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BURKINA-SECURITY/COUP-LEADER

Le G5 Sahel est désormais réduit à deux membres

Dans un communiqué conjoint, la Mauritanie et le Tchad disent «prendre acte» et respecter «la décision souveraine» du retrait du G5 Sahel du Burkina Faso et du Niger, qui emboitent ainsi le pas au Mali. L’organisation fut créée «pour relever le double défi de la sécurité et du développement» dans la sous-région africaine menacée notamment par le djihadisme. Il est reproché à cette organisation des lourdeurs institutionnelles et d’être instrumentalisée par des puissances extrarégionales.

Stanislas Kambashi, SJ – Cité du Vatican

L’ambition du G5 Sahel «s’articulait autour d’une triptyque stratégique: le renforcement de la sécurité et de la stabilité dans la région du Sahel, la protection des populations civiles et la promotion du développement économique et social», rappelle le communiqué conjointement signé le 6 décembre, par les présidents de la Mauritanie et du Tchad, Mohammed Ould Cheikh El Ghazouani et Mahamat Idriss Déby Itno. Créée dans la capitale mauritanienne, Nouakchott, le 15 janvier 2014, l’organisation comprenait à l’origine cinq pays: le Burkina Faso, le Mali, la Mauritanie, le Niger et le Tchad. Étant tous confrontés au défi sécuritaire lié au djihadisme qui a atteint des proportions transfrontalières, ces États sahéliens s’étaient donnés pour objectif de combattre de manière solidaire, ce terrorisme qui continue à constituer une menace sérieuse pour la stabilité de la sous-région. Neuf ans après, ce «groupe du Sahel» est désormais menacé de dissolution.

Le Burkina Faso et le Niger, sur le pas du Mali

Le 2 décembre dernier, le Burkina Faso et le Niger ont annoncé s’être retirés «de l’ensemble des instances et organes du G5 Sahel, y compris la Force conjointe», à compter du 29 novembre. Les deux États ont affirmé avoir pris une «responsabilité historique», accusant l’organisation d’être instrumentalisée. «Le G5 Sahel ne saurait servir les intérêts étrangers au détriment de ceux des peuples du Sahel, encore moins accepter le diktat de quelque puissance que ce soit au nom d’un partenariat dévoyé et infantilisant qui nie le droit à la souveraineté de nos peuples et de nos États», ont indiqué les deux pays, déclarant que «l’organisation peine à atteindre ses objectifs», lui reprochant des lourdeurs institutionnelles qui contrarient les ambitions légitimes des États fondateurs «à faire de l’espace du G5 Sahel une zone de sécurité et de développement». Avec ces «pesanteurs d’un autre âge», ils se disent davantage convaincus que «la voie de l’indépendance et de la dignité sur laquelle nous sommes aujourd’hui engagés, est contraire à la participation au G5 Sahel dans sa forme actuelle».

Le Mali était le premier à se retirer de l’institution en mai 2022. Il protestait contre le refus qui lui était opposé, par certains États membres, d’assurer la présidence du G5 Sahel, alors que c’était son tour. Le gouvernement malien avait fermement rejeté l’argument «d’un État membre» qui avançait comme raison la situation politique interne nationale, des manœuvre orchestrées, selon lui, par «un État extrarégional», visant à isoler son pays.


L’avenir du G5 Sahel, entre les mains de la Mauritanie et du Tchad

Restés orphelins de leurs compagnons de lutte, la Mauritanie et le Tchad veulent «poursuivre leurs efforts, pour relever, avec tous les pays du Sahel, les défis auxquels la région est confrontée». Ils ont rappelé quelques initiatives enclenchées par le G5 Sahel pour atteindre ses trois objectifs stratégiques. L’organisation, mentionne le communiqué, a mis en place la Force conjointe du G5 Sahel (FC-G5S) chargée de lutter contre les groupes armés terroristes et ceux du crime organisé; le programme de coopération transfrontalière (PCT) visant à renforcer la coopération entre les pays du Sahel dans les domaines de la sécurité, de la justice, de la santé et du développement; le centre régional de formation de lutte contre le terrorisme (CRF-LT), dont l’objectif est de former les forces de sécurité des pays du Sahel à la lutte contre le terrorisme; le Collège de défense, véritable école de guerre transnationale, dédiée à la formation des cadres supérieurs des forces armées.

Désormais hors du G5 Sahel, le Mali, le Niger et le Burkina Faso se sont rapprochés en septembre pour former l’Alliance des États du Sahel (AES). Réunis fin novembre, les ministres des Affaires étrangères des trois pays ont recommandé la création d'une confédération avec pour ambition de parvenir, à terme, à une fédération.

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06 décembre 2023, 15:30