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Dans les rues d'Alep le 13 décembre, un rassemblement pour célébrer le départ de Bachar al-Assad. Dans les rues d'Alep le 13 décembre, un rassemblement pour célébrer le départ de Bachar al-Assad.  (AFP or licensors)

Les espoirs de l’archevêque maronite d’Alep pour la Syrie

Mgr Joseph Tobji a des mots d'espoir pour le pays en transition politique et rappelle que les chrétiens veulent apporter leur contribution à la construction d'un État civil ouvert à tous.

Cecilia Seppia - Cité du Vatican

Un calme relatif règne en Syrie après la succession d'événements qui ont conduit en quelques jours à la chute de Bachar al Assad et qui ont vu des dizaines de milliers de personnes descendre dans la rue pour célébrer la fin d'un régime en place depuis 54 ans, mais parler de paix semble encore prématuré.

Rien qu'au cours des dernières 48 heures, l'armée israélienne a effectué 75 raids sur le pays du Moyen-Orient, avec l'intention déjà déclarée de démilitariser le territoire syrien. Des raids qui ont suscité la condamnation de l'Iran et de la Turquie et la demande de Moscou à Tel-Aviv de quitter immédiatement le plateau du Golan.

Il est urgent de pacifier le pays

Dans un entretien accordé aux médias du Vatican, l'archevêque d'Alep des maronites revient sur la nécessité pour toutes les composantes du pays de faire des efforts pour la stabilisation de la Syrie. «Du point de vue de la sécurité, a-t-il déclaré, c'est assez calmes pour nous maintenant, il y a encore des combats et de la violence, mais pas ici à Alep. Il y a des actes de violence mais ils sont isolés, peut-être que Damas est la ville la plus touchée».

Puis de déplorer la circulation des armes dans le pays, également parmi les enfants, «voir des enfants brandir des fusils est terrible. Je sais qu'avec d'autres milices en Syrie, les Hayat Tahrir al-Cham (HTC) passent des accords, notre espoir est que cela se termine pacifiquement, qu'ils trouvent cet accord, mais nous ne pouvons toujours pas parler d'un pays sûr et pacifique.»

En ce qui concerne les promesses faites par le groupe HTC, Mgr Joseph Tobji a noté que les mots jusqu'à présent «donnent de l'espoir» et que pour l'instant «les actes suivent aussi les mots». «Ils nous traitent bien, a-t-il déclaré, de manière respectueuse et je tiens à dire qu'il n'y a aucune forme de persécution. Leur premier principe, et ils nous l'ont dit à plusieurs reprises, est de laisser les choses en l'état, sans changements majeurs dans la vie sociale, ni impositions. J'ai beaucoup d'espoir pour l'avenir de la Syrie», a ajouté l'évêque maronite d'Alep, restant toutefois prudent, «pour l'instant, je ne peux être ni trop optimiste ni trop pessimiste, nous devons avancer prudemment et observer au jour le jour ce qui se passe.»

Construire un pays civilisé et démocratique

MgrTobji exhorte les chrétiens à s'impliquer dans cette nouvelle phase pour la Syrie: «C'est maintenant à nous, chrétiens syriens, de jouer notre rôle dans la vie politique et sociale, nous ne voulons pas être considérés comme des seconds rôles, nous voulons qu'ils nous considèrent comme des partenaires, comme ils le disent.»

“Ce que nous devons faire dans l'immédiat, c'est jeter les bases de la construction d'un État civil et d'une politique ouverte, tournée vers le bien, avec des principes qui respectent tout le monde, mais nous, les chrétiens, devons apporter notre contribution et je crois même que nous sommes appelés à être l'aiguille de la balance de cette nouvelle politique”

La mission de l'Église: être proche des gens

Mgr Tobji a également tenu à remercier les évêques européens pour leur soutien, leur solidarité et leur proximité, exprimés dans une lettre de la Comece signée par Mgr Mariano Crociata, face à ce moment que vit toute la Syrie. «Il est important que nous ne nous sentions pas seuls et nous remercions également le Pape pour ses appels à une transition ordonnée et pacifique du pouvoir. La Syrie s'en sortira, nous sommes un peuple résilient, nous avons traversé 13 ans de guerre civile, mais aussi des tremblements de terre, le coronavirus, la famine. Je ne veux pas dire que nous sommes habitués aux catastrophes, car il est impossible de s'y habituer, mais la foi ne nous abandonne pas, nous sommes certains que Dieu est avec nous.»

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17 décembre 2024, 15:42