Réunion pré-synodale 2018: le Pape invite les jeunes à parler avec franchise et liberté
Manuella Affejee - Cité du Vatican
Après un temps de prière, et une allocution du cardinal Baldisseri, secrétaire général du synode des évêques, le Pape a débuté son intervention affirmant que la «jeunesse» n’existait pas, mais qu’il existait plutôt «des jeunes, leurs visages, leurs voix, leur histoire».
Il a ensuite rappelé comment, en divers moments de l’Histoire, Dieu avait choisi de parler à travers les plus jeunes, citant l’exemple de Samuel ou de David. «J’ai confiance que, en ces jours, Il parlera aussi à travers vous», a-t-il assuré aux jeunes participants, visiblement enthousiastes et très réactifs aux nombreux traits d’humour spontanés qui ont ponctué le discours du Saint-Père; un discours dont il est sorti à de nombreuses reprises, pour raconter des anecdotes, interpeller directement les participants ou prodiguer divers encouragements.
Prendre les jeunes au sérieux
Et François de poursuivre par un simple constat: «trop souvent on parle des jeunes sans les interpeller». Et pour certains, les «tenir à une distance de sécurité» serait une solution bien commode pour éviter leur provocations. Mais même «les meilleures analyses sur la question ne sauraient se substituer à la rencontre face-à-face», affirme-t-il: «il ne suffit pas d’échanger des petits messages ou de partager des photos sympathiques», - en référence aux pratiques en cours sur les réseaux sociaux notamment- , car les «jeunes doivent être pris au sérieux !»
François attire l’attention sur le paradoxe d’une culture actuelle qui, d’un côté, «idolâtre la jeunesse», mais de l’autre, dénie aux jeunes leur rôle d’acteurs. Le Pape déplore encore leur marginalisation de la vie publique, la solitude dans laquelle ils sont souvent laissés. «Il ne doit pas en être ainsi dans l’Église», avertit le Saint-Père, car l’Évangile nous demande au contraire de «nous rencontrer, de nous confronter, de nous accueillir, de nous aimer (…) de marcher ensemble et de partager sans peur». Cette réunion pré-synodale se veut être le signe de quelque chose de grand, certifie François: «la volonté de l’Église de se mettre à l’écoute des jeunes, sans exclusion».
Écouter le cri des jeunes
L’une des ambitions nourries par le prochain synode, est de développer les conditions pour un vrai accompagnement des jeunes. Cette assemblée sera également un appel à l’Eglise, afin qu’elle renouvelle son dynamisme de jeunesse. Le Pape a avoué avoir pris connaissance de plusieurs réponses au questionnaire adressé aux jeunes par le secrétariat du synode en vue de l’assemblée d’octobre, et s’est dit particulièrement frappé par «l’appel» lancé par certains jeunes aux adultes, leur demandant d’être proches, de les aider dans les choix importants de leur vie. Et le Pape de citer l’exemple d’une jeune fille qui soulignait l’absence de repères, ou encore les dangers qui guettaient la jeunesse: «l’alcool, la drogue, une sexualité vécue de manière consumériste», et qui lançait un appel à l’aide désespéré pour cette jeunesse en voie de désagrégation. «Je sens que cet appel est sincère et requiert de l’attention», a reconnu le Pape, et dans cette optique, l’Église doit «apprendre de nouvelles modalités de présence et de proximité».
Parler avec courage et en toute liberté
«Le cœur de l’Eglise est jeune parce que l’Evangile est comme une sève vitale qui la régénère continuellement», et il incombe à ses membres de «coopérer à cette fécondité», en allant de l’avant, en trouvant de nouveaux chemins, en étant créatifs, à l'instar des premiers chrétiens, en créant une culture nouvelle, dans le sillon de la Tradition. Et le Pape d’enjoindre avec chaleur les jeunes à oser, à risquer : «si on ne prend pas de risque, on ne mature pas, on vieillit, et on part à la retraite à 20 ans !» a-t-il lancé, au milieu des rires, regrettant la vieillesse prématurée de certaines communautés, trop craintives d'aller aux périphéries. «Nous avons besoin de vous les jeunes, pierres vives d’une Eglise au visage jeune, mais non maquillé (…) et vous nous poussez à sortir de la logique du ‘on a toujours fait comme ça’ », a-t-il poursuivi, plaidant au passage pour un dialogue intergénérationnel authentique et nécessaire, où les «rêves des ainés» nourriraient la «prophétie des jeunes».
Pendant une semaine, ces jeunes de tous horizons, catholiques engagés, non croyants, ou d’autres confessions, pourront s’exprimer, faire part de leurs attentes, de leurs désirs, de leurs doutes et préoccupations. À plusieurs reprises, au cours de son intervention, le Pape les a vivement exhortés à le faire «avec franchise et en toute liberté», soulignant l’importance de parler «ouvertement», «avec courage», les assurant que leur «contribution sera prise au sérieux».
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