Entretien avec Wim Wenders : «Le Pape nous demande de prier pour lui»
Entretien réalisé par Massimiliano Menichetti – Cité du Vatican
Pour vous, comment est né ce film et que signifie-t-il ?
Même dans mes rêves les plus fous, je n’aurais pas imaginé de faire un film à propos du Pape François. Quand j’ai reçu la lettre avec une invitation à venir au Vatican pour discuter avec don Dario Viganò au sujet de la possibilité d’un film sur le Pape, j’ai d’abord respiré un bon coup, et je suis allé marcher dans le quartier. Il me semblait que ce projet représenterait une lourde responsabilité, que cela serait en tout cas une démarche très différente des films que j’avais fait auparavant. Mais évidemment je voulais le faire et comprendre ce que Don Dario avait à l’esprit.
Il s’est avéré qu’il me laissait carte blanche pour écrire un concept et définir moi-même le film que je pourrais imaginer. Et que le Vatican n’interférerait pas, et ouvrirait ses archives pour nous. J’ai dit oui, évidemment.
Cela a pris du temps pour que cela prenne forme, depuis le financement jusqu’à l’organisation du premier tournage avec le Pape François. Depuis le premier entretien jusqu’au film finalisé, cela a pris au moins deux ans, avec trois sessions plus longues d’interview et un tournage à Assise, la ville natale de saint François. Et mois après mois dans la salle d’édition, jusqu’à ce que le film prenne sa forme définitive. Et il a rempli les grands espoirs que j‘avais : il permettrait au Pape François de s’exprimer directement pour chaque spectateur, face à face, à propos de ses préoccupations. Ce n’était pas un film sur lui, mais avec lui.
Le Pape a participé au tournage… Est-ce que quelque chose vous a particulièrement frappé ?
Oh oui, à chaque fois, j’étais très impressionné de l’ouverture du Pape pour chaque question, et de ses réponses si directes et spontanées. Et après chacune de nos quatre sessions, il prenait du temps pour serrer la main de chacun, et ne faisait aucune différence entre le producteur ou le réalisateur, et l’électricien ou l’assistant.
Vous avez déclaré : le Pape est «un exemple vivant d’un homme qui se bat pour ce qu’il dit». Qu’est-ce que vous lui souhaitez aujourd’hui ?
J’avais le plus grand respect pour le Pape François avant de l’avoir rencontré, rien qu’en l’ayant vu à la télévision et après avoir lu ses homélies ou ses encycliques. Mais en le rencontrant les yeux dans les yeux, et ensuite aussi en le voyant et en l’entendant chaque jour en faisant le montage, pas seulement dans nos propres entretiens, mais aussi dans ses nombreuses conversations tout autour du monde, avec les réfugiés, les prisonniers, les politiciens, les scientifiques, les enfants, des riches ou des pauvres, m’ont fait réalisé à quel point il était courageux, sans peur. Et cela m’a fait souhaiter qu’il ne perde jamais cet implacable courage.
Quand il quittait notre plateau, la dernière chose qu’il disait était «Priez pour moi !». Et ceci n’était pas seulement sa façon de dire au-revoir, cela avait vraiment un sens, et je l’ai entendu demander la même chose de la part des gens tout autour du monde, Donc cela serait mon autre souhait : qu’il soit porté par toutes ces prières pour lui, de la part de tous ces gens, incluant ma petite équipe de tournage, pour lesquels il représente un homme dont les paroles nous inspirent confiance. C’est une chose rare et précieuse : un homme qui n’est pas en train d’agir pour lui-même, mais pour le bien commun.
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