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140 chefs d'États sur le site de la COP28 de Dubaï, vendredi 1er décembre 2023. 140 chefs d'États sur le site de la COP28 de Dubaï, vendredi 1er décembre 2023.   (COP28)

À la COP28, les énergies fossiles au cœur des débats

Au deuxième jour de la COP28 des Nations unies sur les changements climatiques, les Émirats arabes unis annoncent la création d’un fond de 30 milliards de dollars pour créer une «finance climat plus juste». En coulisses, les négociations ont débuté sur le projet de texte final.

Marine Henriot - Envoyée spéciale à Dubaï, Émirats arabes unis

Après la fébrilité et l’excitation du jour d’ouverture de la COP de tous les records, c’est l’ambiance de travail qui a pris le dessus vendredi 1er décembre.

Pendant une douzaine de jours, les négociateurs vont plancher sur un projet de texte final. Le premier brouillon a été partagé au deuxième jour de la COP28, sur lequel il est écrit que les pays doivent préparer une «réduction/sortie des énergies fossiles», selon les termes de ce document préparé par le Royaume-Uni et Singapour.

La difficulté pour les pays sera de s'accorder sur le choix du terme «réduction» ou celui beaucoup plus ambitieux de «sortie».

Augmenter la participation du privé

En introduction, ouvrant le sommet des dirigeants mondiaux sur le climat où sont attendus 140 chefs d’États, le secrétaire général des Nations unies a lancé un avertissement: «La science est claire: la limite de 1,5°C est tenable uniquement si nous finissons par arrêter de brûler tous les combustibles fossiles».

De leur côté, les Émirats arabes unis ont annoncé la création d'un fonds privé dédié aux «solutions» face au changement climatique, doté de 30 milliards de dollars, qui doit «faire avancer les efforts internationaux pour créer une finance climat plus juste, avec une emphase sur l'amélioration de l'accès au financement pour les pays du Sud», peut-on lire dans le communiqué. Un des enjeux des Émirats arabes unis pour cette COP est d'augmenter la participation financière des entreprises privées. 

Les absents et les tensions diplomatiques

Le président iranien Ebrahim Raïssi ne se rendra pas à la COP28 à Dubaï parce qu'Israël a été invité à y participer sur fond de guerre dans la bande de Gaza, selon un média officiel. De son côté, le président israélien, Isaac Herzog, entend profiter de sa venue pour des réunions diplomatiques sur le sujet des otages israéliens retenus par le Hamas.

À noter également l’absence du président américain Joe Biden, représenté par la vice-présidente, Kamala Harris, et du président chinois Xi Jinping, représenté par le premier vice-Premier ministre, Xuexiang Ding. 

Concernant la délégation du Saint-Siège, elle sera menée par le Secrétaire d’État, le cardinal Pietro Parolin, qui délivrera le message prévu par le Pape, samedi 2 décembre. Il prendra part le lendemain à l’inauguration du Pavillon de la foi, une première pour une COP. L'absence du Souverain pontife est regrettée par de nombreux délégués: «Il faut qu’il prie pour nous», dit-on du côté de la délégation du Sénégal.  

Le Pape François, qui suit de très près cette COP. «En ce moment historique, nous sommes invités à assumer la responsabilité de l'héritage que nous laisserons derrière nous après notre passage en ce monde. Si nous ne réagissons pas maintenant, le changement climatique nuira de plus en plus à la vie de millions de personnes», a-t'il lancé ce vendredi social sur le réseau social X, anciennement Twitter. 

Le fonds pertes et préjudices

Jeudi 30 novembre, la COP a été lancée avec le geste que les pays vulnérables attendaient: la concrétisation du fonds «pertes et préjudices». Un fonds de compensation pour les dommages climatiques, financés par les pays développés, qui sont responsables en grande partie des bouleversements climatiques. C’est par une standing ovation que les délégués des 200 pays ont accueilli cette nouvelle. Concrètement, ce fonds va permettre par exemple la reconstruction de maisons détruites à cause de l’érosion ou de compenser des cultures submergées par les eaux.

Un texte âprement discuté ces neuf derniers mois, il prévoit la mise en place d’un conseil d’administration de 26 États, dont 14 issus des pays en développement qui devront définir les contributeurs et les bénéficaires. La structure est hébergé par la Banque mondiale et devrait être fonctionnelle dès l’année prochaine.

Si les représentants des pays en développement se réjouissent, la concrétisation de ce fonds n’est qu’un début. Madeleine Diouf Sarr, présidente du groupe des pays les moins avancés, qui représente 46 nations les plus pauvres, a salué auprès de l’agence AFP une décision d'une «signification énorme pour la justice climatique». «Mais un fonds vide ne peut pas aider nos citoyens», a-t-elle souligné, alors que les pertes se chiffrent en centaines de milliards.

Une COP déjà historique

Cette COP28 officiellement la plus grande jamais organisée avec 97 000 participants selon les derniers chiffres, sur les 483 hectares de l’ExpoCity de Dubaï, née en plein désert pour l’exposition universelle de 2020. Les dernières COP, de Charm el-Cheikh (Égypte) et Glasgow (Royaume-Uni) avaient accueilli environ 40 000 participants chacune. 

La délégation du Brésil est la plus importante avec 1 336 délégués, celle du pays hôte, les Émirats arabes unis compte environ 620 délégués, les Etats-Unis eux rassemblent 158 délégués.

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01 décembre 2023, 11:17