Pauvreté et immigration, l’Église américaine restera vigilante
Jean Charles Putzolu – Cité du Vatican
Les résultats ont été annoncés depuis 24 heures lorsque le président de la conférence épiscopale des États-Unis félicite le président élu Donald Trump de sa victoire. «Maintenant, nous passons de la campagne à la gouvernance. Nous nous réjouissons de notre capacité à passer pacifiquement d'un gouvernement à l'autre», écrit Mgr Timothy Broglio dans un communiqué, ajoutant d’emblée que l’Église catholique américaine ne soutenait aucun parti, mais qu’elle entendait travailler avec la future équipe dirigeante «pour le bien commun de tous».
«Nous avons le devoir de nous traiter mutuellement avec charité, respect et civilité, même si nous ne sommes pas d'accord sur la manière d'aborder les questions de politique publique», poursuit le communiqué de l’évêque qui insiste, dans un entretien accordé à Vatican News - Radio Vatican, sur la nécessité de s’ouvrir à l’autre et de l’écouter car «nous sommes dans une situation ici aux États-Unis, où personne ne veut entendre l'autre», dit Mgr Broglio pour décrire une Amérique coupée en deux, tant les clivages entre démocrates et républicains sont importants au terme d’une campagne électorale au verbe violent.
Lutter contre la pauvreté
Les États-Unis sont un pays riche, explique le président des évêques américains; cette richesse dote le pays d’un pouvoir qui doit être mis au service de sa population, en particulier des plus démunis. Les États-Unis comptent plus d’un demi-million de sans-abris, et l’inflation des années post covid a accru le nombre de pauvres, notamment chez les plus jeunes.
Dans ce contexte, «l'Église, avec la Caritas et toutes ses autres activités», continuera d’aider les pauvres, mais «il faut aussi, au niveau de la nation, s’attaquer à ce problème, surtout les sans-abris», ajoute Mgr Timothy Broglio, dans une invitation à la future administration. «Et je crois qu'on peut faire beaucoup mieux que ce qui a été fait jusqu'à présent», surenchérit-il, cette fois dans une critique à peine voilée à l’administration sortante. Pour sa part, le père Brian Paulson, président de la conférence des jésuites du Canada et des États-Unis, souhaite que le nouveau président «dirige d'une manière qui unifie le pays, qu’il se préoccupe des plus vulnérables d'entre nous, à la fois chez nous et à l'étranger».
La crise migratoire
Dès sa première prise de parole, en revendiquant sa victoire, Donald Trump a promis aux Américains des expulsions massives de migrants irréguliers. Dans ce domaine, le père Paulson, dans une interview à Vatican News - Radio Vatican, espère que la future administration saura travailler sur une base bipartisane avec les démocrates «pour adopter des lois de réforme de l'immigration qui favorise le bien commun des résidents actuels des Etats-Unis et de ceux qui ont des raisons légitimes de demander l'asile».
Répondant au menaces d’expulsions massives, Mgr Broglio assure que l’épiscopat fera face «de deux façons». En poursuivant l’action caritative de l’Église envers les migrants et en défendant leurs droits. Il propose une deuxième ligne d’action: «aider les pays d'origine parce qu'il n'y a plus de raison de quitter ces pays». L’une des priorités serait de soutenir sérieusement l’aide au développement des pays pauvres. «J'ai du mal à croire qu'il y aura une déportation massive» de migrants, conclut le prêtre jésuite sur ce sujet.
Les USA sur la scène internationale
Les évêques américains, tous, prient pour la paix «car ce sont nos fidèles qui paient le prix de la guerre, jusque dans leur chair». Le monde étant un unique ensemble, rappelle Mgr Broglio -notre «Maison commune» dans laquelle tout est lié pour reprendre les propos du Pape François-, le bilatéralisme, cher au président élu, «est important», mais il sera nécessaire «de travailler ensemble avec les instances au sein desquelles sont représentés tous les pays du monde».
«Le président Trump espère qu'une défense américaine forte fournira la plus grande dissuasion pour éviter la future guerre», continue le père Brian Paulson, «cela étant dit, la diplomatie est toujours préférée à l'usage des armements, tout simplement».
Le droit à la vie
Depuis l’annulation par la cour suprême de l’arrêt Roe vs Wade qui abroge le droit constitutionnel à l’avortement, la législation sur l’interruption volontaire de grossesse passe sous la responsabilité de chaque état. Au cours du scrutin du 5 novembre, les électeurs devaient aussi se prononcer sur le droit à l’avortement dans leur état. Les résultats ne sont pas encore connus sur ce vote, mais «l'Église s'efforcera toujours de convertir les esprits et les cœurs des citoyens, des fidèles et des responsables gouvernementaux pour leur faire comprendre que l'avortement est toujours un péché, toujours une tragédie et que nous devons promouvoir une culture de la vie», affirme sans ambages le père Brian Paulson. Mgr Timothy Broglio, lui, salue l’engagement du président élu en faveur du droit à la vie, à protéger, rappelle-t-il «de sa conception à sa fin naturelle».
Merci d'avoir lu cet article. Si vous souhaitez rester informé, inscrivez-vous à la lettre d’information en cliquant ici