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Le Pape prie pour les prêtres et les médecins morts auprès des victimes de coronavirus

Au cours de la messe matinale à Sainte-Marthe, le Pape a remercié les médecins, les infirmières et les prêtres qui s'occupent des malades du coronavirus : un exemple d'héroïsme. Dans son homélie, il a mis en garde contre le péché de paresse.

Lors de la messe ce mardi matin à Sainte-Marthe, le Pape a prié pour le personnel médical et les prêtres qui s'occupent des patients atteints de coronavirus, mettant ainsi leur vie en danger. À ce jour, 24 médecins sont morts dans le cadre de leur travail aux côtés de ceux qui ont été touchés par le Covid-19. Près de cinq mille travailleurs de la santé sont infectés. Une cinquantaine de prêtres sont morts des suites de cette épidémie. Voici les mots qu'il a prononcés au début de la célébration:

«J'ai appris que ces jours-ci, certains médecins, prêtres, peut-être certaines infirmières ont été infectés, parce qu'ils étaient au service des malades. Nous prions pour eux, pour leurs familles, et je remercie Dieu pour l'exemple d'héroïsme qu'ils nous donnent dans le traitement des malades».

Dans son homélie, François, commentant l'Évangile (Jn 5, 1-16) dans lequel Jésus guérit un malade à la piscine de Bethzatha, souligne le danger d'un péché particulier : l'acédie.

Vous trouverez ci-dessous le texte de l'homélie selon l'une de nos transcriptions :

«La liturgie d'aujourd'hui nous fait réfléchir sur l'eau, l'eau comme symbole de salut, parce qu'elle est un moyen de salut, mais l'eau est aussi un moyen de destruction : nous pensons au Déluge ... Mais dans ces lectures, l'eau est pour le salut. Dans la première lecture, cette eau qui donne la vie, qui assainit les eaux de la mer, une nouvelle eau qui guérit. Et dans l'Évangile, la piscine, cette piscine où les malades allaient, pleine d'eau, pour se guérir, car il était dit que de temps en temps les eaux se mouvaient, comme un fleuve, parce qu'un ange descendait du ciel pour les faire bouger, et le premier, ou la première, qui se jetait à l'eau était guéri. Et beaucoup - comme le dit Jésus - beaucoup de malades, "gisaient en grand nombre  des aveugles, des boiteux, des paralysés", là, attendant la guérison, le mouvement de l'eau.

Il y avait un homme qui était malade depuis 38 ans. 38 ans là-bas, à attendre le remède. Ça fait réfléchir, n'est-ce pas ? C'est un peu trop ...  Jésus, le voyant allongé là, et connaissant la réalité, qu'il était là depuis longtemps, lui dit : "Tu veux guérir ? Et la réponse est intéressante : il ne dit pas oui, il se plaint. A propos de la maladie ? Non. Le malade répondit : "Seigneur, je n'ai personne pour me plonger dans la piscine quand l'eau s'agite. Alors qu'en fait je suis sur le point d'y aller - je suis sur le point de prendre la décision d'y aller - un autre descend avant moi". Un homme qui arrive toujours en retard. Jésus lui dit : "Lève-toi, prends le brancard et marche". Cet homme s'est immédiatement remis.

Cela nous fait réfléchir, l'attitude de cet homme. Était-il malade ? Oui, il était peut-être paralysé, mais il semble qu'il pouvait marcher un peu. Mais il était malade dans son cœur, il était malade dans son âme, il était malade de pessimisme, il était malade de tristesse, il était malade de paresse. C'est la maladie de cet homme : "Oui, je veux vivre, mais...", il se tenait là. Mais la réponse est : "Oui, je veux être guéri !"? Non, il se plaint : "Ce sont les autres qui viennent en premier, toujours les autres". La réponse à l'offre de Jésus de guérir est une plainte contre les autres. Et donc, 38 ans, se plaignant des autres. Et ne rien faire pour guérir.

C'était un samedi : nous avons entendu ce que les docteurs de la loi ont fait. Mais la clé, c'est la rencontre avec Jésus après. Il le trouva dans le Temple et lui dit : "Voici que tu es guéri. Ne pèche plus, afin qu'il ne t'arrive pas quelque chose de pire". L'homme était dans le péché, mais il n'était pas là parce qu'il en avait fait un gros, non. Le péché de survivre et de se plaindre de la vie des autres : le péché de la tristesse qui est la semence du diable, de cette incapacité à prendre une décision sur sa propre vie, mais oui, regarder la vie des autres pour se plaindre. Pas pour les critiquer : pour se plaindre. "Ils y vont en premier, je suis la victime de cette vie" : les plaintes, ils respirent les plaintes, ces gens.

Si nous faisons une comparaison avec l'aveugle de naissance que nous avons entendu dimanche dernier : avec quelle joie, avec quelle décision il a accueilli la guérison, et aussi avec quelle décision il est allé discuter avec les docteurs de la loi ! Il est juste allé les informer : "Oui, c'est ça". C'est tout. Sans compromis avec la vie... Cela me fait penser à tant d'entre nous, tant de chrétiens qui vivent dans cet état de paresse, incapables de faire autre chose que de se plaindre de tout. Et l'acédie est un poison, c'est une brume qui entoure l'âme et ne la fait pas vivre. Et aussi, c'est une drogue parce que si vous la goûtez souvent, vous l'aimez. Et on finit par être un "triste drogué", un "paresseux" ... C'est comme l'air. Et c'est un péché assez habituel chez nous : la tristesse, l'acédie, je ne veux pas dire la mélancolie, mais cela s'en rapproche.

Cela nous fera du bien de relire ce chapitre 5 de Jean pour voir à quoi ressemble cette maladie dans laquelle nous pouvons tomber. L'eau est là pour nous sauver. "Mais je ne peux pas me sauver" - "Pourquoi ?" - "Parce que les autres sont à blâmer". Et j'y reste 38 ans... Jésus m'a guéri : ne voyez-vous pas la réaction des autres qui sont guéris, qui prennent le brancard et dansent, chantent, rendent grâce, le disent au monde entier ? Non, ça continue. Les autres lui disent que cela ne doit pas se faire, il dit : "Mais ce qui m'a guéri, il a dit oui", et il continue. Et puis, au lieu d'aller voir Jésus, de le remercier, il leur dit : "C'était ça". Une vie grise, mais grise de ce mauvais esprit qu'est la paresse, la tristesse, la mélancolie.

Pensons à l'eau, à cette eau qui est un symbole de notre force, de notre vie, l'eau que Jésus a utilisée pour nous régénérer, le baptême. Et pensons aussi à nous, si l'un de nous a le danger de glisser sur cet acédie, sur ce péché de neutralité : le péché de neutralité est celui-ci, ni blanc ni noir, on ne sait pas ce que c'est. Et c'est un péché que le diable peut utiliser pour anéantir notre vie spirituelle et aussi notre vie en tant que peuple.

Que le Seigneur nous aide à comprendre à quel point ce péché est laid et mauvais.

Le Saint-Père a terminé la célébration par une adoration et une bénédiction eucharistique, nous invitant à faire la communion spirituelle. Voici la prière récitée par le Pape :

«Mon Jésus, je crois que tu es vraiment présent dans le Saint-Sacrement de l'autel. Je t'aime par-dessus tout et te désire dans mon âme. Puisque je ne peux pas te recevoir sacramentellement maintenant, viens au moins spirituellement dans mon cœur. Comme je suis déjà venu, je t'embrasse et tout m'unit à Toi. Ne laisse jamais cela me séparer de Toi.»

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24 mars 2020, 08:35
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