Homélie à Sainte-Marthe: la foi se transmet avec le courage de la vérité
Samuel Bleynie – Cité du Vatican
Commentant la seconde lettre de saint Paul à Timothée (2 Tm 1,1-8), où l’apôtre évoque la «foi sans détours» de son disciple, François a souligné la «folie» de la prédication de Paul, qui lui permet de convertir Timothée. Certes, cette conversion ne se fait pas sans douleur, en témoignent les «larmes» de Timothée. Mais c’est justement parce que «Paul n’adoucit pas sa prédication de semi-vérités», qu’il devient le père de Timothée.
La bonne «folie» de la prédication
«La prédication donne une “gifle”, insiste le Pape, s’excusant d’utiliser ce dernier mot. C’est une gifle, une gifle qui t’émeut et te fait aller de l’avant. Et Paul, lui-même, parle de “la folie de la prédication.”».
Dire que Dieu s’est fait homme, a été crucifié, et est ressuscité, «c’est une folie», insiste le Saint-Père, notant le scepticisme auquel a pu faire face saint Paul à Athènes lorsqu’il annonçait la Bonne nouvelle. Ce «grain de folie» de la prédication contraste avec la «médiocrité» de la tentation et du faux bon sens, caractéristiques d’une foi «tiède».
Témoigner, ne pas calomnier
Deuxième mot-clé selon le Pape: le témoignage, qui donne force aux paroles. «Mais comme ils s’aiment», disait la foule en parlant des premiers disciples, reconnaissant dans cet amour leur appartenance chrétienne. Aujourd’hui, au contraire, un visiteur d’une quelconque paroisse s’exclamerait, «comme ils s’écorchent», déplore le Saint-Père.
«La langue est un couteau pour écorcher l’autre! Et comment peux-tu transmettre la foi avec un air aussi pollué de potins, de calomnies?», s’interroge-t-il. À l’inverse, le témoignage dans les pas de Jésus –ne pas dire du mal des autres, faire des œuvres de charité, visiter des malades– interpelle. «C’est là que se transmet la fois», selon François, dans cette interrogation sur les origines des bonnes actions.
Le rôles des femmes
Enfin, la foi se transmet dans le giron maternel «parce que l’Église est mère», et que sa maternité se prolonge dans celle de toutes les mamans, des femmes. Pour illustrer cette transmission, le Pape raconte l’histoire d’une sœur albanaise qu’il a connue. En prison durant la dictature, elle profitait de ses rares sorties pour marcher le long d’un fleuve. Dans l’eau de ce fleuve, elle baptisait alors, à l’insu de ses gardes, les enfants que lui portaient en secret les femmes des alentours. «Un bel exemple», salue le Pape.
En conclusion François s’interroge sur l’actualité de cette transmission de la foi par les mères et les grand-mères, comme ce fut le cas pour Timothée dans le passé. Il fait part de sa «tristesse» de voir des enfants ne pas savoir faire le signe de croix, faute d’une mère ou d’une grand-mère pour leur apprendre. Le Saint-Père interroge également la préparation au mariage, se demandant si l’on informe les futurs mariées qu’elles devront transmettre la foi à leurs enfants.
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