À Huanchaco, le Pape rappelle que Jésus transforme tout, renouvelle tout, consolide tout
Olivier Bonnel – Envoyé spécial à Lima, Pérou
C’est sur une côte maltraitée par les calamités naturelles, dont les inondations meurtrières d’avril 2017 liées au phénomène El Nino, que le Pape François a célébré cette messe devant 200 000 fidèles venus de tout le nord du Pérou. Dans son homélie, le Pape a d’ailleurs rapproché ce peuple de pécheurs, qui gagnent leur vie sur de frêles bateaux de roseau, aux disciples d’hier.
«Comme les apôtres, vous connaissez la violence de la nature et vous avez subi ses coups. Tout comme eux ont affronté la tempête sur la mer, vous avez été frappés par le terrible coup du phénomène ‘‘El Niño de la côte’’, dont les conséquences douloureuses durent encore dans de nombreuses familles, en particulier chez celles qui n’ont toujours pas pu reconstruire leurs maisons. »
Ces moments d’épreuves font douter de notre foi mais en nous unissant à Jésus, il vient «nous donner la main et nous aider à nous relever». Ces coups, ces chocs, « interpellent», concède le Saint-Père, et nous montrent combien il est important de ne pas être seuls «mais unis, d’être riches de cette union qui est le fruit de l’Esprit Saint». C’est dans ces moments que nous prenons conscience «de ce avec quoi nous avons rempli notre vie». Comme les jeunes filles prévoyantes de l’Évangile du jour, il est important de les remplir avec une huile qui nous permette d’aller de l’avant.
Critique de la violence organisée et du manque de perspectives
Le Pape poursuit ensuite la métaphore maritime pour inviter les fidèles à faire face à l’avenir. «D’autres tempêtes peuvent s’abattre sur ces côtes et avoir des effets dévastateurs sur la vie des enfants de ce pays», note François.
Ces tempêtes ne sont pas que des dérèglements climatiques mais s’appellent violence organisée, «telle que l’assassinat et l’insécurité qu’il provoque»; manque de perspectives éducatives et professionnelles, «en particulier dans les rangs des plus jeunes»; et manque d’un toit sûr pour de nombreuses familles. Ces glissements de terrain «détruisent la confiance mutuelle si nécessaire pour construire un réseau de soutien et d’espérance» et «affectent l’âme».
«Pas de meilleure solution que celle de l’Évangile»
Comment faire, alors, pour affronter ces situations? «il n’y a pas de meilleure solution que celle de l’Évangile», assure François. Car Jésus «transforme tout, renouvelle tout, consolide tout». C’est en lui que réside l’Esprit qui empêche de «rendre naturel ce qui nous fait du mal» et «nous vole l’espérance»; en lui que «nous avons l’Esprit qui nous tient unis pour nous soutenir les uns les autres»; en lui que Dieu fait de nous une communauté croyante «qui aime, car elle ne permet pas que nous croisions les bras».
Sortant de son texte, François a aussi exhorté le pays à ne pas se faire voler son espérance. Une manière à peine voilée d’évoquer la situation politique difficile du pays, lui qui hier dénonçait la corruption devant les autorités politiques péruviennes.
«Avec Jésus, l’âme de ce peuple de Trujillo pourra continuer à s’appeler ‘‘la ville de l’éternel printemps’’, parce qu’avec le Seigneur tout est une opportunité pour l’espérance», a conclu le Saint-Père.
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