A Rafah, aucun lieu sûr n'est assuré pour les enfants
Olivier Bonnel - Cité du Vatican
Depuis que l’armée israélienne a ordonné aux populations civiles gazaouies de fuir vers le sud de l’enclave palestinienne, une véritable ville de tentes s’est érigée à Rafah. Selon les estimations de l’ONU, la ville abriterait 1,2 million de réfugiés, contre 250 000 avant la guerre.
Ce lundi 6 mai, les chars israéliens ont fini par pénétrer à Rafah, entrant côté palestinien depuis le poste frontière qui sépare de l’Égypte. Une percée alors que le Hamas venait d’annoncer son accord à la proposition de trêve temporaire, négociée par le Qatar et l’Égypte.
L’opération terrestre israélienne sur Rafah, condamnée par l’ensemble de la communauté internationale, États-Unis en tête, a d’abord pour première conséquence de bouleverser l’acheminement de l’aide humanitaire qui transitait depuis le point de passage de Rafah, une aide déjà très insuffisante selon les Nations unies et de nombreuses ONG. Le 7 mai dans la matinée, l’ONU s’est ainsi vue refuser l’accès à la Bande de Gaza via Rafah par le Cogat, (l’agence israélienne chargée de coordonner les activités dans les territoires palestiniens, dépendant du ministère de la Défense).
Une catastrophe pour les enfants
Les agences onusiennes avertissaient depuis des semaines du danger d’une offensive israélienne sur Rafah, au risque d’accentuer une catastrophe humanitaire déjà patente. L’Unicef a ainsi tiré une nouvelle fois la sonnette d’alarme. «Rafah est aujourd’hui une ville d’enfants qui n’ont aucun endroit sûr où aller à Gaza», a souligné sa directrice générale Catherine Russell, expliquant que «si des opérations militaires de grande envergure étaient lancées, les enfants ne seraient pas seulement menacés par la violence, mais aussi par le chaos et la panique, à un moment où leur état physique et mental est déjà très fragilisé.»
Les chiffres de l’organisation onusienne de protection de l’enfance sont sans appel et témoignent de l’impact de cette guerre sur les civils de Rafah: Environ 65 000 enfants souffriraient d’un handicap déjà existant, notamment des difficultés à voir, à entendre ou à marcher. 175 000 enfants (soit 9 sur 10) sont touchés par une ou plusieurs maladies infectieuses. L’Unicef rappelle aussi que la quasi-totalité de ces enfants a besoin d’un suivi psychosocial et d’aide à la santé mentale.
Appels aux cessez-le feu
Ces vulnérabilités sans cesse plus grandes ont poussé l’Unicef à lancer un nouvel appel, demandant un cessez-le-feu humanitaire immédiat et durable. Le comité permanent interorganisations de l’ONU (qui rassemble l’Unicef, mais aussi d’autres agences comme le PAM ou le HCR) presse Israël de remplir «son obligation légale, en vertu du droit international humanitaire et des droits de l’homme, de fournir de la nourriture et des fournitures médicales et de faciliter les opérations d’aide, et aux dirigeants du monde pour qu’ils empêchent qu’une catastrophe encore plus grave ne se produise».
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