Elections générales au Ghana, samedi 7 octobre 2024. Elections générales au Ghana, samedi 7 octobre 2024. 

Le Ghana a de nouveau réussi des élections pacifiques

Réputé pour ses alternances politiques pacifiques, le Ghana a élu son nouveau président, John Mahama, et le candidat du parti au pouvoir, Mahamudu Bawumia, a reconnu dimanche sa défaite. Les élections générales de samedi 7 décembre se sont déroulées dans le calme. Les résultats doivent encore être révélés dans les détails par la commission électorale.

Vatican News

Près de 19 millions d'électeurs inscrits ont voté lors des neuvièmes élections générales au Ghana depuis le retour à la démocratie multipartite au début des années 1990. Selon des observateurs et des témoins sur place, le processus électoral s'est déroulé dans le calme dans tout le pays et aucune perturbation n'a été signalée. Ce pays d'Afrique de l'Ouest de 34 millions d’habitants s'est forgé au cours des trois dernières décennies une réputation d'élections pacifiques et de transitions de pouvoir ordonnées. Le président Nana Addo Dankwa Akufo-Addo du New Patriotic Party (NPP) quitte le pouvoir après deux mandats constitutionnels. Il passera le flambeau à l'ancien et président de nouveau élu, John Dramani Mahama, du National Democratic Congress (NDC). La vice-présidente sera l'ancienne ministre de l'Éducation, Jane Naana Opoku-Agyemang, première femme du pays à accéder à ce poste.


Une campagne électorale sur fond d’une économie en difficulté

12 candidats étaient en lice pour la présidence, mais seulement deux avaient une chance réaliste de remporter la victoire. La course s’annonçait serrée entre le vice-président Mahamudu Bawumia, candidat du NPP, et l’ancien président John Mahama. Économiste de 61 ans et diplômé d’Oxford, le Dr Bawumia a été vice-président sous Akufo-Addo pendant huit ans. La seule femme candidate était Nana Akosua Sarpong Frimpomaa. Les ghanéens étaient également appelés à élire des députés dans 275 circonscriptions. Samedi 7 décembre, les bureaux de vote étaient ouverts entre 07h00 et 17h00 GMT. L'inflation, le chômage élevé et une économie en difficulté, qui ont alimenté le mécontentement, en particulier chez les jeunes électeurs, ont accompagné en toile de fond cette campagne.

Le retour au pouvoir de John Mahama

A 66 ans, John Mahama fait un retour glorieux au pouvoir. Il a été président pendant quatre ans et demi à partir de 2012, avant de perdre les élections de 2016. Sa présidence fut entachée de fréquentes coupures de courant. Il était passé à l’opposition, avant que ses compatriotes ne jettent de nouveau leur dévolu sur lui. Les résultats du scrutin de samedi l’ont annoncé vainqueur dimanche et Mahamudu Bawumia a reconnu sa défaite.

Alors que l’économie du pays est en difficulté, l’ancien et nouveau président a promis une «réinitialisation urgente» pour le pays. Durant la campagne électorale, il avait souligné la nécessité pour le pays d’avoir un dirigeant expérimenté. Malgré les difficultés qui ont marqué son précédent mandat présidentiel, son attrait réside dans son leadership pendant des périodes plus stables et sa promesse de changement urgent. Sa promesse d’une approche plus équilibrée pour s’attaquer aux problèmes économiques, tels que la lutte contre le chômage et les effets de l’exploitation minière illégale de l’or, a trouvé un écho auprès de ceux qui sont frustrés par l’administration actuelle.

Elections générales au Ghana, samedi 7 décembre 2024.
Elections générales au Ghana, samedi 7 décembre 2024.

Coût élevé de la vie, inflation, chômage des jeunes, environnement, exploitation minière illégale

Les préoccupations économiques sont actuellement le problème dominant, avec la hausse du coût de la vie, l’inflation et la pauvreté qui touchent des millions de Ghanéens. Bawumia, qui a été vice-président pendant la crise économique la plus grave du pays ces dernières années, a été critiqué pour sa gestion de l’économie. Alors que le NPP a vanté ses progrès vers la transformation économique, le parti a eu du mal à convaincre les électeurs que les difficultés actuelles sont temporaires. Le chômage des jeunes et la migration sont également des facteurs importants, de nombreux jeunes Ghanéens cherchant des opportunités à l’étranger. Les questions environnementales, en particulier l’exploitation minière illégale (galamsey), sont un autre sujet de discussion majeur.

Des recommandations des évêques ghanéens

Dans un communiqué publié à l’issue de leur assemblée plénière annuelle du 11 au 15 novembre, les membres de la Conférence des évêques catholiques du Ghana (GCBC) ont appelé à une action décisive pour lutter contre l’exploitation minière illégale et la destruction de l’environnement dans le pays. Les évêques ont exhorté le gouvernement à appliquer rigoureusement les lois, soulignant l’importance de tenir les mineurs illégaux responsables et de veiller à ce que personne, y compris les organismes de réglementation, ne soit au-dessus de la loi. Ils ont mis en garde contre toute ingérence du gouvernement dans les opérations des organismes de réglementation et ont souligné la nécessité de vigilance, d’intégrité et d’une gouvernance sans corruption pour préserver l’environnement. Les prélats ont également appelé les chrétiens à s’opposer à l’exploitation minière illégale, à rejeter les dons provenant de sources douteuses et à adhérer à des normes éthiques, sous peine de sanctions pour les catholiques impliqués dans de telles activités.


Le retour d’un «leadership plus expérimenté»

Comme le notent de nombreux observateurs, la victoire de John Mahama et du NDC signifient probablement un retour à un «leadership plus expérimenté», avec pour objectif de relever les défis économiques du pays et d’apporter un changement significatif au Ghana. Le nouveau président va certainement adopter des changements de politique pour revitaliser l'économie, lutter contre le chômage et mettre en œuvre des réglementations plus strictes sur l'exploitation minière illégale de l'or, ainsi que l'annulation de plusieurs taxes auxquelles la population ghanéenne s'oppose, notamment une taxe électronique controversée imposée sur les transactions financières numériques.

En 2024, trois pays africains ont réussi des transitions politiques pacifiques

Avec ce scrutin réussi, le Ghana est le troisième pays africain à avoir eu des élections pacifiques au cours de l’année 2024. Le Botswana avait donné le ton début novembre, en élisant l’avocat et opposant Duma Boko. Fin novembre, la Namibie a élu la première femme présidente de son histoire, Netumbo Nandi-Ndaitwah, qui était vice-présidente du régime sortant. Malgré que l’opposition avait dénoncé quelques irrégularités et cafouillages obligeant à prolonger le vote, de plusieurs jours, le scrutin s’est achevé dans le calme.

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09 décembre 2024, 14:27