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L'usine abandonnée de Bhopal, en Inde. L'usine abandonnée de Bhopal, en Inde.   (AFP or licensors)

Bhopal, 40 ans de souffrance

En Inde, c’est l'une des pires catastrophes industrielles de l'histoire. Dans la nuit du 2 au 3 décembre 1984, une usine de pesticides Union Carbide, située dans la capitale de l’État du Madhya Pradesh, libère un gaz plus lourd que l’air, provoquant l’une des plus graves catastrophes industrielles de l’histoire avec un bilan estimé à plus de 25 000 victimes. La zone de la catastrophe n'a jamais été nettoyée et les riverains sont toujours exposés et en meurent.

Stefano Leszczynski - Cité du Vatican

En une seule nuit, 5 295 personnes sont mortes à Bhopal. C'est le chiffre officiel établi par le gouvernement du Madhya Pradesh. Le nuage toxique s'échappant de l'usine de pesticides Union Carbide a fait des ravages dans la nuit du 2 au 3 décembre 1984. Mais ce sont les effets à long terme qui ont été les plus dramatiquement meurtriers: le nombre de morts s'est élevé à 25 000 dans les années qui ont suivi.

Témoignages

Nathuram Soni, 81 ans, est l'un des rares survivants. Interviewé par l'AFP, il se souvient des scènes apocalyptiques dont il a été témoin: «Les gens avaient de l'écume à la bouche. Certains avaient déféqué, d'autres s'étouffaient dans leur propre vomi».

Rashida Bee, cofondatrice de l'ONG Chingari Trust, qui dispense des soins gratuits aux descendants des familles frappées par la catastrophe, estime que les personnes décédées ont eu de la chance. «Au moins, leurs souffrances ont pris fin», ajoute-t-elle, avant de poursuivre: «les malheureux sont ceux qui ont survécu».

Une plaie ouverte

Quatre décennies après la catastrophe de Bhopal, dans l'État du Madhya Pradesh, au centre de l'Inde, ce qui s'est passé n'est pas seulement un événement à commémorer, mais une plaie qui reste ouverte et qui suppure. Ce qui reste de l'usine désaffectée d'Union Carbide a changé de mains et appartient désormais à Dow, l'une des plus grandes entreprises chimiques du monde. Mais les milliers de tonnes de déchets toxiques enfouis sous terre à l'intérieur et autour de l'usine continuent de polluer les eaux souterraines. Des dizaines de rapports et d'études réalisés par des organisations non gouvernementales, des groupes de scientifiques et des reportages journalistiques continuent d'en témoigner. Sur la base des données collectées par l'enquête nationale sur les familles et l'enquête socio-économique indienne, les effets intergénérationnels sur la santé à long terme ont été démontrés. Aujourd'hui encore, de nombreux enfants naissent avec des malformations dues aux conséquences de l'empoisonnement de l'environnement.

Une ville empoisonnée

À l'occasion du 40e anniversaire de la tragédie de Bhopal, Amnesty International a publié un rapport dans lequel elle pointe à nouveau du doigt l'absence de responsabilité des autorités publiques et des entreprises impliquées, allant jusqu'à formuler l'accusation de racisme environnemental pour désigner l'ensemble des violations des droits de l'homme interconnectées qui incluent l'impact négatif de la dégradation de l'environnement sur le droit à un niveau de vie adéquat et à la non-discrimination. En 1989, Union Carbide a accepté de verser 470 millions de dollars aux victimes de l'accident, tandis que la nouvelle société propriétaire du site industriel, Dow Chemical, a toujours refusé de payer d'autres indemnités.

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04 décembre 2024, 15:33