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Début de la campagne du président congolais sortant Felix Tshisekedi Début de la campagne du président congolais sortant Felix Tshisekedi 

A l’approche des élections en RDC, la Cdjp Bukavu met en garde contre les opportunistes

Non aux opportunistes qui changent de camps pour leurs intérêts, non aux candidats qui postulent à tous les niveaux ou qui prennent comme suppléants les membres de leurs familles, non à l’achat des consciences! En rendant hommage à Mgr Munzihirwa, «prophète assassiné» pour la vérité, la Commission justice et paix de Bukavu a appelé les congolais à la prudence et à faire des bons choix aux élections qui doivent avoir lieu dans un mois.

Stanislas Kambashi, SJ – Cité du Vatican

Les élections en République Démocratique du Congo (RDC) sont prévues le 20 décembre 2023. Les congolais seront appelés aux urnes pour élire le successeur de l’actuel président Felix Tshisekedi, candidat à sa propre succession; ainsi que les députés. A un mois de ce scrutin, les candidatures ont été déposées à la Commission électorale nationale indépendante (CENI) et la campagne électorale a débuté dimanche 19 novembre. En rendant, fin octobre, hommage à Mgr Christophe Minzihirwa Mwene Ngabo, la Commission diocésaine justice et paix de Bukavu (Cdjp), que préside l’abbé Justin Nkunzi, avait appelé à une prise de conscience et à la prudence, pour ne pas se laisser tromper par des candidats qui n’ont pour objectif que leur intérêt propre.

Voter sur base d’un contrat social

Dans son message, la Cdjp avait notamment attiré l’attention sur des nombreuses «fissures sociales, idéologiques et des signaux au rouge qui exigent à chaque congolais de réfléchir sans complaisance et de questionner son engagement pour un Congo bien débout particulièrement en ce moment où nous allons tout droit vers décembre 2023». Elle invitait les congolais à se demander, pendant cette période pré-électorale, s’il faut rester dans le compromis et le statu quo ou si leur action ne devrait pas plutôt «concourir à un réel renouvellement de la classe politique avec des hommes et des femmes intègres et intelligents, à la hauteur des enjeux de l’heure!». La Commission appellait à opter pour des candidats qui «négocient» avec les peuples  sur base d’un véritable contrat social qui puisse lier l’agir et «dont le respect conditionnera le renouvellement de la confiance». C’est le contenu de ce contrat qui devra guider l’approbation du souverain primaire, avec qui et pour qui les candidats veulent gérer la chose publique. «Sinon nous aurons des éternels commissionnaires qui ne se sentiront toujours pas redevables et qui travailleront continuellement en mercenaires au milieu du troupeau…», écrivait la Cdjp.

Des problèmes sociaux récurrents

Le message faisait aussi mention de certaines situations difficiles que traverse la République Démocratique du Congo, malgré l’annonce de certaines améliorations. «Certains affirment que la gratuité de l’enseignement, bien qu’elle ait été accueillie comme une bouffée d’oxygène dans le domaine éducatif, pose encore des sérieux problèmes dans la mise en œuvre». Il décrivait aussi d’autres problèmes comme l’instabilité de la monnaie nationale, le franc congolais, le prix du carburant galopant; le manque d’infrastructures: «les cités, les villes, les territoires ainsi que les provinces ne sont pas connectées faute des routes»; la cherté et la raréfaction des denrées alimentaires. «Nous produisons peu et le chômage se porte en très bonne santé, les bruits des bottes refont surface avec des graves ravages», observait la Cjdp. Elle notait par ailleurs qu’il y a plusieurs «victimes de l’épée» dans des villages et que la justice se meurt davantage, faisant ainsi face aux «injustices d’une justice populaire». Malheureusement, certaines voix qui devaient dénoncer et interdire les maux se taisent ou tolèrent, a-t-elle regretté.

«Aimons notre Patrie» et faisons des grandes choses pour elle

La Cdjp invite les acteurs politiques congolais à une réflexion mûre et sans passion, afin de pouvoir chercher des pistes des solutions durables «pour consolider notre jeune démocratie chèrement acquise». Elle a proposé comme modèle la vie et les enseignements de Mgr Munzihirwa. Ainsi a-t-elle appelé au refus du mensonge et de l’exaltation du menteur, à briser la peur pour «dénoncer le mal de partout qu’il vienne et dire la vérité quel qu’en soit le prix». Les membres de cette commission ont appellé à l’amour du pays: «aimons notre Patrie, travaillons pour elle et faisons de grandes choses, dans l’humilité, pour redorer son image et remplissons de joie les cœurs de ses habitants!». Il n’y a «pas de paix sans pain», et il faut le gagner, non pas dans un contexte de guerre endémique mais dans un climat de tranquillité et d’apaisement, a-t-elle déclaré. La Cdjp a mis en garde contre la perversité de ceux qui voudront diviser pour mieux régner, en exploitant les appartenances tribales, claniques, religieuse, politique, etc. 

«Non à l’achat des consciences»

La commission de l’archidiocèse de Bukavu a justifié son message par le fait que «le peuple en marche vers les prochaines élections a besoin d’écouter la voix qui l’oriente vers le bon choix». Elle a invité à joindre les voix à la sienne pour dire tout haut: «Non aux opportunistes qui changent de camps à la recherche des intérêts personnels, non à ceux qui prennent comme suppléants les membres de leurs familles, non à ceux qui postulent à tous les niveaux, non aux tribalistes et aux népotistes, non à l’achat des consciences». Elle a invité les congolais à être des éducateurs des générations futures, «les "vijana muniunge mkono"» de Christophe Munzihirwa, qui apprennent aux jeunes à construire la paix et la justice. Elle a appellé à leur épargner les scènes d’horreur, car «ils ne doivent pas avoir en héritage nos conflits, nos petites divisions mesquines ou les entrainer au maniement des armes ou du mensonge». Les jeunes, comme tous les congolais, ont besoin des structures de paix et non des murs de haine et de division, a souligné la Cjdp dans son message.

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20 novembre 2023, 17:36