La solidarité des petites sœurs de l’Agneau à Valence
Xavier Sartre – Cité du Vatican
Ils ne sont parfois équipés que d’un balai et d’un seau, armes dérisoires pour nettoyer la boue et les débris charriés par les eaux furieuses qui ont dévasté plusieurs communes de l’agglomération de Valence, sur la côte méditerranéenne de l’Espagne, dans la nuit du 29 au 30 octobre dernier. Les volontaires venus de tout le pays viennent prêter main forte aux habitants sinistrés, dont certains sont des proches des 219 victimes officiellement recensées pour le moment.
Cet élan de solidarité, la petite sœur Servane, de la communauté de l’Agneau présente à Valence depuis vingt-cinq ans, en est témoin. Cette Française arrivée il n’y a qu’un mois et demi dans la ville espagnole, voit «une énorme générosité», «un don d’eux-mêmes jusqu’au bout qui rayonne dans une grande pauvreté et une grande joie», de la part de tout le monde, quelle que soit sa foi, ses convictions politiques. «L’ambiance dans les rues peut faire presque penser à celle des JMJ», décrit-elle, «les JMJ de la souffrance» comme lui a soufflé une connaissance.
Nettoyer d'abord et avant tout
Dans les heures qui ont suivi la catastrophe, «toutes les personnes qui ont un minimum de force physique partent de chez eux vers 6 heures du matin, en prenant leur balai et leur serpillère, leur kit de ménage, marchent à pied à peu près deux heures, pour arriver dans les villages. Et là, elles proposent leur aide au premier venu, ou s’organisent pour répartir de la nourriture, ou pour apporter des produits d’hygiène», raconte-t-elle.
Les cinq sœurs de la communauté dominicaine n’ont pas été en reste. «Nous avons rejoint des amis qui avaient perdu leur maison pour les aider très concrètement et très simplement, nous avons joint des paroissiens et des groupes pour nettoyer les églises, une bibliothèque. Nous nous investissons petitement, comme nous pouvons. Nous nous sentons comme de petites fourmis face à cet océan qui a déferlé sur ces villages. Nous sentons malgré tout que notre présence apporte de la consolation pour les résidents», confie petite sœur Servane.
Témoigner de la présence du Christ
Face à l’ampleur du drame, les victimes et les sinistrés ont besoin d’écoute. Mais ce temps viendra plus tard, assure la religieuse. «Les gens sont tellement sous le choc. Rien que le fait d’être là, c’est déjà pour eux une parole très forte. Nous ressentons que dans les semaines, les mois qui viennent s’ouvrira un vaste champ de mission et de consolation de la part de l’Église et du Seigneur. Mais pour l’instant c’est encore un peu prématuré, le drame est trop frais», reconnait-elle.
Pour la communauté de l’Agneau, dont la devise est «Blessé, je ne cesserai jamais d’aimer», être présente au milieu «de cette immense blessure qui s’est ouverte à côté de chez nous», va de soi, tout comme le fait de «ne pas cesser d’aimer, d’offrir aux gens cet élan de résurrection, de charité qu’on voit aussi très très fort autour de nous, d’accueillir aussi ces cris de douleur, de souffrance, d’incompréhension, et être là comme Jésus et aimer».
Malgré la fatigue générale, des signes d’espérance apparaissent. Les sœurs ont assisté à la première messe célébrée après les inondations dans une église qui n’a pas été épargnée par le passage de la boue. «C’est un moment très fort de voir le prêtre retrouver toute sa dignité, l’autel avec sa nappe blanche et tous les assistants couverts de boue dans une église plus ou moins nettoyée et déblayée. C’est Jésus qui vient dans notre pauvreté, consoler son peuple», se rappelle-t-elle. Un peuple uni, solidaire, qui, malgré les différences, finit «marron» à la fin de la journée, après avoir apporté, chacun selon ses moyens, un peu de réconfort aux victimes.
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