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L'équipe paralympique de réfugiés qui se rendra aux Jeux de Paris en août 2024. L'équipe paralympique de réfugiés qui se rendra aux Jeux de Paris en août 2024.   (cem)

Huit réfugiés participeront aux Jeux paralympiques de Paris

Huit athlètes réfugiés participeront aux Jeux paralympiques qui se tiendront en France du 28 août au 8 septembre. Ils disputeront six disciplines paralympiques dont l'athlétisme, l'haltérophilie et l'escrime.

Giampaolo Mattei - Cité du Vatican 

À 38 jours de l'ouverture des Jeux paralympiques de Paris —prévue le 28 août— le Comité international paralympique a annoncé le nom des huit athlètes qui feront partie de l'équipe des réfugiés. Ils étaient seulement deux à Rio de Janeiro en 2016 et six à Tokyo en 2021. Avec 36 athlètes en équipe olympique, 45 réfugiés au total disputeront les Jeux. 

Représentant plus de 100 millions de réfugiés et toutes les personnes en situation de handicap, les sportifs paralympiques viennent d'Afghanistan, de Syrie, d'Iran, de Colombie et du Cameroun. Ils ont été accueillis en Allemagne, en Autriche, en France, au Royaume-Uni, en Grèce et en Italie. Ils disputeront six disciplines paralympiques: athlétisme, haltérophilie, tennis de table, taekwondo, triathlon et escrime. Le chef de mission de l'équipe est Nyasha Mharakurwa, joueur de tennis-fauteuil qui a représenté le Zimbabwe lors des Jeux de Londres en 2012.

Une persévérance et une détermination incroyables

Pour Andrew Parsons, président du Comité international paralympique, si «tous les athlètes paralympiques font preuve d'une résilience incroyable, les histoires des réfugiés ayant survécu à la guerre et à la persécution sont hors du commun». C'est un fait, ajoute Andrew Pearsons, qu'«aujourd'hui, de nombreux déplacés de force vivent dans de terribles conditions. Ces athlètes ont fait preuve d'une persévérance et d'une détermination incroyables pour se retrouver aux Jeux de Paris 2024 et ainsi donner de l'espoir à tous les réfugiés, car l'équipe paralympique des réfugiés met en lumière les effets bénéfiques du sport dans la vie et dans les sociétés».

Filippo Grandi, haut-commissaire de l'agence des Nations unies pour les réfugiés qui suit de près l'équipe, a déclaré: «Pour les troisièmes Jeux paralympiques consécutifs, une équipe d'athlètes réfugiés déterminés et inspirés montrera au monde ce qu'ils peuvent accomplir si on leur en donne la chance. Les réfugiés peuvent s'épanouir lorsqu'on leur donne la possibilité de mettre à profit et de faire valoir leurs compétences et leurs talents, que ce soit dans le sport ou dans bien d'autres domaines de la vie». Le sport, selon lui, est «essentiel à leur bien-être mental et physique, ainsi qu'à leur inclusion et à leur intégration dans les communautés qui les accueillent».

Des femmes et des hommes de paix selon le Pape François 

Le sport du point de vue d'athlètes réfugiés porteurs de handicap est très cher au Pape François. Dans sa préface au livre Giochi di pace. L’anima delle Olimpiadi e delle Paralimpiadi (Jeux de paix L'âme des Jeux Olympiques et Paralympiques, édité par la Librairie éditrice du Vatican à l'initiative d'Athletica Vaticana), le Pape encourage précisément cette expérience sportive inclusive: «Je pense aux athlètes handicapés. Je suis toujours impressionné en voyant leurs performances et en écoutant leurs paroles. L'objectif du mouvement paralympique n'est pas seulement de célébrer un grand événement, mais de démontrer ce que des personnes —blessées par la vie— réussissent à faire quand elles sont mises en conditions pour le faire. Et si cela vaut pour le sport, cela doit également valoir dans la vie de tous les jours».

Le Pape ajoute dans la préface: «Je pense aux athlètes réfugiés qui racontent leurs histoires de changement, d'espérance (...). Ce ne sont pas “uniquement” des sportives et sportifs. Ce sont des femmes et des hommes de paix, des protagonistes d'une espérance tenace et de la capacité à se relever après un moment difficile».

Le ville de Paris accueille les Jeux Olympiques et Paralympiques de 2024.
Le ville de Paris accueille les Jeux Olympiques et Paralympiques de 2024.

Le témoignage d'Ibrahim 

Dans Giochi di pace se trouve également le témoignage d'Ibrahim Al Hussein, un Syrien, qui participera pour la troisième fois aux Jeux paralympiques dans l'équipe des réfugiés —il a été porte-drapeau lors des jeux de 2016 à Rio de Janeiro— passant de la natation au triathlon (et qui confie que rassembler l'argent nécessaire à l'achat de «l'équipement pour disputer la discipline du triathlon» n'est pas une mince affaire). Il raconte dans le livre: en 2012, «je courais vers un meilleur avenir —je suis né en 1988 à Deir el-Zor en Syrie— quand un ami a été touché par un sniper. Il était à terre et criait. Je savais que si j'allais à son aide je pouvais moi aussi être touché. Mais je ne me serais jamais pardonné de l'avoir laissé à terre. Quelques secondes après, une bombe a explosé près de moi. J'ai perdu la partie inférieure de la jambe droite et la jambe gauche a également été touchée».

Ibrahim était un excellent nageur, mais dans la tragédie de la guerre et avec l'amputation d'une jambe, sa passion pour le sport semble avoir disparu. «J'ai réussi à rejoindre Istanbul et là-bas j'ai rencontré des personnes généreuses qui m'ont donné une prothèse peu fonctionnelle, mais c'était mieux que rien: je devais la réparer chaque 300 mètres. Puis la nuit du 27  février 2014 —c'est ce jour-là que ma “deuxième vie” a commencé— j'ai traversé la mer Egée sur un canot pneumatique jusqu'à l'île de Samos, en Grèce». Des personnes généreuses lui ont proposé du travail et lui ont donné une vraie prothèse. Et Ibrahim a repris la natation pour se réapproprier sa vie, jusqu'à se qualifier pour les Jeux paralympiques de 2016.

Deux Afghans et trois Iraniens

Zakia Khudadadi —seule femme de l'équipe— a déjà participé aux Jeux de Tokyo en 2021, après avoir fui de manière rocambolesque l'Afghanistan à la suite de «l'interdiction olympique» imposée par les talibans. Aujourd'hui elle vit à Paris et a gagné le championnat européen de taekwondo de 2023 (catégorie 47 kg), dédiant sa victoire aux femmes de son pays.

Hadi Hassanzada, autre Afghan de l'équipe, a vécu le drame d'être déplacé plusieurs fois à la recherche d'une vie meilleure, et a été confronté à des situations difficiles sur les routes des réfugiés à travers la Turquie. Il vit aujourd'hui en Autriche. Malgré l'amputation de son bras droit, le taekwondo l'aide à «transformer les difficultés en opportunités».

Trois Iraniens vivant en Allemagne feront le déplacement pour les Jeux paralympiques de Paris 2024. Salman Abbariki, participe pour la deuxième fois aux Jeux paralympiques, après avoir participé à l'épreuve de lancer de poids à Londres en 2012. Hadi Darvish a passé deux ans de sa vie dans un camp de réfugiés avec sa femme et ses enfants et concourra en tant qu'haltérophile. Enfin, Sayed Amir Hossein Pour sera aligné parmi les compétiteurs pour le tennis de table. 

Un malvoyant Camerounais

Le Camerounais Guillaume Junior Atangana, sprinteur malvoyant qui vit au Royaume-Uni, courra avec son guide et concitoyen Donard Ndim Nyamjua, lui aussi réfugié, aux épreuves du 100 et 400 mètres. Il est arrivé quatrième aux Jeux de Tokyo, manquant de peu la médaille du 400 mètres. En juin dernier, lors du Grand Prix Para Athletics de Nottwil, il est arrivé premier du 400 mètres et deuxième du 100 mètres.

Enfin l'escrimeur Amelio Castro Grueso, d'origine colombienne mais vivant en Italie, a pu bénéficier d’entraînements de haut niveau à Rome avec Daniele Pantoni, entraîneur du club sportif de la police nationale. 

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22 juillet 2024, 12:16