Image aérienne sur le village de François. Crédit : association Le Village de François. Image aérienne sur le village de François. Crédit : association Le Village de François.  

Dans les Villages de François, «les personnes fragiles sont une chance»

Entre les murs de l’abbaye Sainte-Marie du désert ou du château d’Audaux dans le sud-ouest de la France, les Villages de François proposent une approche intégrale pour aider les plus fragiles à reprendre la main. Les instigateurs de cette aventure humaine ont été reçus lundi 16 décembre par le Pape François au Vatican.

Marine Henriot – Cité du Vatican

Vivre-ensemble, activité économique et écologie intégrale. Tels sont les trois piliers des Villages de François, des lieux de vie partagée entre personnes fragiles. Le premier a ouvert ses portes dans l’abbaye Sainte-Marie du désert dans le Midi toulousain après le départ des frères trappistes en 2020 puis, deux ans plus tard, a ouvert celui d’Audaux dans la région de Pau et un troisième pourrait naître bientôt en Normandie.

Aux villages, «nous voyons des personnes qui se réveillent, qui se révèlent, qui se remettent debout, en route», raconte Etienne Villemain le directeur général, à sa sortie d’audience avec le Pape François le lundi 16 décembre, citant l’exemple d’un jeune garçon «foutu à la porte par ses parents», qui a rejoint l’abbaye après avoir vécu à la rue. «Il a repris confiance en lui. Il est devenu responsable d'appartement, il a trouvé un CDI chez nous et puis là il est reparti pour débuter un nouvel emploi à l'extérieur». À ses côtés, son acolyte Jérôme Dhutoit, président de l’association, cite le parcours d’une jeune femme prostituée alors qu’elle était mineure, aujourd’hui en train de se reconstruire dans un village.

Un ouvrier dans un des villages de François
Un ouvrier dans un des villages de François

Une approche intégrale est indispensable, rappelle Etienne Villemain, «si l’on donne un emploi à quelqu’un qui n’a pas de logement, il ne peut pas durer dans le travail. Si l’on donne un logement à quelqu’un qui n’a pas de relation humaine, il va se sentir délaissé et sera malheureux», «il faut tout un écosystème pour prendre soin du plus fragile».   

Un lieu de mixité

Dans les pierres de l’abbaye Sainte-Marie du désert ou plus récemment du château d’Audaux, les différents blessés de la vie se rencontrent, cohabitent, et grandissent ensemble. «Ces sont des lieux de mixité, tous les pauvres dont parle l'Évangile, les gens qui se sentent mis sur le bas-côté du chemin» sont accueillis, commente Etienne Villemain, également co-fondateur de l’association pour l’amitié et des colocations solidaires Lazare.

Aujourd’hui, l’association procure un emploi à 35 personnes, dans le domaine du maraichage, de l’hôtellerie, de la miellerie mais aussi de la recyclerie ou à l’atelier de poule pondeuse. Ceux qui arrivent dans un village savent qu’ils peuvent y rester le temps nécessaire, de quelques semaines à quelques années, pour ensuite se réinsérer dans la société française. «Il n’y a pas la pression du système social français, commente l’un des responsables, nous leur disons tu viens le temps que tu veux, tant que tu respectes la règle, tant que tu sens que tu es en croissance.»

Les villages sont des lieux de mixité ouverts à tous
Les villages sont des lieux de mixité ouverts à tous

Le premier village dans le Midi toulousain ouvert il y a quatre ans accueille actuellement 90 personnes, avec l’objectif d’en accueillir 120 et celui d’Audaux, une vingtaine de résidents. Chacun participe aux travaux de rénovations et de maintien des lieux.

Un lieu ouvert

Pour autant, les Villages de François ne vivent pas en vase clos, mais en pleine harmonie avec les populations environnantes pour un vivre-ensemble dans et en dehors des lieux d’accueils. Ainsi, des personnes bipolaires ou qui sortent d’addiction rencontrent, lors de moments de convivialités, des enfants et familles «qui vont bien».

«Le bonheur, ça ne veut pas dire que tout est facile, note Etienne Villemain, parfois il y a des moments difficiles, des gens qui claquent la porte, mais nous en voyons beaucoup qui se remettent debout». Le directeur qui profite du moment de Noël pour lancer un appel aux dons afin de pouvoir permettre au plus grand nombre de se reconstruire.

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17 décembre 2024, 12:22