dans les régions situées au nord de la rivière Litani.
Deux millions de réfugiés Syriens
«En 2006, suite au conflit entre le Hezbollah et Israël, de nombreuses personnes ont fui le sud du pays et nous craignons que cela ne se reproduise», explique le président de Caritas Liban. Selon lui, le scénario actuel est similaire à celui d'il y a 17 ans et de nombreuses personnes commencent à se déplacer vers le nord. En outre, le religieux souligne que, par rapport à 2006, il y a deux millions de réfugiés syriens au pays du Cèdre, qui ont fui la guerre qui a frappé leur pays. «La population libanaise compte 4 millions d'habitants, rappelle père Michel Abboud, l’accueil de 2 millions de réfugiés syriens n’est pas facile et pose de nombreux problèmes de gestion».
Le président de Caritas se dit particulièrement alarmé par l'arrivée, «par des voies irrégulières», de dizaines de milliers de jeunes hommes syriens ces derniers mois. «Les Libanais, poursuit-il, craignent que ces hommes syriens ne soient venus préparer une guerre dans notre pays». Une crainte qui, selon le prêtre, est alimentée par les récentes saisies d'armes effectuées par l'armée libanaise dans les camps de réfugiés syriens.
Caritas prête à accueillir les réfugiés
Face à cette situation qui présente de nombreux risques, «Caritas se prépare à accueillir les premiers réfugiés qui fuient le sud du Liban, les écoles et les couvents ont été alertés», «nous préparons aussi des vivres pour leur donner des repas chauds». Le père Abboud demande également des médicaments et des fonds pour garantir le chauffage des structures d'accueil, à l'approche de l'hiver. «Si la guerre arrive, nous serons prêts à aider les gens», abonde le président de Caritas Liban, «sinon nous utiliserons les sommes récoltées pour aider les pauvres». En attendant, les premiers évacués du sud rejoignent leurs proches vivant dans d'autres régions du pays, et les familles qui les accueillent commencent à se tourner vers la Caritas pour obtenir une aide concrète.
Un appel à l'aide humanitaire
«Le peuple libanais ne veut absolument pas être impliqué dans cette guerre qui a éclaté en Palestine», souligne le père Abboud, «le Hezbollah a également déclaré qu'il ne participerait pas au conflit, mais dans les guerres, il n'y a pas de certitudes, nous ne pouvons pas dire que nous sommes en sécurité, nous nous sommes donc préparés à toutes les éventualités». L'ecclésiastique soulève également la question de l'importante communauté palestinienne qui vit au Liban depuis des décennies et avec laquelle la coexistence n'a pas toujours été facile: «Sur notre territoire, nous avons des Palestiniens, nous avons des Syriens, nous avons donc la crainte perpétuelle de ce qui pourrait arriver à l'avenir, et c'est pourquoi de nombreux libanais quittent le pays pour chercher une vie en paix à l'étranger».
Enfin, le président de Caritas rappelle que tout cela se passe alors que le Liban est en proie à une crise interne sans précédent, à la fois économique et politique. «Il n'y a pas de gouvernement, on ne parvient pas à élire un président de la République, c'est pourquoi toute l'Église libanaise a décidé d'accroître ses efforts pour aider la population». L'ecclésiastique est reconnaissant envers les Libanais de la diaspora et les Églises occidentales qui, par leur aide, permettent aux familles restées sur place de survivre. «Je lance un dernier appel à ne pas nous laisser seuls, car malheureusement, en 2023, nous enregistrons une baisse de 40% des dons».
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