Guerre Israël-Hamas: la faillite du renseignement israélien

Olivier Bonnel - Cité du Vatican

Les images ont sidéré la société israélienne: des dizaines de combattants du Hamas, s’infiltrant le 7 octobre en territoire israélien depuis la bande de Gaza. Une offensive meurtrière qui s’est faite par le sol, la mer et même les airs, témoignant d’une préparation inédite pour le mouvement islamique. Des centaines de civils israéliens ont été tués, d'autres, tout comme des militaires pris en otage et emmenés en territoire palestinien. 

Cette offensive s’est traduite aussi par des attaques sur des kibboutz et des villages israéliens, après que la barrière de sécurité marquant la frontière avec l’État hébreu a été partiellement abattue. Un traumatisme pour la société israélienne qui témoigne de façon cinglante des failles dans l'appareil sécuritaire. Cette offensive qui a pris l'État hébreu par surprise n'est pas sans rappeler la guerre du Kippour, il y a 50 ans, quand le 6 octobre 1973 les troupes égyptiennes et syriennes lancèrent une offensive-éclair vers Israël.

Des avertissements restés lettre morte

Ces derniers mois, l'armée israélienne a été massivement déployée en Cisjordanie, multipliant les incursions comme à Jénine, au risque de dégarnir le front sud, près de la bande de Gaza. Surtout, les tensions de la société israélienne autour de la réforme très controversée du sytème judiciaire voulue par le gouvernement Netanyahou ont laissé beaucoup d'inquiétudes dans le champ des militaires. Il y a quelques mois, 400 anciens haut responsables de l'État hébreu, parmi lesquels des gradés du Mossad ou du Shin Beth (renseigenement intérieur) alertaient sur un projet de réforme qui affaibissait considérablement l'appareil sécuritaire du pays. Des milliers de réservistes menaçaient par ailleurs de ne pas aller combattre au service d'un État qu'ils jugent de moins en moins démocratiques. 

Comment Israël se retrouve t-elle de nouveau face à une guerre qu’elle n’a pas sû voir venir? Journaliste et essayiste israélien, ancien correspondant de l'Agence France-Presse à Jérusalem, Marius Schattner, co-auteur du livre La guerre du Kippour n’aura pas lieu (Archipoche) revient sur ces failles historiques du renseignement israélien