Veillée mariale de Trujillo: le plaidoyer du Pape François pour toutes les femmes du Pérou
Olivier Bonnel-envoyé spécial au Pérou
« Nous sommes réunis aujourd’hui pour nous retrouver avec la ‘‘Petite Mère de Otzuco’’», a dit le Pape avec affection, en évoquant cette Vierge de la Porte, placée sur la tribune installée pour cette veillée, devant la cathédrale. «Sur cette place, on veut faire trésor de la mémoire d’un peuple qui sait que Marie est Mère et qu’elle n’abandonne pas ses enfants», a t-il expliqué, en reprenant cette thématique de la mère protectrice qu’il a notamment évoqué en Amazonie.
Le Pape a également salué les autres images et statues de Vierges ou de saints qui avaient également été portés en procession jusqu’au centre de Trujillo, comme Notre-Dame de Grandes Grâces de Huamachuco, la Vierge de l’Assomption d’Usquil ou encore les reliques des Martyrs Conventuels de Chimbote, ville située sur la côte pacifique, au sud de Trujillo. Au total elles étaient quarante à avoir rejoint le centre de Trujillo ces derniers jours, chacune portée avec ferveur par les peuples de ses villes et villages alentour.
«Chaque communauté, chaque petite localité de ce territoire est assistée par le visage d’un saint, par l’amour pour Jésus Christ et pour sa Mère», a rappelé le Saint-Père, insistant sur ce terme de communauté: «là où il y a de la vie et des cœurs qui battent et qui sont désireux de trouver des raisons pour espérer, pour chanter, pour danser, pour vivre dignement.»
Marie, une mère métisse
François a aussi expliqué combien Dieu se rendait proche de chacun, de manière à ce qu’on puisse le recevoir, «la langue de l’amour de Dieu, c’est toujours un dialecte», a-t-il précisé. C’est dans cette Amérique Latine et plus particulièrement dans ce pays andin qu’est le Pérou que la Vierge manifeste sa proximité selon un mode particulier: en adoptant les traits caractéristiques de ses enfants. Ainsi, a-t-il rappelé, «Marie sera toujours une Mère métisse, parce que dans son cœur tous les sangs trouvent une place».
S’adressant en particulier à la Vierge de la Porte, le Pape l’a déclaré ‘‘Mère de la Miséricorde et de l’Espérance’’. C'est une Vierge qui a montré son amour pour les enfants de cette terre, quand placée sur une porte, elle les a défendus et les a protégés des menaces qui les affectaient, suscitant l’amour de tous les Péruviens jusqu’à nos jours. «Elle nous accompagne et nous conduit jusqu’à la Porte qui donne la Vie, parce que Jésus ne veut que personne reste dehors, à la merci de l’intempérie.»
François est revenu sur l’année jubilaire de la miséricorde qu’il a convoquée il y a deux ans, formulant un vœu pour le Pérou: «que cette terre habitée par la Mère de la Miséricorde et de l’Espérance puisse démultiplier et apporter la bonté et la tendresse de Dieu en tout lieu.»
La violence faite aux femmes
Le Pape a conclu son discours en rendant hommage à d’autres figures maternelles qui marquent l’histoire péruvienne, à savoir les mères et les grand-mères. «Que serait notre vie sans elles! L’amour pour Marie doit nous aider à avoir des
attitudes de reconnaissance et de gratitude envers la femme, envers nos mères et nos grands-mères qui sont un rempart dans la vie de nos cités. Presque toujours silencieuses, elles font avancer la vie.» Le Souverain pontife a enfin dénoncé le fléau du féminicide, qui affecte particulièrement le continent américain. «Il y a de nombreuses situations de violence qui sont étouffées derrière tant de murs», a t-il déploré en invitant à lutter contre cette source de souffrance.
«La Vierge de la Porte, Mère de la Miséricorde et de l’Espérance nous montre le chemin et nous indique la meilleure protection contre le mal de l’indifférence et de l’insensibilité», a-t-il conclu.
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