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Enfants du Yémen, près de Saada, dans le nord du pays en guerre, le 26 janvier 2022. Enfants du Yémen, près de Saada, dans le nord du pays en guerre, le 26 janvier 2022.  (AFP or licensors)

Guerre au Yémen: quatre agences de l’ONU alertent sur la malnutrition aiguë

Dans les zones contrôlées par le gouvernement yéménite, le nombre d'enfants de moins de cinq ans souffrant de malnutrition aiguë s'élève à plus de 600 000, dont 120 000 au stade sévère. Quelques 223 000 femmes enceintes et en situation d’allaiter souffrent, elles aussi, de malnutrition sévère en 2024. En cause, les maladies, la forte insécurité alimentaire et l'accès limité à l'eau potable.

Delphine Allaire – Cité du Vatican

La côte ouest, zone contrôlée par le gouvernement yéménite, a enregistré pour la première fois des niveaux «extrêmement critiques», a déclaré dimanche 18 août le Groupe de travail technique du cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC) au Yémen.

600 000 enfants concernés

Selon la dernière analyse de l'IPC, composé d’agences de l’ONU, d’ONG et de gouvernements, le nombre d'enfants de moins de cinq ans souffrant de malnutrition aiguë, ou d'émaciation, a augmenté de 34% d'une année sur l'autre dans les zones contrôlées par le gouvernement yéménite, touchant plus de 600 000 enfants, dont 120 000 souffrant de malnutrition sévère. Cette forte augmentation est due à l'effet combiné d'épidémies (choléra et rougeole), d'une forte insécurité alimentaire, d'un accès limité à l'eau potable et du déclin économique. En outre, dans le même bassin de population, environ 223 000 femmes enceintes et en situation d’allaiter souffraient de malnutrition sévère en 2024.

Pour la première fois, le niveau malnutrition aiguë extrêmement critique -soit le plus sévère, dépassant les 30%- a été signalé dans les plaines du sud de Hodeïda (districts d'Al Khawkhah et de Hays) et dans les plaines de Taizz (district d'Al Makha) au cours de la période comprise entre novembre 2023 et juin 2024. À Hodeïda, la prévalence de la malnutrition aiguë a augmenté, passant de 25,9% l'année précédente, à 33,9%.

 

L'un des taux de malnutrition les plus élevés du monde

De juillet à octobre 2024 -mois maigres où l'activité agricole est minimale- les 117 districts des zones contrôlées par le gouvernement et couvertes par l'enquête devraient connaître des niveaux de malnutrition aiguë «sévères» ou plus graves, et le district de Mawza, dans les plaines de Taizz, devrait également passer au niveau extrêmement critique.

«Le rapport confirme une tendance alarmante à la malnutrition aiguë chez les enfants du sud du Yémen», a déclaré Peter Hawkins, représentant de l'UNICEF au Yémen, plaidant pour accroître les efforts de prévention et de traitement. «L'augmentation alarmante de la malnutrition aiguë chez les enfants de moins de 5 ans dans les zones du gouvernement souligne l'impact grave des épidémies, de l'insécurité alimentaire élevée et de l'accès insuffisant aux services essentiels. La FAO reste engagée à soutenir la réhabilitation durable et la diversification des moyens d'existence agricoles pour aider à répondre aux besoins urgents», a affirmé pour sa part Hussein Gadain, Représentant de la FAO au Yémen.

Des causes multiples

Le Yémen, enlisé dans un conflit prolongé et un effondrement économique, est aux prises avec des taux de malnutrition parmi les plus élevés au monde. Le conflit en cours, l'instabilité économique et les épidémies récurrentes restent les principaux facteurs de la crise de la malnutrition dans le pays.

«Le PAM est actuellement contraint de fournir de petites rations et ces résultats devraient nous rappeler que des vies sont en jeu», a déclaré Pierre Honnorat, représentant et directeur du PAM au Yémen. Arturo Pesigan, représentant de l'OMS au Yémen, a rappelé que pour faire face aux situations d'urgence sanitaire et nutritionnelle, il est essentiel de disposer de services intégrés de santé et de nutrition, notamment pour la prise en charge des maladies infantiles et la garantie d'une vaccination à jour et de pratiques d'alimentation appropriées. «Les acteurs humanitaires et la communauté internationale doivent agir immédiatement pour préserver l'avenir des enfants du Yémen».

Une aide internationale urgente et soutenue

Les maladies infantiles, les épidémies de choléra et de rougeole et l'accès limité à l'eau potable et à l'assainissement font augmenter les taux de malnutrition aiguë au Yémen. Une grave insécurité alimentaire et de mauvaises pratiques alimentaires, notamment un allaitement maternel insuffisant, aggravent encore la situation des enfants vulnérables dans les zones contrôlées par le gouvernement yéménite.

Les quatre agences des Nations Unies -l'UNICEF, la FAO, le PAM et l'OMS- appellent à une aide internationale urgente et soutenue, et à une action immédiate pour s'attaquer aux causes profondes de la malnutrition aiguë en renforçant les systèmes existants de protection sociale, de santé, d'alimentation, d'eau, d'assainissement et d'hygiène.

Dans le même temps, la fin du conflit, qui dure depuis près de dix ans, et le rétablissement de la paix sont essentiels pour relever les défis et renforcer la résilience du peuple yéménite dévasté par le manque de services de base, les déplacements répétés et l'effondrement des systèmes économiques et sociaux.

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19 août 2024, 12:50