Homélie à Sainte-Marthe: attention à ne pas préférer «l’idéologie à la foi»
Adriana Masotti - Cité du Vatican
La première lecture du jour, tirée du livre du prophète Jonas, fait suite à celle commencée hier, qui décrit la relation conflictuelle entre Dieu et Jonas lui-même. Dieu parle à nouveau à Jonas, et cette fois-ci ce dernier obéit: il se rend à Ninive, les habitants croient en sa parole et veulent se convertir, à tel point que Dieu «se repent du mal qu'il a menacé de leur faire, et ne l'a pas fait». «Le Jonas têtu, parce que c'est l'histoire d'un Jonas têtu, le Jonas têtu a bien fait son travail, a commenté François, puis il est parti». Mais Jonas blâme le Seigneur, parce qu’Il lui semble trop miséricordieux: Dieu a accompli le contraire de ce qu’Il avait menacé de faire par la bouche même du prophète.
Un cœur endurci face à la Miséricorde de Dieu
Alors Jonas sort de la ville, construit une hutte et attend de voir ce que fera le Seigneur. Le prophète espérait que Dieu détruirait la ville. Le Seigneur fait alors pousser une plante de ricin près de lui, pour lui faire de l'ombre. Puis Il fait en sorte que ce ricin sèche et meure. Jonas est alors à nouveau indigné contre Dieu. «Toi, tu as pitié de ce ricin, qui ne t’a coûté aucun travail et que tu n’as pas fait grandir, qui a poussé en une nuit, et en une nuit a disparu. Et moi, comment n’aurais-je pas pitié de Ninive, la grande ville (…) ?»,fait alors remarquer le Seigneur. On assiste à un dialogue «entre deux obstinés», a fait remarquer le Pape.
«Jonas est obstiné, car convaincu de par sa foi, et le Seigneur est obstiné dans sa miséricorde: Il ne nous quitte jamais, Il frappe à la porte de notre cœur jusqu'au bout, il est là. Jonas est têtu parce qu'il conçoit sa foi avec des conditions; Jonas est le modèle de ces chrétiens “à condition que”, des chrétiens avec des conditions», a expliqué François. «“Non, non, ces changements ne sont pas chrétiens”, “C'est une hérésie”, “Ça, ça ne va pas”... Des chrétiens qui conditionnent Dieu, qui conditionnent la foi et l’action de Dieu», a-t-il poursuivi.
Une étroitesse qui conduit à l’idéologie
En posant ainsi des conditions, bien de chrétiens «s'enferment dans leurs propres idées et finissent dans l'idéologie: c'est le mauvais chemin, qui va de la foi à l'idéologie», a mis en garde le Saint-Père. «Et aujourd'hui il y en a tant» de ces chrétiens qui ont peur «de grandir, des défis de la vie, des défis du Seigneur, des défis de l'Histoire», qui restent attachés à «leurs convictions, dans leurs premières convictions, dans leurs propres idéologies». Ils «préfèrent l'idéologie à la foi» et s'éloignent de la communauté, ils «ont peur de se mettre entre les mains de Dieu et préfèrent tout juger, mais à partir de la petitesse de leur cœur», a déploré François.
Le Pape a enfin évoqué «les deux figures de l'Église, aujourd'hui: l'Église des idéologues qui s'accroupissent dans leurs propres idéologies, là, et l'Église qui montre le Seigneur s’approchant de toutes les réalités, qui n'est pas dégoûté: les choses ne dégoûtent pas le Seigneur, nos péchés ne le dégoûtent pas, Il se fait proche comme Il s’est approché pour caresser les lépreux, les malades». « Il est venu pour guérir, Il est venu pour sauver, et non pour condamner», a souligné François en conclusion de son homélie.
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