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Des enfants palestiniens sur les décombres de maisons bombardées Des enfants palestiniens sur les décombres de maisons bombardées  (AFP or licensors)

Les organisations humanitaires demandent un cessez-le-feu urgent à Gaza

Une lettre cosignée par un groupe d'organisations internationales de consolidation de la paix et de défense des droits de l'homme, ayant des décennies d'expérience dans les territoires palestiniens occupés, presse le Premier ministre britannique d'exiger l'arrêt de l'offensive israélienne et d'appeler à un cessez-le-feu.

Linda Bordoni – Cité du Vatican

La Cafod -la branche humanitaire de la Conférence des évêques catholiques d'Angleterre et du Pays de Galles- fait partie des 22 agences humanitaires qui ont cosigné une lettre adressée au Premier ministre britannique, Rishi Sunak, lui demandant de faire pression sur Israël pour un cessez-le-feu à Gaza.

Cette lettre intervient alors que les forces de défense israéliennes ont annoncé qu'elles se préparaient à lancer une opération terrestre à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, une zone désignée comme "zone de sécurité" où plus d'un million de personnes sont actuellement réfugiées. Israël pilonne la bande de Gaza depuis l'attaque du Hamas du 7 octobre, qui a fait quelque 1 200 morts, outre les 240 israéliens pris en otage. Le bilan des Palestiniens tués s’approche quant à lui des 30 000 personnes.

Janet Symes, responsable de la Cafod pour l'Asie et le Moyen-Orient, a estimé, répondant à Vatican News - Radio Vatican, qu'un cessez-le-feu immédiat était le seul moyen d'éviter de nouvelles pertes de vies civiles, de garantir la libération des otages et de permettre l'entrée d'une aide humanitaire vitale. Janet Symes a renouvelé l'appel lancé par la Cafod au gouvernement britannique -et à tous les gouvernements- pour qu'ils prennent des mesures immédiates afin de stopper l'escalade de la crise. «Nous avons écrit au Premier ministre parce que nous estimons qu'il est absolument essentiel que le gouvernement britannique et les autres gouvernements du monde entier fassent tout ce qui est en leur pouvoir pour instaurer immédiatement un cessez-le-feu à Gaza», a-t-elle déclaré.

Une solution négociée

Les campagnes de bombardements intensifs et la menace imminente d'une invasion terrestre à Rafah, a ajouté Janet Symes, renforcent l'urgence d'une cessation immédiate des hostilités et créent une opportunité de négociations et d'acheminement de l'aide humanitaire essentielle à la population de Gaza.

La libération des otages est également essentielle, précise-t-elle, mais elle doit se faire dans le cadre d'un processus négocié afin de garantir la sécurité des civils palestiniens: «Il a été prouvé, par le passé, que le meilleur moyen d'obtenir la libération des otages est de passer par un processus négocié».

Évoquant la triste réalité à laquelle sont confrontés les habitants de Gaza, en particulier dans le secteur de la santé, Janet Symes a déclaré avoir connaissance «d'environ 8 000 patients qui attendent de pouvoir quitter Gaza pour obtenir ailleurs des soins médicaux qui ne leur sont tout simplement pas accessibles à l'intérieur de la bande de Gaza». «Ce genre de situation où les médecins sont incapables, à cause du conflit, de fournir des soins est absolument effrayant pour les gens», a-t-elle ajouté.

WCNSF: enfant blessé sans famille survivante

Les conséquences tragiques de la guerre et ses effets catastrophiques sur les enfants, qui représentent un tiers des victimes, ont conduit à l'introduction d'un nouvel acronyme glaçant: "WCNSF" ou "Wounded Child No Surviving Family" (enfant blessé sans famille survivante). Janet Symes explique que ce conflit a eu un impact dévastateur sur les familles de Gaza parce que la densité de la population signifie que les familles entières et élargies vivent ensemble dans une unique étroite habitation. «Ainsi, lorsqu'un bâtiment est touché par un bombardement, ce sont des familles entières qui disparaissent», souligne-t-elle. Cette réalité tragique soulève également de graves inquiétudes quant à l'avenir de ces enfants et de l'ensemble de la population.

L'avenir de Gaza, observe la responsable de la Cafod, est incertain, non seulement en termes de reconstruction physique, mais aussi en ce qui concerne la tâche monumentale de reconstruction des familles et des communautés brisées par le conflit. L'impact sur les enfants souligne également le risque de division accrue et les défis à relever pour parvenir à la réconciliation après le conflit, a déclaré Mme Symes.

La guerre est une défaite pour tous

Janet Symes a rappelé l'avertissement réitéré du Pape François selon lequel «dans la guerre, il n'y a pas de vainqueur», soulignant les conséquences à long terme de la crise actuelle. «Je pense qu'il s'agit là d'exemples concrets de ce que veut dire le Pape, à savoir que les gens sont en train de tout perdre», a-t-elle déclaré, notant qu'«une fois que le conflit, à proprement parler, sera terminé, il faudra des années et des années, ce qui risque d'accroître les divisions et les problèmes à l'avenir». «Dans ces conditions, il sera extrêmement difficile de reconstruire et d'instaurer une paix durable», regrette-t-elle.

L’action de la Cafod à Gaza

Malgré les difficultés rencontrées par les acteurs humanitaires pour entrer dans la bande de Gaza, Janet Symes a expliqué que l'organisation apportait son soutien par l'intermédiaire d’ONG locales. Il s'agit notamment d'argent liquide et de bons pour des fournitures essentielles, d'abris pour les personnes déplacées et d'activités pour les enfants afin d'offrir un semblant de normalité au milieu du chaos.

L'appel de la Cafod invite les personnes de bonne volonté à faire preuve de solidarité en donnant de l'argent aux organisations humanitaires: «Je pense qu'il est extrêmement important que les habitants de Gaza et de la région sachent qu'ils ne sont pas oubliés et que les gens font vraiment tout leur possible pour résoudre cette situation». Mais Janet Symes a également lancé un appel à la prière: «Il faut aussi prier pour que nos dirigeants internationaux trouvent la force d’offrir une solution et une occasion d'instaurer un cessez-le-feu immédiat», a-t-elle conclu.

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17 février 2024, 06:07