Le Premier ministre haïtien Gary Conille limogé
Xavier Sartre – Cité du Vatican
Cinq mois à peine son entrée en fonction, Gary Conille est remercié par le Conseil de transition. Le Premier ministre haïtien qui devait rétablir un semblant de stabilité dans un pays en proie au chaos, paie le différend qui l’oppose avec l’autre institution mise en place cet été après plusieurs mois de contestation du précédent Premier ministre, Ariel Henry. Le Conseil voulait changer les ministres de la Justice, des Finances, de la Défense et de la Santé selon le quotidien américain Miami Herald, ce que refusait le chef du gouvernement. Son remplacement a déjà été choisi: il s’agit de l’homme d’affaires Alix Didier Fils-Aimé.
Rien d’étonnant, en fait, selon Jacques Léon-Émile, président de l’association Haïti Mémoire et culture qui suit attentivement les affaires haïtiennes depuis Paris. «Vous avez déjà une situation qui n’est pas claire avec un Conseil national de transition et un Premier ministre avec un gouvernement. Ce sont deux structures qui paraissent difficilement compatibles puisque l’une n’est pas soumise à l’autre. Officiellement, le Premier ministre relèverait du Conseil mais il a été désigné avant que le Conseil n’existe. Déjà, l’attelage est boiteux», estime-t-il. «Encore une fois, on a l’illustration que les institutions ne fonctionnent pas parce qu’elles n’existent pratiquement pas», poursuit-il.
Difficile de dire si les gangs, toujours très actifs à Port-au-Prince, malgré le déploiement de plusieurs centaines de policiers kényans sous l’égide des Nations unies dans la capitale, ont pu avoir, d’une manière ou d’une autre, une influence sur ce changement à la tête de l’exécutif.
Quant à une implication de la communauté internationale, là aussi, c’est l’inconnu. Seule certitude aux yeux de Jacques Léon-Émile, «depuis des années, elle s’est désintéressée d’Haïti» malgré la force kényane ou des aides ponctuelles des États-Unis ou de la France en matière sécuritaire.
L’objectif du nouveau Premier ministre sera toujours d’organiser des élections, mais là aussi, la tâche s’annonce ardue du fait d’une insécurité totale. Comment ne serait-ce que faire campagne quand les gangs contrôlent des pans entiers du territoire, s’interroge le président de l’association Haïti Mémoire et culture.
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