Les femmes, premières victimes de la pauvreté en France, alerte le Secours Catholique
Vatican news
«Précarité: les femmes en première ligne». C’est le nom du rapport annuel sur la pauvreté rendu publique par le Secours Catholique ce mardi 14 novembre. En 2009 déjà, la Caritas France consacrait son état des lieux annuel sur la pauvreté à la situation des femmes. Quatorze années plus tard, elle s’est empirée. «Tous les indicateurs se dégradent» explique Sophie Rigard, chargée de plaidoyer «Accès digne aux revenus» du Secours Catholique, au micro de Vatican news – Radio Vatican.
Le rapport indique que la pauvreté s’aggrave en France en raison de l’inflation: le niveau de vie médian a baissé de 7,6% en un an et s’établit à 583 euros par mois en 2022. «Cela signifie 18 euros par jour par personne pour vivre, c’est-à-dire pour se loger, se nourrir, se vêtir, se soigner» souligne Sophie Rigard. Une mission impossible avec un revenu moyen mensuel en dessous de la moitié du seuil de pauvreté en France, estimé à 1 211 euros en 2022 par l’association.
Une féminisation de la pauvreté
Parmi les bénéficiaires, les femmes sont désormais majoritaires à pousser la porte du Secours Catholique (57,5% en 2022 contre 51% en 1989). En 2022, les trois quarts des femmes rencontrées par le Secours Catholique vivent sous le seuil d’extrême pauvreté.
Les raisons, tout comme les profils, sont multiples. Tout d’abord, à l'image du reste de la société, les femmes sont également touchées par l’inflation, avec une augmentation de 6,8% des prix des produits alimentaires et de 23,1 % du coût de l’énergie en 2022. Ensuite, le «travail ne protège plus assez de la pauvreté» souligne la responsable plaidoyer de l’association. «On constate que parmi les personnes qu’on accueille, hommes et femmes confondus, qui cumulent des revenus du travail et des revenus de la protection sociale, le niveau de vie médian est de 800 euros, c’est-à-dire au niveau de l’extrême pauvreté». Sans compter que les femmes sont moins bien rémunérées que les hommes et travaillent dans des secteurs plus précaires.
Si les femmes font davantage appel au Secours Catholique, c’est aussi parce que, neuf fois sur dix, ce sont elles qui assument la charge des enfants quand les couples se séparent, ce qui en effet se traduit également par l’obligation de travailler en temps partiel, et mène ensuite à de faibles retraites en raison de leurs carrières hachées. Enfin, au sein des femmes accueillies par la Caritas, l'association constate une augmentation du nombre de femmes étrangères, qui pour la plupart, en raison de leur situation administrative, ne peuvent pas travailler.
Des solutions structurelles
Le profil des femmes qui témoignent dans ce rapport varie: mère isolée avec enfants, femme de plus de 55 ans, personnes exilées…Mais toutes sont vulnérables à la précarité de par leur statut de femme. Pour remédier à ce problème, augmenter les capacités des structures d’accueil ne suffit pas.
Selon Sophie Rigard, il faut également trouver des solutions structurelles. «Il y a la question du logement, de l’accès à une alimentation saine et de qualité, de régularisaiton des situations administratives» souligne-t-elle «mais il faut aussi s’attaquer à la stigmatisation de ces femmes, notamment celles qui survivent avec des minimas sociaux (…) Le discours ambiant en France consiste à les stigmatiser et à les présenter comme des profiteuses, des fainéantes. Il faut qu'on reconnaisse davantage leur contribution essentielle à la société dans le fait qu'elles éduquent des enfants, qu'elles prennent soin d'une personne malade, d'une personne en fin de vie. Il faut sortir du clivage où il y aurait les méritants en emplois et les méritants hors emploi. Il faut valoriser tout le travail invisible et gratuit que font notamment ces femmes». Le Secours Catholique appelle à un plan ambitieux de lutte contre la pauvreté qui s’attaque à aux causes structurelles de cette précarité genrée.
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