Le conflit en Birmanie affecte fortement les chrétiens de l’État de Chin
Lisa Zengarini - Cité du Vatican
Le conflit en cours entre la junte militaire et les forces de résistance en Birmanie a eu de graves répercussions sur les chrétiens et leurs lieux de culte dans l’État Chin. Un rapport publié cette semaine par un groupe de plaidoyer indépendant dédié à la dénonciation des violations des droits de l’homme et des crimes de guerre alerte sur la dégradation des conditions de vie des chrétiens dans l’État Chin, le seul État birman à majorité chrétienne.
Depuis le coup d’État militaire qui a renversé Aung San Suu Kyi le 2 février 2021, des bombardements aériens ont frappé tout le pays asiatique, détruisant des écoles, des bâtiments de culte et des hôpitaux. Des frappes intensifiées depuis novembre 2023 puisque la junte au pouvoir fait face à une rébellion armée de grande ampleur menée par une alliance de groupes rebelles
L’impact du conflit sur la population chrétienne
Le projet Myanmar Witness du «Centre pour la résilience de l'information» (CIR), basé au Royaume-Uni, a identifié et analysé dix incidents ayant touché des églises, principalement lors de frappes aériennes, entre mars et août 2023. Il en ressort que le conflit qui a suivi le coup d’État militaire a «un impact durable sur la population chrétienne de l’État Chin», qui représente 85 % de la population.
L’État Chin a été à l’avant-garde de la résistance contre le régime militaire et aurait des liens étroits avec les moines bouddhistes ultra-nationalistes.
Le rapport présente cinq études de cas révélant l’étendue des dommages causés aux églises des régions de Thantlang, Falam et Hakha. Dans certains cas, les photographies partagées en ligne ont montré plusieurs bâtiments avec des dommages structurels importants, y compris les toits effondrés. Dans plusieurs cas, des victimes civiles et la destruction de maisons ont également été signalées.
Les bastions rebelles et les cantons soumis à la loi martiale ont subi davantage d’attaques, a déclaré le rapport, blâmant l’armée de l’air du Myanmar, qui a usé d’une «supériorité écrasante» lors de ses attaques contre les groupes rebelles.
Pour Matt Lawrence, directeur du projet Myanmar Witness, la destruction d’églises dans l’État de Chin est «symbolique et physique». «Ces lieux de culte sont non seulement protégés par le droit international en période de conflit, mais ils revêtent une importance sacrée pour ceux qui les utilisent», a-t-il déclaré.
Au moins 100 sites religieux détruits
Selon l’organisation Chin Human Rights citée par l’agence de presse UCA News, depuis le coup d’État de février 2021, au moins 100 sites religieux, dont 55 institutions chrétiennes, ont été détruits. «La destruction des églises chrétiennes est délibérée pour infliger un traumatisme psychologique à une communauté religieuse et culturelle spécifique. Ce ne sont pas des dommages collatéraux», a déclaré Salai Za Uk Ling, directeur exécutif adjoint de cette organisation.
Les dirigeants chrétiens ont demandé à plusieurs reprises la protection des lieux de culte, citant la Convention de La Haye sur la guerre, ainsi qu'à la protection des hôpitaux et des établissements d’enseignement.
Les chrétiens représentent 6% de la population birmane de 54 millions d’habitants, dont 89% sont bouddhistes.
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