Le Timor oriental, une lueur d'espoir pour les droits de l'Homme
Linda Bordoni, envoyée spéciale à Dili
Le Pape François se trouve au Timor oriental, un pays entouré de récifs coralliens regorgeant de vie marine, gouverné par ceux qui ont mené sa lutte pour l'indépendance et l'un des cinq États les plus jeunes du monde. Adriano Remiddi, du Campus mondial des droits de l'Homme, confirme que le Timor oriental soutient fermement le document du Pape François sur la fraternité humaine.
Le document a en effet été inséré dans le programme scolaire timorais après que le président timorais, José Ramos-Horta, a engagé le Parlement national à adopter à l'unanimité une résolution sur la Déclaration lorsqu'il a prêté serment en mai 2022. Voici ce qu'il a dit: «Elle enseignera aux écoliers la religion, l'ethnicité, la classe sociale et la tolérance politique dans la société.»
La visite du Saint-Père est perçue par ailleurs par la population comme «l'événement historique le plus important depuis l'indépendance» selon l’Italien. Mais il évoque d’abord le parcours du pays depuis son indépendance formelle en 2002, après une occupation de 24 ans par l'Indonésie et une lutte pour l’indépendance au cours de laquelle des dizaines de milliers de personnes ont trouvé la mort.
Pour cet observateur, ce très jeune pays a tracé sa voie en se fondant sur les principes de la justice et des droits de l'Homme. Le Campus mondial des droits de l'Homme est l'une des organisations internationales qui a soutenu la jeune nation dans sa quête de justice et de démocratie. Soutenu par l'Union européenne, il s’agit d’une association d'universités qui se consacre à la promotion de la démocratie et de l'éducation aux droits de l'Homme dans le monde entier. Avec plus de 100 institutions membres sur tous les continents, elle soutient les universités désireuses de développer des cours et des programmes d'études sur les droits de l'Homme.
«Ainsi, en 2018 (...), l'Union européenne nous a approchés parce qu'elle a vu l'opportunité de soutenir l'Université nationale du Timor oriental, la seule université publique, et de commencer à renforcer cette capacité en partant de zéro», a-t-il déclaré.
Ainsi, le Campus travaille à Dili depuis plusieurs années à la création physique d'un Centre des droits de l'Homme de l'université et, aujourd'hui, note-t-il, alors qu'il émerge d'une histoire de colonisation et de conflit civil, le Timor oriental témoigne du pouvoir de l'éducation aux droits de l'Homme dans la promotion de la démocratie et de la cohésion sociale.
«L'éducation aux droits de l’Homme est une discipline très spécifique, qui repose sur des valeurs et qui n'est pas toujours soutenue par les élites politiques et les gouvernements», déclare Adriano Remiddi. «Mais dans les contextes d'après-conflit, dans les pays post-coloniaux, dans les pays en transition vers la démocratie, l'éducation aux droits de l'Homme suscite généralement un intérêt très vif et très sincère.»
Du conflit à la défense des droits de l'Homme
Le parcours du Timor oriental pour devenir un champion des droits de l'Homme est remarquable. Bien qu'il soit l'une des nations les plus jeunes du monde, avec le Kosovo et le Soudan du Sud, il a accompli des progrès considérables dans la mise en place d'une démocratie dynamique. Adriano Remiddi souligne les différentes trajectoires prises par ces pays et déclare: «On peut facilement voir les différences dans la création d'une démocratie dynamique et saine et d'un État crédible et fonctionnel vingt ans après l'indépendance».
Il note que l'engagement du pays en faveur des droits de l'Homme n'est pas simplement une position gouvernementale mais un élément central de son identité nationale et que les dirigeants du pays, y compris des personnalités comme le président Jose Ramos-Horta, lauréat du prix Nobel de la paix pour son rôle dans la lutte pour l'indépendance, ont joué un rôle déterminant dans la promotion des droits de l'Homme et de la démocratie.
Le rôle de l'Église catholique
L'Église catholique a joué un rôle essentiel dans le développement éducatif et social du Timor oriental, et Adriano Remiddi a souligné sa contribution, en particulier dans le domaine de l'éducation pendant et après les périodes de turbulences qu'a connues le pays.
L'influence de l'Église est évidente dans la haute qualité de l'éducation offerte, en particulier par les missionnaires comme les Salésiens, et que cela a jeté des bases solides pour les futurs dirigeants de la nation, estime-t-il. «En commençant par le bas, c'est-à-dire par l'enseignement primaire et secondaire, nous reconnaissons, tout en coopérant avec les universitaires et les étudiants locaux, le rôle très important de l'enseignement confessionnel, de l'enseignement catholique et des missions», poursuit-il.
«Et cela est également attesté par toutes les données de l'indice de développement humain du Timor oriental», ajoute-t-il, soulignant que «la génération qui a traversé la guerre civile et les périodes de partition est celle qui a le plus souffert de la perturbation de son éducation et qu'elle a ensuite vécu la transition entre le système indonésien et le nouveau système indépendant».
Dans ces contextes, l'excellent travail des missionnaires salésiens, qui ont fourni une «éducation supérieure à la moyenne», a donné aux gens une base sur laquelle «construire l'étape suivante».
Un modèle pour les droits de l'Homme et la démocratie
La visite papale intervient à un moment où le Timor oriental peut constituer un modèle positif pour d'autres nations, dans des contextes post-conflit et post-coloniaux. Le leadership du pays en matière de droits de l'Homme et de démocratie, note Adriano Remiddi, est encore renforcé par sa participation à des initiatives telles que le G7 Plus, une organisation internationale de pays confrontés à des défis similaires en matière de développement.
Il exprime l'espoir que la visite de François mette en lumière les réalisations et le potentiel du Timor oriental.
«Cette visite va certainement donner un élan au Timor oriental, le faire connaître dans le monde entier et susciter l'enthousiasme de la population», déclare Adriano Remiddi, et encourager ses dirigeants et son peuple à aller de l'avant dans la promotion de la démocratie et des droits de l'Homme.
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