Vœux de Noël : François rappelle à la Curie son rôle envers l’extérieur
Xavier Sartre - Cité du Vatican
Après avoir partagé ses réflexions sur la Curie romaine ad intra, le Pape a voulu cette année parler de la Curie ad extra, c’est-à-dire sur «le rapport de la Curie avec les nations, avec les Églises particulières, avec les Églises orientales, avec le dialogue œcuménique, avec le judaïsme, avec l’islam et les autres religions, autrement dit avec le monde extérieur».
Ce discours est aussi l’occasion pour François de revenir sur la réforme qu’il a entreprise depuis son élection. Cette réforme, il l’a comparée à ce que disait au XIXème siècle Mgr de Mérode : «Faire des réformes à Rome, c’est comme nettoyer le Sphinx d’Egypte avec une brosse à dent». Manière de dire qu’il faut de «la patience, du dévouement et de la délicatesse» pour atteindre un tel objectif car «la Curie est une institution ancienne, complexe, vénérable, composée par des hommes provenant de cultures, de langues et de constructions mentales différentes et qui, structurellement et depuis toujours, est liée à la fonction de primatie de l’évêque de Rome dans l’Église».
La Curie romaine au service de l'Église universelle
La Curie romaine, en tant qu’assistante du Pape, a elle aussi un caractère universel. C’est dire, estime François, si une «Curie refermée sur elle-même, trahirait l’objectif de son existence et tomberait dans l’autoréférentialité, se condamnant à l’autodestruction». La Curie se doit d’être les yeux, les oreilles et la bouche du Pape. Autant de sens qui la mettent en contact avec l’extérieur dans la perspective d’un «primat diaconal» qui doit caractériser tous ceux qui œuvrent dans le domaine de la Curie romaine. Tous ses membres doivent avoir comme relation celle de «communion d’obéissance filiale pour le service au saint peuple de Dieu».
Cette attention à ce qui est dehors permet de «dépasser cette logique déséquilibrée et dégénérative des complots ou des petits cercles qui, en réalité, représentent – malgré toutes leurs justifications et leurs bonnes intentions – un cancer qui porte à l’autoréférentialité, qui s’infiltre même dans les organismes ecclésiastiques en tant que tels, et en particulier dans les personnes qui y travaillent».
Ne pas trahir la confiance
Le Pape poursuit et insiste, évoquant un autre danger, celui des «traîtres de la confiance ou des profiteurs de la maternité de l’Église, ces personnes qui sont sélectionnées soigneusement pour donner une plus grande vigueur au corps et à la réforme, mais – ne comprenant pas la hauteur de leur responsabilité – se laissent corrompre par l’ambition ou par la vaine gloire et, quand elles sont délicatement éloignées, s’auto-déclarent de manière erronée, martyrs du système, du “Pape pas informé”, de la “vieille garde”, au lieu de réciter un “mea culpa”».
Après cette charge, François rappelle que les dicastères de la Curie romaine «sont appelés à être dans l’Église comme de fidèles antennes sensibles : émettrices et réceptrices». Émettrices car elles doivent «transmettre fidèlement la volonté du Pape et des supérieurs», et réceptrice car elles doivent recevoir «les requêtes, les questions, les demandes, les cris, les joies et les larmes des Églises et du monde afin de les transmettre à l’évêque de Rome».
C’est pourquoi, conclut le Pape, il est «nécessaire, et même indispensable, de pratiquer le discernement des signes du temps, la communion dans le service, la charité dans la vérité, la docilité envers l’Esprit et l’obéissance confiante envers les supérieurs».
Les rapports avec les nations
La diplomatie du Saint-Siège est au «service de l’humanité et de l’Homme», rappelle François. Son unique intérêt est donc d’être «libre de tout intérêt mondain ou matériel». C’est pour mieux assurer ce service que le Pape a institué la Troisième section de la Secrétairerie d’État, afin de «démontrer l’attention et la proximité du Pape et des supérieurs de la Secrétairerie d’État au personnel diplomatique ainsi qu’aux religieux et religieuses, aux laïcs et aux laïques qui travaillent dans les représentations pontificales». Cette nouvelle section a pour tâche de s’occuper des questions concernant tous les membres du personnel diplomatique en étroite collaboration avec la Section pour les Affaires générales et celle des Rapports avec les États.
Les rapports avec les Églises particulières et orientales
Le Pape François est très attentif aux relations entre le Siège de Pierre et les diocèses et les éparchies. C’est pourquoi, à l’occasion des visites ad limina, il a voulu rompre avec le protocole jusqu’à présent en vigueur en ayant «un dialogue basé sur l’écoute réciproque, libre, réservé, sincère».
Abordant l’organisation du prochain synode des évêques consacré aux jeunes, François a précisé ce qu’il en attendait : ne pas se contenter de regarder ces jeunes mais se concentrer sur le thème des relations intergénérationnels, la famille, les milieux de la pastorale, la vie sociale.
Concernant les Églises orientales, «exemple concret de la richesse dans la diversité pour toute l’Église», le Pape a souligné «l’importance d’approfondir et de réviser la délicate question de l’élection des nouveaux évêques et éparques qui doit correspondre, d’une part, l’autonomie des Églises orientales, et d’autre part, à l’esprit de responsabilité évangélique et au désir de renforcer toujours plus l’unité avec l’Église catholique».
Le dialogue œcuménique et interreligieux
En matière de dialogue avec les autres Églises chrétiennes, «la Curie œuvre pour favoriser la rencontre avec le frère, pour dénouer les nœuds d’incompréhension et d’hostilité, et pour combattre les préjugés et la peur de l’autre qui ont empêché de voir la richesse de, et dans, la diversité et la profondeur du Mystère du Christ et de l’Église qui reste toujours plus grand que n’importe quel expression humaine».
Quant au dialogue interreligieux, il se base sur l’enseignement du Concile Vatican II et sur la nécessité du dialogue.
Avant de conclure, le Pape François a expliqué que «Noël nous rappelle qu’une foi qui ne se met pas en crise est une foi en crise ; une foi qui ne se fait pas grandir est une foi qui doit grandir ; une foi qui ne nous interroge pas est une foi sur laquelle nous devons nous interroger ; une foi qui ne nous anime pas est une foi qui doit être animée ; une foi qui ne nous bouleverse pas est une foi qui doit être bouleversée».
Merci d'avoir lu cet article. Si vous souhaitez rester informé, inscrivez-vous à la lettre d’information en cliquant ici