Une crèche napolitaine pour la réouverture de Notre-Dame de Paris
Jean-Benoît Harel - Cité du Vatican
C’est l’œuvre de toute une vie. Pendant 50 années, morceaux par morceaux, Alberto Ravaglioli a rassemblé les personnages de la crèche napolitaine du XVIIIe siècle qui sera exposée pour la réouverture de Notre-Dame de Paris. Collectionneur passionné, il est décédé à l’été 2023, mais son œuvre lui survit. Elle est exposée en l'église Saint-Louis-des-Français à Rome pour Noël 2023.
Son ami Agatino Alajmo, avocat romain, évoque cette crèche avec enthousiasme: «Chaque pièce est vraiment une petite œuvre d'art». Il a pris le relais de son «plus vieux et cher ami» pour faire rayonner cette crèche à travers le monde. «C’est une promesse que j’ai fait à sa famille», confie-t-il avec émotion. La crèche s’inscrit dans la plus pure tradition des crèches napolitaines et des ateliers de la rue San Gregorio Armeno.
Une tradition de 800 ans
En 1223, saint François d’Assise, frappé par la ressemblance entre les grottes de ce village italien et celles de Bethléem, fait naitre la tradition des crèches à Greccio, petit village italien. L’habitude de créer des crèches avec des figurines se répand en Italie, à Naples, puis gagne tous les pays méditerranéens. D’abord en bois peint, les personnages des crèches sont réalisés en fil métallique recouverts de paille, les mains et les pieds en bois, et la tête en terre cuite. Au XVIIIe siècle, symbole de richesse, la crèche se voit parée de matériaux les plus précieux (or, argent, tissus raffinés…), notamment à la cour du roi d’Espagne. La crèche exposée rassemble de nombreux personnages richement habillés.
Avec le temps, le paysage traditionnel de la crèche passe d'une grotte à une cabane sur les ruines d'un temple païen. Agatino Alajmo explique: «Le symbolisme est clair, c'est le Christ qui obtient la victoire sur toutes les religions anciennes, notamment païennes».
Devant cette crèche, les passants admirent Marie et Joseph, entourés d’anges et de bergers, mais aussi de nombreux «personnages de la vie réelle de Naples au XVIIIe siècle», affirme Agatino Alajmo. L’aubergiste qui, selon la tradition, a refusé d’accueillir Marie et Joseph est représenté en diable tandis que ses clients festoient avec des musiciens et des danseurs. Plus loin, on aperçoit le cortège des Rois Mages, avec leurs chameaux, éléphants, et instruments exotiques.
Une crèche qui témoigne de l'invisible
Mgr Laurent Bréguet, recteur de l'église Saint-Louis-des-Français à Rome, est également admiratif de cette crèche et de son créateur, «un homme animé d'une grande foi et qui a su, à travers les personnages, manifester la présence du Christ dans le peuple et aussi montrer que la religion chrétienne, c'est la religion du peuple». La crèche appelle à la contemplation, mais aussi à la prière car «chaque personnage a quelque chose de transcendant et témoigne de manière visible de l'invisible», affirme le recteur.
Pour la réouverture de Notre-Dame de Paris, Agatino Alajmo a proposé au diocèse de Paris d’exposer cette crèche. Une cause qu’il a plaidé admirablement à Paris selon Mgr Bréguet: «Il a séduit tout de suite l'archevêque et l'archiprêtre. Ils ont tout de suite été d'accord». Après New-York, Prague, Madrid, la crèche sera à Paris en 2024 et poursuivra sans nul doute son voyage à travers le monde.
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