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Dans le camp de réfugiés de Zamzam dans le nord du Darfour. Dans le camp de réfugiés de Zamzam dans le nord du Darfour.  

«Le droit international humanitaire n'est pas respecté au Soudan»

Alors que la crise humanitaire se poursuit, le porte-parole du Comité international de la Croix-Rouge au Soudan demande un meilleur accès à l'aide humanitaire dans ce pays, un des plus éprouvés au monde. Il appelle à ne pas oublier les souffrances du peuple soudanais.

Deborah Castellano Lubov – Cité du Vatican

«Nous appelons la communauté internationale à ne pas oublier les millions de Soudanais qui, tragiquement, luttent chaque jour pour satisfaire leurs besoins fondamentaux», a déclaré Adnan Hezam, porte-parole du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) au Soudan. Pour lui, le Soudan mais aussi le Yémen et la Syrie, tendent à être de plus en plus oubliés alors que les guerres en Terre Sainte et en Ukraine accaparent l'attention du monde.

Depuis plus d’un an, le Soudan est le théâtre d’un conflit entre les Forces armées soudanaises (SAF) et les Forces de soutien rapide (RSF). Les combats qui ont commencé à Khartoum se sont étendus à l'ensemble du pays, y compris aux régions du Darfour et du Kordofan.

En raison de cette guerre, le Soudan est confronté à l'une des pires crises humanitaires au monde. En effet, le conflit a entraîné le déplacement de près de 10 millions de personnes, a détruit de nombreuses structures de santé et a privé la majeure partie de la population de produits de base et de denrées alimentaires. Près de 65% de la population n'a pas accès aux soins de santé.

Des chiffres alarmants

Selon l'organisation, depuis 14 mois, près de 15 000 personnes ont été tuées dans le conflit. Près de 25 millions de personnes, soit plus de la moitié de la population, ont besoin d'une aide humanitaire d'urgence. De plus, plus de 17, 7 millions de personnes souffrent de la faim au Soudan et 4, 9 millions d'entre elles sont dans une situation critique.

Au Soudan, le CICR joue un rôle de premier plan dans le secteur de la santé, tout en gérant les négociations avec toutes les parties et l'évacuation des personnes prises dans le conflit. En effet, des centaines de personnes gravement blessées reçoivent ainsi les soins dont elles ont besoin. Le CICR a également contribué à l'évacuation de 310 enfants et de 72 membres du personnel d'orphelinats de Khartoum, ainsi qu'à la libération de 254 détenus, ce qui a permis de les réunir avec leurs familles.

Adnan Hezam, porte-parole du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) au Soudan, témoigne de la situation humanitaire catastrophique et appelle la communauté internationale à l’aide.

La crise humanitaire au Soudan, où vous travaillez, est certainement l'une des pires au monde, mais elle est si souvent oubliée...

Cela fait maintenant environ 14 mois que le conflit a éclaté dans le pays et a, malheureusement, entraîné une crise humanitaire dévastatrice, qui compte des dizaines de milliers de personnes tuées ou blessées, ainsi que des déplacements massifs, puisque nous parlons aujourd'hui de plus de 10 millions de personnes déplacées, y compris des millions de personnes qui ont fui leurs maisons à la recherche de sécurité et d'un abri dans les pays voisins.

Ce sont là des conséquences catastrophiques du conflit en cours. En ce qui concerne la situation actuelle, les besoins sont immenses pour répondre à ces crises. Le pays connaît aujourd'hui une grave pénurie de ressources, notamment de nourriture et d'eau potable. Le système de santé lui-même est gravement touché.

À l'heure où nous parlons, environ 70% des établissements de santé du pays ne fonctionnent plus, et ceux qui sont encore debout manquent cruellement de fournitures et de personnel qualifié. C'est une véritable source d'inquiétude, en particulier pour les blessés et les malades dans les zones touchées par le conflit. L'accès aux services et aux installations vitales est un défi, qui devient de plus en plus difficile à relever.

Que peut faire le monde pour aider le Soudan?

Face à cette situation catastrophique, le monde doit se souvenir de la tragédie des souffrances du peuple soudanais et de ses besoins croissants, dans ce contexte d'escalade du conflit. Nous appelons la communauté internationale à garder à l'esprit les millions de Soudanais qui, chaque jour, luttent tragiquement pour satisfaire leurs besoins fondamentaux. Nous demandons de continuer à soutenir les organisations humanitaires qui travaillent sur le terrain pour répondre à ces besoins immenses et variés, en termes de secours, d'assistance et de protection.

Nous venons de visiter plusieurs lieux d'accueil pour les personnes déplacées, et nous avons vu que dans une salle de classe, il y a plus de six familles, qui cuisinent, qui dorment. Ils font tout dans cette pièce, une situation qui reflète celle de beaucoup de personnes déplacées. La situation est vraiment difficile et s'aggrave. L'escalade et l’expansion du conflit crée des vagues de déplacements supplémentaires.

Ainsi, il y a seulement deux mois, nous parlions de huit millions de personnes déplacées. Aujourd'hui, nous parlons de plus de neuf millions. L'évolution de la situation a donc affecté un grand nombre de Soudanais.

Dans quelle mesure?

Seulement 20% du système de santé fonctionne encore. Comment imaginer qu’il puisse répondre aux besoins de l'ensemble de la population soudanaise? La situation elle-même est un défi pour une organisation humanitaire.

Depuis le début du conflit en avril de l'année dernière, le CICR a intensifié ses opérations de protection et d'assistance. Nous essayons de fournir, et continuons de fournir, du matériel chirurgical et des instruments médicaux aux hôpitaux qui fonctionnent encore, afin de maintenir en vie des centaines de blessés et de patients. Dans le cadre de notre intervention, nous essayons autant que possible, en coopération avec le Croissant-Rouge soudanais, de fournir de la nourriture et des produits non alimentaires, pour tenter de répondre aux besoins de base quotidiens.

Des enfants attendent une vaccination dans le sud du Soudan.
Des enfants attendent une vaccination dans le sud du Soudan.

Cependant, si l'on considère le nombre et l'ampleur de l'impact, une réponse massive s'impose. L'un des défis auxquels nous sommes confrontés sur le terrain est le manque d'accès. C'est pourquoi le CICR, depuis l'éclatement de ce conflit, appelle toutes les parties impliquées dans le conflit à nous permettre, ainsi qu'à d'autres organisations, d'accéder aux zones touchées par le conflit. Sans cela, nous ne pouvons pas accomplir notre mission humanitaire.

Comment permettre une amélioration de la situation humanitaire?

L'un des principaux problèmes est que le droit humanitaire international n'est pas respecté, et c'est là un aspect important de notre appel: rappeler sans cesse à ces organismes leurs obligations en vertu du droit humanitaire international. Il leur incombe de veiller à ce que les personnes vivant sur leur territoire, sous leur contrôle, puissent satisfaire leurs besoins essentiels, notamment en disposant d'une quantité suffisante de nourriture et d'eau, et en garantissant un accès sans entrave à l'aide vitale.

En tant que travailleur humanitaire, j'espère que le Soudan ne sera pas oublié. Parce qu'il est oublié. Le peuple a maintenant besoin d'une étreinte sous la forme d'une assistance et d'un soutien. J'espère que la communauté internationale pourra apporter davantage de soutien pour répondre à cette crise. Je remercie tous les médias qui se préoccupent du Soudan et lui consacrent leur attention, d'autant plus que la plupart des journalistes sont focalisés sur Gaza ou l'Ukraine, ce qui fait que les crises au Soudan et dans d'autres régions, comme le Yémen et la Syrie, sont malheureusement oubliées aujourd'hui.

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18 juin 2024, 14:10