COP28: A Madagascar, s'adapter face au manque d'eau
Marine Henriot – Envoyée spéciale à Dubaï, Emirats arabes unis
Dans le sud de Madagascar, la sécheresse est en cours depuis 2019. Depuis quatre longues années, il pleut moins fréquemment, moins abondamment. Les saisons sèches et les pluies qui rythmaient normalement les mois ne sont plus que d’anciens souvenirs.
Pour les cultures, l’hygiène et la simple survie, l’eau manque. Dans les longues allées du site de la COP28 de Dubaï, Ando Raonitsoa, spécialiste intégration climat à Catholic Relief Services (CRS), malgache, est là pour défendre les communautés locales de son pays. Elle se réjouit de la concrétisation du fonds «pertes et préjudices» annoncée le premier jour de cette COP, mais espère tout de même un texte final qui maintient les objectifs de l’Accord de Paris, soit une augmentation de la température moyenne au maximum de 2 degrés par rapport à l’ère pré-industrielle, et une diminution de l’utilisation des énergies fossiles, au niveau de chaque pays. Des objectifs de politique internationale climatique indispensables pour le futur, et le présent de Madagascar.
L’adaptation, déjà en marche
Un des piliers du bilan mondial discuté à Dubaï est l’adaptation. Dans le jargon, cela signifie une démarche d’ajustement au climat actuel ou attendu, ainsi qu’à ses conséquences. Concrètement, il s’agit de rénovation ou de construction de bâtiments mieux adaptés aux conditions climatiques extrêmes, de déplacement de certaines infrastructures pour s’éloigner des zones inondables, ou encore d’un choix de cultures plus résistantes à la sécheresse.
Dans la région Atsimo Andrefana, dans le sud-ouest de l’île rouge, le CRS, bras humanitaire de Caritas Amérique du Nord, met déjà en place de telles mesures, explique Ando Raonitsoa.
Des groupes de femmes de voisinage ont été créés, incluant les femmes de différentes communautés, qui apprennent ensemble à pratiquer une agriculture adaptée au nouveau climat.
«Nous allons apprendre à ces communautés comment cultiver des jardins potagers qui ont moins besoin d’eau, nous leur partageons les techniques agricoles nécessaires, leur donnons des semences adaptées à la sécheresse et les aidons à réutiliser l’eau dans les maisons pour arroser les jardins potagers», détaille la spécialiste intégration climat du Catholic Reflief Services, «nous avons déjà des résultats tangibles».
Injustice climatique
Un des défis pour le CRS est aussi d'expliquer aux différentes communautés que ces bouleversements du climat ne sont pas passagers et qu’ils vont affecter durablement leurs modes de vie, «ensuite, ils seront à même de prendre leurs propres décisions pour gérer leurs moyens de vie.» éclaire Ando Raonitsoa.
A ses côtés, sous la chaleur étouffante de Dubaï, le père Laraison Ramosandrianarivo, du diocèse de Mananjary. Il a lui aussi fait le déplacement pour porter la voix de ces communautés vulnérables, qui sont victimes de l’injustice climatique : elles subissent directement les conséquences des changements climatiques provoquées par les émissions de gaz à effet de serre, alors qu’elles n’y ont pas participé. En 2020, l'ensemble des pays du G20 représentait 75 % des émissions mondiales.
«Nous sommes dans une Maison commune, il y a ceux qui détruisent et il y a ceux qui subissent. Oui, avec mes "brebis" qui sont les premières victimes nous sommes en colère, mais nous devons nous adapter», dit-le père Laraison Ramosandrianarivo d’une grande douceur, son exemplaire de Laudate Deum en main, espérant que les décideurs présents à la COP28 sauront, comme le demande l’exhortation apostolique, transcender leurs intérêts personnels pour penser au bien commun.
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