Terre Sainte, aucun pèlerin et tant de pauvreté
Roberto Cetera - Cité du Vatican
Depuis le 7 octobre 2023, outre les roquettes et les bombes, les Palestiniens subissent les conséquences économiques de la guerre. Ils ont vu leurs sources de revenus diminuer voire disparaître depuis un an. Une grande partie de la population palestinienne de Bethléem et de Jérusalem est employée dans le secteur de l'hébergement touristique. La suspension des pèlerinages et la suspension des autorisations de sortie du territoire pour les personnes se rendant en Israël ont réduit à la misère une grande partie de la population. L'Osservatore Romano s'est entretenu à ce sujet avec le ministre du Tourisme et des Antiquités de l'État palestinien, Hani al-Hayek.
Monsieur le Ministre, quel est l'état actuel du chômage en Palestine et dans le secteur du tourisme en particulier?
Le tourisme est la principale source de revenus des Palestiniens, mais les attaques israéliennes contre Gaza, la Cisjordanie et le Liban après le 7 octobre ont eu un impact terrible sur l'économie et les travailleurs de l'industrie du tourisme. Les arrivées de touristes étrangers et le tourisme intérieur ont chuté. Selon nos estimations, nous perdons plus de 2,5 millions de dollars par jour de revenus, dont 1,4 million de dollars pour la seule ville de Bethléem. Ainsi, au moins 12 000 opérateurs touristiques ont été licenciés et au moins 6 000 travailleurs de l'hôtellerie ont perdu leur emploi à Bethléem. Mais il faut ajouter à cela des milliers d'autres travailleurs que l'on pourrait qualifier de commerçants, de chauffeurs de taxi ou encore d'artisans qui fabriquent des objets religieux en bois d'olivier.
L'État palestinien assure-t-il une forme d'intégration ou de subvention pour les revenus manquants?
Non, car l'État palestinien connaît une grave crise financière, en raison de la réduction du reversement à l'Autorité palestinienne des impôts collectés en Palestine. C'est une décision qui a été prise unilatéralement par le gouvernement israélien. Nous ne sommes donc pas en mesure d'apporter une aide à l'industrie touristique, ni aux travailleurs sans revenus. En revanche, nous nous sommes efforcés d'exempter l'industrie touristique de toute taxe, licence ou charge, même si elle est imposée par les autorités locales.
Le manque d'emplois et de revenus, ainsi que la colère et la frustration qui en résultent, pourraient-ils favoriser la pénétration du radicalisme islamiste?
Je crois que le plus grand danger réside dans le fait que cette colère et cette frustration pourraient inciter de plus en plus de familles à quitter la Palestine, à la recherche d'un avenir meilleur pour elles-mêmes et leurs enfants. Et j'ajouterais qu'étant donné qu'une très grande partie des travailleurs engagés dans le tourisme et les pèlerinages sont des chrétiens, cet exode signifierait une réduction supplémentaire de la population chrétienne dans la région.
Votre ministère coopère-t-il d'une manière ou d'une autre avec le ministère similaire de l'État d'Israël? Par exemple pour promouvoir le redémarrage des activités une fois la guerre terminée?
Au niveau officiel, il n'y a jamais eu aucune forme de collaboration entre mon ministère et son homologue israélien. Et il n'y en a toujours pas.
En revanche, collaborez-vous avec les églises chrétiennes de Terre Sainte?
Oui. De nombreux sanctuaires en Palestine sont gérés par les églises chrétiennes locales. Nous coopérons quotidiennement avec ces communautés chrétiennes. Et nous avons déjà commencé à étudier avec elles des projets pour les aider à redémarrer leurs activités après la fin de la guerre. Les pèlerins chrétiens représentent 70 % de l'ensemble des pèlerins visitant la Palestine. Ils constituent donc un facteur crucial pour le développement de l'industrie du tourisme dans la région.
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