L'Éthiopie veut un accès à la mer, et suscite l’inquiétude de ses voisins
Olivier Bonnel-Cité du Vatican
La Corne de l’Afrique est une nouvelle fois traversée par les tensions. Le 1er janvier l’Éthiopie annonçait avoir signé un protocole d’accord avec le Somaliland, république autoproclamée voisine, permettant de garantir un accès d’Addis-Abeba à la mer. Pour le gouvernement du premier ministre éthiopien Abiy Ahmed, cet accès maritime est vital pour son pays en plein développement économique. Deuxième pays le plus peuplé d'Afrique, l'Ethiopie cherche depuis 30 ans un accès à la mer qu'elle a progressivement perdu, après l'indépendance de l'Erythrée en 1993.
Mais la Somalie voisine a fait part de son opposition catégorique à ce projet, dénonçant une menace à son intégrité territoriale, et signé un décret annulant l’accord maritime. Mogadiscio a dénoncé une «violation flagrante de son intégrité territoriale» jurant de combattre ce texte «illégal».
Le Somaliland en quête de reconnaissance Internationale
D'une superficie de 285 000 km2 (la moitié de la France) et peuplé aujourd’hui de 4,5 millions d'habitants, le Somaliland était jusqu’en 1960 une colonie britannique, aux côtés de la Somalie alors colonisée par l'Italie. Au moment de leurs indépendances, les deux territoires ont fusionné pour former la Somalie. En 1991, alors que le pays est plongé depuis une décennie dans une guerre civile meurtrière, un groupe politico-militaire du nord, le Mouvement national somalien (SNM), décrète l'indépendance du territoire.
Le protocole d'accord entre l'Éthiopie et le Somaliland suscite l’inquiétude de la communauté Internationale. Les États-Unis, l’Union Européenne ou encore l’Union Africaine et la Ligue arabe ont appelé au respect de la souveraineté somalienne, et invitent à des négociations constructives.
Comment expliquer la volonté éthiopienne? Faut-il craindre une nouvelle guerre dans la région? Éclairages de Sonia Le Gouriellec Maîtresse de conférences en Science politique à l'Université Catholique de Lille et spécialiste de la Corne de l’Afrique.
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