15ème Assemblée Générale de l’Union Africaine de Radiodiffusion, à Goborone, au Botswana, du 2 au 6 septembre 2024. 15ème Assemblée Générale de l’Union Africaine de Radiodiffusion, à Goborone, au Botswana, du 2 au 6 septembre 2024. 

Les médias africains se penchent sur le défi des nouvelles technologies

Pour sa 15è assemblée générale qui se tient du 2 au 6 septembre à Gaborone, au Botswana, l’Union Africaine de Radiodiffusion réfléchit sur «L’avenir des médias africains face aux défis des nouvelles technologies et des changements climatiques». Des représentants des pays africains et des organismes membres échangent sur l’impact de l’Intelligence artificielle sur l’industrie audiovisuelle. Les travaux permettront également de renforcer la coopération face aux questions liées au climat.

Stanislas Kambashi, SJ – Gaborone

«L’Intelligence artificielle redéfinit la manière dont nous créons, éditons et distribuons nos contenus. Hier cantonnée aux seuls laboratoires recherche, elle est désormais une réalité palpable et se présente comme un collaborateur à part entière qui impacte le travail dans nos salles de rédaction», a écrit l’UAR dans l’argumentaire de cette 15ème Assemblée générale. Au cours de cette rencontre, l’occasion est donnée aux Directeurs généraux, professionnels des médias, experts, universitaires et créateurs de contenus de discuter du potentiel qu’offre cette technologie pour l’Afrique et des défis auxquels sont soumis l’industrie audiovisuelle.

Les échanges porteront notamment sur des sujets comme «Résilience des médias africains face au changement climatique», «Plaidoyer médiatique pour l’engagement citoyen dans l’action climatique», «Solutions d’IA pour l’optimisation des processus de production de contenus». «Solutions d’IA dans la collecte de données pour les mesures d’audience». «Optimisation de l’échange de contenus dans l’information et le développement des programmes».


Réfléchir sur les défis des médias africains face à l’IA

L’ouverture officielle des travaux a eu lieu ce mardi 3 septembre. Elle a été marquée par la présence du président par interim de la République du Botswana, Slamber Tsogwane, accompagné de membres du gouvernement et du parlement. L’hymne national a été suivi par l’allocution d’ouverture prononcée par la ministre assistante de l’État du Botswana Boitumelo Sendy Gofhamodimo, qui a invité les participants à saisir cette rencontre comme une opportunité pour échanger des idées et trouver des solutions face aux défis des médias africains et des contenus qui sont créés.

Raconter avec fierté l’histoire authentique africaine

Dans son discours, le président botswanais par interim a invité à la vigilance face aux opportunités et défis qu’apporte l’intelligence artificielle. Il a aussi exhorté à être authentique dans l’usage de cette nouvelle technologie, pour en faire un outil au service de l’humain plutôt qu’un détracteur de la société. Slamber Tsogwane a encouragé la mise en place des systèmes de contrôle et de sensibilisation dans la gestion des déchets, pour ne pas porter préjudice à l’environnement. Il a appelé les médias à s’investir dans la sensibilisation à une consommation responsable. Le président botswanais par interim a par ailleurs appelé à utiliser cette plate-forme de collaboration qu’est l’UAR pour raconter avec fierté l’histoire authentique africaine, en la débarrassant des préjugés qui pèsent sur ce continent. Il a clôturé son discours en déclarant ouverte la 15ème Assemblée Générale de l’Union Africaine de Radiodiffusion.


Domestiquer l’Intelligence artificielle et en faire un outil au service de l’Homme

Prenant la parole à son tour, le président en exercice de l’Union Africaine de Radiodiffusion, Cléophas Barore, a relevé que toute nouvelle technologie a toujours suscité la peur. L’Afrique s’est toujours adaptée et a toujours su comment en faire usage, a-t-il fait noter. Ainsi, à Gaborone, l’occasion est donnée pour discuter et voir comment domestiquer cette nouvelle technologie. L’UAR n’a pas peur, a-t-il insisté, elle va continuer à sensibiliser sur un bon usage de l’Intelligence artificielle, sur la responsabilité face à l’environnement. Elle continuera à se lever contre les discours de haine, les formes d’exclusion et encouragera toujours la promotion de l’équité et à la construction de la paix. L’UAR ne cessera pas de parler aussi des migrations. Par la radio, la télévision et d’autres formes de médias, elle travaillera davantage pour endiguer ce phénomène ou encourager la migration régulière. Le président de l’UAR a aussi informé d’une innovation de cette plateforme: la mise en place d’un observatoire africain de l’Intelligence Artificielle.

La cérémonie d’ouverture s’est clôturée avec la présentation des nouveaux médias membres et la remise du certificat à leurs représentants. Il s’agit notamment de Sputnik, Arte, la Télévision musulmane, China Media Group (MCG).

Intelligence artificielle: une grande opportunité pour les médias africains

Après la cérémonie d’ouverture, ont eu lieu différents panels du jour. «Optimisation des processus de production avec l’IA, la mesure d’audience, la collecte de données: évaluation et rétroaction» était le thème du premier panel. Les présentateurs ont relevé que l’IA est déjà utilisée pour générer des contenus, analyser des données, mesurer l’audience, pour la production des programmes pour enfants par exemple. On gagne en temps, on réduit les coûts, on améliore les contenus. Pour les médias, aujourd’hui, l’IA peut générer un texte, corriger ce qu’un journaliste a écrit, proposer un titre, faire l’analyse des sentiments qui ressortent du texte, la transcription des textes, la traduction instantanée en différentes langues, l’archivage et modernisation des archives. L’IA donne aussi la possibilité de créer des contenus qui puissent refléter sa propre identité, ce qui est une opportunité pour les médias africains qui veulent débarrasser les paysages médiatiques du continent de l’image de l’Afrique et des africains souvent imposée d’ailleurs. Les algorithmes partent, en effet, du dépôt des préjugés qui ont toujours été véhiculés et les innovateurs peuvent aider à les combattre. Du point de vue économique, l’Afrique cherche à tirer profit de cette technologie pour le développement et la croissance économique, industrielle, de la santé, etc.


Des défis de l’Intelligence artificielle pour les médias africains

Au-delà de ses aspects idylliques, l’IA apporte des risques réels qu’il faut identifier et encadrer, voilà pourquoi il faut toujours une grande intervention humaine, ont souligné des panelistes. Les pays africains prennent conscience des opportunités de l’IA, les utilisent dans les secteurs prioritaires et cherchent à en tirer profit. Mais on constate aussi un retard d’intégration et de digitalisation dans certains domaines, dont les médias. Parmi les défis qu’il faut relever, il y a notamment la formation des agents à cette technologie, sans laquelle les médias ne peuvent tirer un profit maximum. Il y a également des problèmes éthiques comme les droits d’auteurs, le plagiat, fiabilité de ce qui est généré ou produit par l’IA. Il convient donc de mettre en place un cadre juridique qui puisse encadrer cette nouvelle technologie, car elle n’est pas neutre et exige un considérable investissement économique.

En conclusion, les panélistes ont souligné que l’IA ne remplacera jamais l’être humain. Elle reste un outil au service de l’Homme, qu’il faut savoir intégrer, optimiser, s’approprier, utiliser avec éthique et ambition, car c’est une opportunité dans la bataille de développement que mène l’Afrique.

Plus d’échanges des contenus intra-africains

Le deuxième panel a porté sur la «Contribution de l’échange de contenus dans le développement de l’information et des programmes». Des statistiques montrent que les médias audiovisuels africains dépensent beaucoup d’argent dans l’achat des programmes conçus ailleurs. 63 milliards de dollars sont dépensés chaque année pour ces contenus, et les africains consomment ce que les autres vendent. Ce montant devra atteindre les 82 milliards les années à venir. Suite à ce constat, ce panel a eu pour objectif de sensibiliser les dirigeants et opérateurs des médias à plus d’échanges intra-africains des contenus qui «nous ressemblent et nous rassemblent». C’est là l’importance du centre d’échange d’Alger de l’UAR, l’AUB Vision, créé en 2018, comme une réponse pour avoir un accès direct aux contenus africains pertinents produits par les médias du continent. Entre juin 2023 et juin 2024, plus de 5 000 contenus ont été échangés, provenant d’au moins 35 pays.

Les médias africains et la lutte contre le changement climatique

«Résilience des médias africains face au changement climatique, plaidoyer médiatique pour l’engagement citoyen dans l’action climatique», était le thème du troisième et dernier panel du jour. Face au défi du changement climatique, les conférenciers ont souligné une grande responsabilité des médias, celle de montrer les faits, d’expliquer ce qui se passe et de sensibiliser pour des actions en faveur de la lutte à mener ensemble.

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03 septembre 2024, 16:29