République centrafricaine: que le pays se développe dans l'unité, l'autonomie et la sécurité
Jacques Ngol, SJ – Cité du Vatican
«Un pays qui sort d'une période sombre telle que celle que nous avons vécue en 2013, c'est normal qu'il essaie de tisser des relations avec d'autres pays pour l'aider à se développer, à se relever et à sortir de ses cendres». C’est ce qu’a déclaré le père Matthieu Fabrice Evrard Bondobo, curé de la cathédrale Notre-Dame de l’Immaculée conception et vicaire-général de l’archidiocèse de Bangui, capitale de la République Centrafricaine. Il a reconnu entre autres que «nous sommes dans un monde vraiment global où l’on ne peut pas vraiment vivre seul».
Opter pour des partenariats qui conduisent vers l’indépendance
Dans cet entretien accordé à Vatican News, le prêtre centrafricain a plaidé pour que le gouvernement fasse le choix de partenaires qui puissent aider le pays à «se développer et à compter sur lui-même», tant sur le plan économique que sécuritaire.
Dans la perspective de partenariat, la RCA a reçu récemment une cargaison de céréales afin de soutenir la population. Le père Bondobo a souhaité la «bienvenue à ces céréales russes qui certainement vont nous aider, parce qu’on cherche encore à sortir de cette crise». Toutefois, il a plaidé pour que l’on ne pense pas «le développement d'un pays seulement sous l'angle de toujours recevoir», mais d’œuvrer afin de mettre en place les stratégies et les systèmes qui favorisent l’autonomisation du pays. C’est en travaillant de cette manière que l’on fera honneur aux pères fondateurs de la nation qui aspiraient voir les enfants de la République centrafricaine vivre dans «l'unité, la dignité et le travail».
La jeune Église centrafricaine, promotrice du dialogue interreligieux
Après près de 130 ans d'évangélisation, «tant de fils et de filles, tant de mouvements et de groupes font preuve d'une spiritualité fervente qui aide à vivre la foi de manière dynamique» a affirmé le vicaire général de Bangui, se prononçant sur le développement de l’Église. Constatant qu’elle tend vers sa maturité, il a souhaité que l’Église puisse s'efforcer «de grandir de manière autonome sans attendre que l'aide arrive d'ailleurs». C'est aussi «une question de maturité et de responsabilité».
Parlant des défis sur lesquels il faut travailler, il cite le «précieux dialogue interreligieux que l'on perçoit dans le pays, et avant cela, l'esprit de solidarité, d'hospitalité». Pour lui, le dialogue est ce moyen qui a aidé depuis la crise de 2013, qui semblait être une crise religieuse, à «comprendre qu'unis, nous sommes forts», en se concentrant sur les choses qui unissent. C’est ce qui permet de travailler ensemble dans l’esprit de l’Encyclique du Pape François «Fratelli tutti».
Pour le retour des Centrafricains réfugiés dans des pays voisins
La guerre de 2013 a causé le départ de plusieurs personnes du pays, se réfugiant dans les pays voisins. Aujourd’hui, au niveau du gouvernement, «il y a la volonté de faciliter le retour de nos frères et sœurs déplacés, de ceux qui ont quitté le pays, pas de leur propre volonté mais parce que contraints à partir» a déclaré le vicaire-général de Bangui. Aux côtés du gouvernement, plusieurs organisations non-gouvernementales sont à pied d’œuvre pour accompagner le gouvernement dans ses démarches.
L’Église centrafricaine, par le biais de la Conférence épiscopale, travaille également en accompagnant l’État, pas seulement pour «demander à nos frères de rentrer, mais aussi pour faciliter leur retour, créer les conditions qu'il faut pour qu'ils soient bien accueillis et qu'ils retrouvent un espace, justement pour reprendre leur vie».
La sécurité toujours instable
Poursuivant, le prêtre a fait savoir que la question sécuritaire ne touche pas seulement les réfugiés devant rentrer, «mais un peu tout le monde dans son aspect global». Par rapport à 2013, a-t-il assuré, «il y a beaucoup de changements positifs». Toutefois, «on ne peut pas oser dire que la paix est là à 100%». Il y a encore des zones où il est difficile de circuler, «surtout en ce moment précis. Nous sommes en saison sèche en Centrafrique et il y a certaines zones qui sont encore dangereuses où on a des rebelles de ces groupes armés qui circulent et qui sévissent».
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