En Iran, des élections qui suscitent peu d’engouement
Entretien réalisé par Marine Henriot – Cité du Vatican
C’est dans une société fracturée que les Iraniens s’apprêtent à voter le 1er mars. «Il y une rupture sociale entre une certaine élite regardant vers l’Ouest et les réseaux sociaux», commente le géographe Bernard Hourcade, «et ceux qui disent qu’il n'y a pas de solution venant de l’extérieur… mais qui ne trouvent aucune solution venant de l’intérieur du pays».
Un désespoir prégnant de la population, qui mène à une abstention inédite: lors des dernières législatives de 2020, le taux de participation s’élevait à 42%, le plus bas de l’histoire de la République Islamique. «Les gens ont perdu confiance dans la vie politique, il y a un découragement général qui peut se traduire par une abstention massive», éclaire le spécialiste de l’Iran. Selon certains sondages, à Téhéran, la capitale, seulement 8% de la population irait voter lors du scrutin du 1er mars.
Premier scrutin depuis le mouvement «Femme, vie, liberté»
Par ailleurs, ce scrutin est le premier depuis le mouvement de contestation qui a secoué l'Iran après la mort en septembre 2022 de Mahsa Amini, une jeune Kurde de 22 ans décédée après avoir été arrêtée pour non-respect du strict code vestimentaire du pays.
Une contestation populaire importante, «mais il faut voir aussi que ce mouvement a été limité et finalement n'a pas été un succès politique», tempère Bernard Hourcade.
Un échec politique peut-être, mais qui a fait comprendre au régime installé la nécessité de mettre en place des réformes. «Les responsables politiques sont divisés sur les réponses à apporter, mais tous sont conscients du fait que ce qu'il s'est passé n'est pas neutre et engage pour l'avenir», note le directeur de recherche émérite du CNRS.
Assemblée des experts
Le même jour que les législatives se tiendra le scrutin pour élire les membres de l’Assemblée des experts, un organe clé de la vie iranienne. Selon la Constitution, l'Assemblée des experts supervise l'activité et élit à vie le Guide suprême. Elle a aussi le pouvoir de le démettre si elle estime qu'il n'est plus en mesure de remplir ses fonctions. Ce poste est occupé par l'ayatollah Ali Khamenei, âgé de 84 ans, qui a succédé en 1989 au fondateur de la République islamique, l'ayatollah Rouhollah Khomeiny, après son décès.
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