Emeutes en Papouasie-Nouvelle Guinée, symptômes d'une pauvreté chronique
Entretien réalisé par Marine Henriot – Cité du Vatican
Une périphérie parmi les périphéries. Située à environ 200 kilomètres au nord de l’Australie, la Papouasie-Nouvelle-Guinée est l’État le plus grand et le plus peuplé de Mélanésie. À plusieurs reprises, François a fait part de son désir de s’y rendre. Un voyage pontifical était à l’étude pour l’été 2020, avant l’arrivée de la pandémie de Covid-19. Jeudi 25 janvier, le gouvernement de Papouasie-Nouvelle Guinée a annoncé la venue du Souverain pontife pour trois jours en août 2024. Un déplacement non confirmé par le Vatican, qui est «à un stade très préliminaire», selon la salle de presse du Saint-Siège.
En attendant de montrer au Souverain pontife et au monde entier l’enthousiasme et le sens de l’accueil qui caractérisent ce pays du bout du monde, ce sont les images des manifestations et des émeutes jeudi 11 janvier qui ont fait la une des médias.
La colère a éclaté après une erreur dans les salaires versés aux soldats, policiers et gardiens de prison. La foule a incendié les bâtiments et saccagé les magasins. Quinze personnes sont mortes durant cette nuit de chaos et l’état d’urgence a été déclaré pour deux semaines. Le Premier ministre, James Marape, a dénoncé une situation «anarchique». De son côté le gouverneur de la région a évoqué un niveau de conflit sans précédent.
Perte d’espoir de la jeunesse
Pourtant, ces épisodes de violence ne sont pas si inédits, mais révélateurs de la paupérisation de la société papoue, explique Nicolas Garnier, directeur du centre pour les recherches sociales de l’Université Divine Word à Madang, en Papouasie-Nouvelle Guinée. «Quand nous écoutons les gens, quels qu'ils soient, en ville ou dans les villages, ils ont un souvenir assez nostalgique du passé», détaille le chercheur, sur place depuis les années 2000. Un sentiment de déclassement, qui s’appuie sur une réalité économique. La pauvreté augmente dans le pays, l’accès aux services publics diminuent, comme le niveau d’éducation. Aujourd’hui, 40% de la population du pays vit sous le seuil de pauvreté.
Par ailleurs, l’ascenseur social est désormais en panne, éclaire Nicolas Garnier. Dans un pays où l’âge moyen est de 23 ans, «il y a une absence d’espoir, et les jeunes ont du mal à se projeter». D’une façon générale, les études ne permettent pas nécessairement de sortir de sa condition, et les enfants feront le même type de métier que leurs parents, «très peu de gens passent du village à un emploi rémunéré», explique l’anthropologue, il y a «une forme de confiscation par une très petite partie du pays, des petites ressources économiques».
Merci d'avoir lu cet article. Si vous souhaitez rester informé, inscrivez-vous à la lettre d’information en cliquant ici