Violences en Nouvelle-Calédonie: les raisons de la colère
Entretien réalisé par Alexandra Sirgant – Cité du Vatican
Légère accalmie à Nouméa ce jeudi. Après dix jours de violences, sans précédent depuis la guerre civile des années 1980, un fragile retour au calme semble s’être amorcé dans la capitale calédonienne. Il coïncide avec l’arrivée tôt ce matin (8h20 heure locale) du président français à l’aéroport de Nouméa, en visite pour douze heures dans l’archipel français depuis 1853.
La mission d’Emmanuel Macron est la suivante: rétablir l’ordre et la sécurité, et renouer le dialogue entre les indépendantistes et les souverainistes. Les tensions ont été déclenchées par une réforme constitutionnelle, rejetée par le camp indépendantiste, visant à dégeler le corps électoral, et permettant ainsi d’inscrire sur les listes électorales provinciales toute personne née ou domiciliée depuis au moins dix ans en Nouvelle-Calédonie.
Accompagné des ministres de l'Intérieur, des Armées et des Outre-mer, le président français a échangé pendant plus de trois heures et demie avec des élus et acteurs économiques de l'archipel, fortement affectés par les destructions matérielles ayant accompagné les violences des manifestations.
Tensions ravivées par le réferendum de 2021
Emmanuel Macron a également appelé à un «apaisement constructif», tout en expliquant exclure tout «retour en arrière» institutionnel. Le chef d’État fait référence aux trois derniers référendums sur l’indépendance (2018, 2020, 2021), prévus dans le cadre de l’accord de Nouméa de 1998, où le «non» l’a emporté à trois reprises, maintenant le territoire ultramarin dans la République française.
Mais le troisième scrutin est contesté par le FLNKS (Union calédonienne et Union nationale pour l’indépendance). Organisé en décembre 2021, il a été marqué par une forte abstention du camp indépendantiste, qui demandait le report du référendum en raison de la crise du Covid-19, et appelait au boycott. Selon la chercheuse Sarah Mohamed-Gaillard, maîtresse de conférences en histoire à l’Inalco, spécialiste de la politique française dans le Pacifique, c’est justement à partir de ce dernier referendum que le dialogue entre les partis a commencé à se dégrader, avant de se rompre complètement ces dernières semaines. Entretien.
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