Deuxième méditation des Exercices spirituels: faisons reposer en Dieu notre soif
Gabriella Ceraso – Cité du Vatican
La promesse de Dieu face à la pénurie humaine
La dernière phrase prononcée par Jésus dans le livre de l’Apocalypse est une invitation. «Celui qui a soif, qu’il vienne». Don Tolentino est parti de cette citation pour développer sa réflexion afin de comprendre les contours de cette «abondance» et de cette «gratuité» de vie que le fils de Dieu offre à l’homme et à évaluer la réponse de l’homme aujourd’hui. Jésus promet de nous désaltérer, en reconnaissant que nous sommes «incomplets et en construction».
«Jésus vient à la rencontre de notre histoire comme elle, dans son inaccomplissement, son vide ou son échec, pour nous dire : “Celui qui a soif, qu’il vienne ; celui qui désire, qu’il prenne gratuitement l’eau de la vie.” Alors qu’il nous permet de nous désaltérer par pure grâce, en manifestant de cette façon l’amour inconditionnel qu’il nous réserve, il reconnaît que nous sommes encore incomplets et en construction. Notre condition est si souvent indigente que nous saurons pas accéder avec nos propres forces au bien qui nous rassasie. Nous ne pourrons l’acquérir en aucun lieu, même si nous le voulions, puisque ceci ne peut que nous être donné.»
Jésus sait «combien d’obstacles nous freinent» et combien de «dérives nous retardent». Dans le désir et dans la soif il y a en effet deux sentiments contradictoires : l’attraction et la distance, le transport et la vigilance. Et donc, la question à se poser est : est-ce que nous désirons Dieu ? Est-ce que nous savons reconnaître notre soif ? Est-ce que nous nous donnons le temps de la déchiffrer ?
Il n’est pas facile de reconnaître la soif de Dieu
À partir de ces interrogations, le prédicateur s’est penché sur un parcours allant de la Bible à des textes profanes, notamment d’Eugène Ionesco et Antoine de Saint-Exupéry, pour mettre en évidence les aspects de la soif comme besoin physique, comme reconnaissance de nos limites, de notre vulnérabilité extrême. «La foi nous prive de respiration, elle nous épuise, elle nous pousse à nos limites extrêmes». Le père Tolentino a évoqué le personnage de Jean dans La Soif et la Faim, de Ionesco. Une figure dévorée par «un vide infini», «une inquiétude que rien ne semble pouvoir apaiser».
«Une soif qui se transforme en une énorme insatisfaction, dans la désaffection dans les regards de ce qui est essentiel, dans une incapacité de discernement qui nous pousse dans les bras du consumérisme. On parle beaucoup contre le consumérisme des centres commerciaux, mais n’oublions pas qu’il existe aussi un consumérisme dans la vie spirituelle. Et ce qui se dit de l’un aide à comprendre l’autre. Le fait est que nos sociétés qui imposent la consommation comme critère de bonheur transforment le désir en un piège.»
Le consumérisme spirituel de l’homme d’aujourd’hui
Voici la soif de l’homme d’aujourd’hui. Une foi qui, a expliqué le prédicateur, «se transforme dans la désaffection des regards sur ce qui est essentiel, en une incapacité de discernement». Et dans nos sociétés, il y a un piège : chaque fois en effet que nous pensons apaiser notre soif dans une vitrine, dans une acquisition, dans un objet, l’évaluation de ce bien fait grandir en nous un vide. L’objet de notre désir, a donc affirmé le prêtre, est «une entité absente», un «objet toujours manquant». Et pourtant, «le Seigneur ne cesse de nous dire : “celui qui a soif, qu’il vienne ; celui qui désire, qu’il boive gratuitement l’eau de la vie”».
Faisons reposer en Dieu notre soif
Il y a de nombreuses façon d’adopter «une attitude d’évasion spirituelle sans jamais prendre conscience que nous sommes en fuite», en prétextant des «raisons de rendement et d’efficacité» qui se substituent à une «auscultation profonde de notre espace intérieur et au discernement de notre soif». Mais il n’existe pas de «pilules en mesure de résoudre mécaniquement nos problèmes». D’où l’invitation lancée par le prédicateur, en cette seconde journée des Exercices spirituels : «ralentissons notre pas, prenons conscience de nos besoins, asseyons-nous à la table de la foi, non pas pour des raisons matérielles ou économiques, mais pour des raisons de vie». La soif de «relations, d’acceptation et d’amour» est présente dans chaque être humain, elle est un patrimoine «biographique» que nous sommes appelés à reconnaître : «En réalité, beaucoup de soifs brûlent en nous. Nous les méprisons, comme si elles étaient une matière existentielle et spirituelle qui ne mériteraient pas notre attention. Nous nous les fuyons, comme si elles n’avaient rien à nous révéler de Dieu.»
Et pourtant, notre soif est comme le creuset «des mains amoureuses de Dieu qui, avec espérance, cherchent des formes nouvelles pour dire la vie», a répété le prédicateur, en invitant donc à faire reposer notre soif en Dieu.
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