Lettre du Pape François au Patriarche Bartholomée: l'urgence de croître vers une «communion pleine et visible»
Par Cyprien Viet
Alors que le 29 juin, fête des Saints Pierre et Paul, donne toujours lieu à la venue à Rome d’une délégation du Patriarcat de Constantinople, cette date du 30 novembre donne toujours lieu à la visite d’un représentant du Saint-Siège au Phanar, siège du Patriarcat, à Istanbul. En novembre 2014, c’est le Pape François en personne qui était venu, tout comme Benoît XVI en 2006. Cette année la délégation est conduite par le cardinal Kurt Koch, président du Conseil pontifical pour la promotion de l’Unité des chrétiens.
Bien que « loin de Rome » en raison de sa Visite pastorale en Birmanie et au Bangladesh, le Pape réaffirme son souci de préserver la solidarité spirituelle et la fraternité entre les successeurs de Pierre et André. Il évoque la prière de la Divine Liturgie «pour ceux qui voyagent par terre, air et mer», invitant ainsi les orthodoxes à prier pour la réussite de son voyage en Asie.
«Les apôtres ont proclamé jusqu’aux confins de la terre, avec leurs paroles et le sacrifice de leurs vies, ce qu’ils ont eux-mêmes vu, écouté et expérimenté : la Parole de la Vie, notre Seigneur Jésus-Christ, mort et ressuscité pour notre salut. Faire nôtre cette annonce nous permet d’entrer en communion avec le Père, à travers le Fils, dans le Saint-Esprit, qui est le fondement même de la communion qui unit déjà les baptisés au nom de la Très Sainte Trinité. Catholiques et orthodoxes, en professant ensemble les dogmes des sept premiers conciles œcuméniques, en croyant dans l’efficacité de l’eucharistie et des autres sacrements, et en préservant la succession apostolique du ministère des évêques, expérimentent déjà une profonde proximité les uns avec les autres», rappelle le Pape François, citant le document conciliaire Unitatis Redintegratio. «Nous reconnaissons qu’il est urgent de croître vers une communion pleine et visible», insiste-t-il.
Le Pape rappelle par ailleurs que cette année a été commémoré le 50e anniversaire de la visite du Paul VI au Phanar, où il avait rencontré le Patriarche Athénagoras. François appelle à un renforcement du dialogue théologique, estimant que «le consensus atteint par les catholiques et par les orthodoxes sur certains principes théologiques fondamentaux qui régulent le rapport entre primauté et synodalité dans la vie de l’Église au premier millénaire peut servir à évaluer, aussi d’une façon critique, certaines catégories et pratiques théologiques qui se sont développées au cours du deuxième millénaire, en conformité à ces principes. Un tel consensus peut permettre de prévoir une façon commune de comprendre l’exercice du ministère de l’évêque de Rome, dans le contexte de la synodalité et au service de la communion de l’Église dans le contexte actuel. Cet objectif délicat doit être poursuivi dans un climat d’ouverture réciproque et surtout, d’obéissance aux demandes que l’Esprit Saint fait à l’Église», détaille-t-il.
François conclut sa lettre à son «cher frère en Christ» en saluant son engagement sur le plan international pour la défense de l’environnement, ainsi que pour la «coexistence pacifique entre les peuples de cultures et traditions religieuses différentes, et la présence des chrétiens au Moyen-Orient». Le Pape affirme que l’engagement du Patriarche de Constantinople dans ces domaines est «une source d’inspiration, de soutien et d’encouragement» pour lui-même personnellement, et les présente comme des thèmes sur lesquels «orthodoxes et catholiques peuvent déjà travailler ensemble sans attendre le jour de la pleine et visible communion».
François échange enfin «une fraternelle étreinte de paix» avec le Patriarche Bartholomée, «avec des sentiments d’affection chaleureuse» et «un souvenir continu dans la prière».
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