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Plages de la Versilia dans le nord-ouest de la Toscane, en Italie, en août. Plages de la Versilia dans le nord-ouest de la Toscane, en Italie, en août.  (ANSA)

Méditerranée: la moitié des déchets plastiques sont liés au tourisme balnéaire

En cette période estivale, les touristes affluent à la découverte des plages méditerranéennes et de leur ensoleillement généreux. «Chaque année, entre 300 et 400 millions de touristes se rendent en Méditerranée, soit 30% des flux touristiques mondiaux», affirme le directeur général de la Fondation de la mer, Alexandre Iaschine. Un afflux touristique non sans conséquences.

Augustine Asta - Cité du Vatican

Bordée par 21 pays répartis sur trois continents, la mer Méditerranée représente «un quart de la capacité hôtelière mondiale», estime Benoit de Torcy, directeur général “The SeaCleaners”. «On estime qu'il y a entre 300 et 400 millions de touristes qui se rendent en Méditerranée chaque année. C'est 30% des flux touristiques mondiaux», affirme le directeur général de la fondation de la mer, Alexandre IaschineLa conséquence directe, de l’avis de Benoit de Torcy, c’est qu’aujourd’hui la Méditerranée «compte parmi les mers les plus polluées du monde».

Et c’est donc cet afflux touristique qui, selon les experts, génère une pollution très importante avec des répercussions sur la mer Méditerranée et son équilibre. Chaque année «environ 229 000 tonnes de déchets sont déversés dans la seule mer Méditerranée. Et 95% sont des déchets plastiques dont la moitié est directement liée au tourisme balnéaire», affirme le directeur général de la fondation de la mer.

«La Méditerranée est particulière car c'est une mer semi-fermée. Elle est un hotspot de biodiversité. Il y a énormément d'espèces en Méditerranée alors qu'elle représente seulement 1% de l'ensemble de la surface maritime globale, avec 18% des espèces connues à ce jour. C'est une zone très touristique», explique Alexandre Iaschine. Seulement, cette mer paye cher le prix de son charme. Car la pression très forte du tourisme a des répercussions sur les écosystèmes marins. «On estime qu'il y a 90% des oiseaux marins et des poissons qui ont ingéré du plastique, des microparticules de plastique. Ce qui a un impact sur nous au-delà de l'équilibre des écosystèmes. Par an, il y a donc 1 000 000 d'oiseaux et 100 000 mammifères marins qui meurent à cause du plastique», déplore le directeur de la fondation de la mer.

Le danger du plastique

Au-delà de l’équilibre des écosystèmes, cette situation représente également un danger pour la santé humaine. «On le mange, on le boit et on le respire sous forme de petites particules invisibles de plastique. Toutes les semaines, nous ingérons l'équivalent de cinq grammes de plastique», argue-t-il.

La mer Méditerranée étouffe à cause de la pollution plastique. «Le plastique est un danger vraiment à l'échelle de la planète. Depuis les années 1960, la population sur terre a été multipliée à peu près par deux et demi et la production de plastique dans le monde a été multipliée par 40. Aujourd'hui, on produit pratiquement 500 millions de tonnes de plastique par an sur la planète. Donc, la masse de plastique sur la terre est supérieure à la masse de tous les organismes vivants», confie Alexandre Iaschine.

“80 % des plastiques qu'on va consommer chaque année ont une durée de vie inférieure à un an. 40 % des plastiques créés chaque année servent à emballer d'autres produits. Et ce plastique, nous le consommons mal, nous en produisons trop, mais en bout de chaîne, nous le recyclons très peu et très mal. Il n'y a que 9 % du plastique qui est recyclé dans le monde et donc on va trouver du plastique qui va être enfoui, incinéré ou parfois déversé dans les mers et les océans.”

Chaque minute, précise le directeur de la fondation de la mer, «il y a l'équivalent d'un très gros camion poubelle, soit 18 tonnes de plastique qui se déversent dans l'océan». Et ce plastique «va se dissoudre, devenir des petites particules et va venir tapisser le fond des mers. Ce qui fait que parfois, au sommet des montagnes, il pleut du plastique, ce qui fait qu'on a du plastique partout sur la planète», souligne-t-il .

«Le plus gros pollueur à l'échelle de la Méditerranée aujourd'hui, c'est à dire les pays qui déversent le plus de déchets, c'est l'Égypte avec environ 74 000 tonnes. Puis vient l'Italie, avec 34 000 tonnes par an», martèle Alexandre Iaschine.

“La mer et les océans représentent 71 % de la surface de toute la planète et c'est la moitié de l'oxygène que nous respirons qui est directement généré par les océans qui en plus captent 90 % de l'excès de chaleur et 30 % du gaz carbonique que les activités humaines à terre génèrent chaque année. Donc, ce n’est pas simplement le bien être des poissons ou la qualité de nos eaux de baignade qui est en jeu; c'est vraiment l'équilibre de toutes nos sociétés, de notre santé et de la planète tout entière.”

Synergie d’actions

Le directeur de la fondation de la mer pense qu’il faut que les pays se dotent d'un instrument commun. D’ailleurs il se félicite du traité international qui en ce moment est en négociation à l'ONU, pour que les 175 pays qui se mettent ensemble puissent définir une trajectoire et réduire la production mondiale de plastique en se dotant des bons outils pour pouvoir aider les pays en voie de développement.

Action citoyenne pendant les vacances

La lutte contre la pollution marine estime le directeur général de l’Ong The SeaCleaners passera par un changement radical de comportement des populations et particulièrement des touristes. «Il faut changer nos comportements, surtout en vacances. C'est le moment où on a le plus le temps pour pouvoir faire un peu attention à notre consommation de plastiques. Et donc quand on arrive dans des pays qui ne sont pas forcément les nôtres, le minimum c'est d'avoir un minimum de respect pour les sites visités. Ne pas laisser nos déchets traîner sur les plages et autres comme on le voit malheureusement trop souvent», lance Benoit de Torcy.

L’exemple de l’Ong "The SeaCleaners"

En matière de lutte contre la pollution marine, l’Ong The SeaCleaners s’évertue à apporter des solutions innovantes de collecte et de valorisation des déchets plastiques en mer, avec le plus faible impact environnemental possible. «Nous procédons à la collecte de déchets en mer, dans les fleuves, dans les rivières et dans les estuaires. Aujourd'hui, nous avons des bateaux de collecte en Indonésie, certains devront partir cet été en Malaisie. Une fois qu'on a collecté, des scientifiques internationaux travaillent avec nous et essayent de comprendre et de caractériser cette pollution plastique pour améliorer les choses et essayer de comprendre l'impact sur l'environnement et sur la santé», témoigne Benoit de Torcy .

L’organisation mène aussi beaucoup d'actions de sensibilisation et d'éducation, principalement dans les écoles, les universités et les entreprises pour expliquer l'impact de cette pollution plastique en mer et dans les océans. Tout en mettant un accent sur le plaidoyer international au niveau de toutes les organisations internationales.

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19 août 2024, 10:12