Le Pape s’adresse au Congrès du diocèse de Rome
Cyprien Viet – Cité du Vatican
Après avoir écouté le rapport d’un prêtre sur le travail diocésain engagé autour de la question des «maladies spirituelles», le Pape a répondu à quelques questions, auxquelles il a répondu sans note. Il a notamment rappelé que la clé d’un engagement sacerdotal et paroissial équilibré réside dans ces trois piliers : «Lire l’Évangile, prier, faire des œuvres de miséricorde».
Interrogé sur la question de la jeunesse, le Pape a salué le sérieux des jeunes qui avaient participé en mars à la rencontre préparatoire au Synode des Jeunes. «Le cri des jeunes est “sauvez-nous de la drogue, de l’aliénation culturelle !”», a expliqué François. «Ils sont une proie facile pour l’aliénation que leur propose la société. Je suis préoccupé de voir qu’eux vivent et communiquent dans le monde virtuel, ils n’ont pas les pieds sur terre. Vendredi je suis allé à la clôture d’une rencontre de Scholas sur le thème du harcèlement, et quand j’ai voulu les saluer, peu de jeunes m’ont tendu la main, la plupart tendaient leurs téléphones pour prendre des photos ! Et c’est grave ! Ce sont des jeunes “virtualisés”. Il faut faire atterrir les jeunes dans le monde réel, sans détruire les bonnes choses que le monde virtuel peut proposer», a martelé François. « Faire quelque chose pour les autres, à travers les œuvres de miséricorde, cela permet d’entrer dans un rapport social», a remarqué le Pape, soulignant la nécessité d’aider les jeunes à «s’enraciner», notamment par une relation de confiance avec les personnes âgées.
Le discours sur les «maladies spirituelles»
Le Pape s’est ensuite concentré sur le thème des «maladies spirituelles», exploré au cours d’un longue réflexion menée dans les paroisses du diocèse. Lisant cette fois le discours prévu, François a salué les deux fruits de cette réflexion : «Premièrement, une croissance dans la vérité sur notre condition de personnes dans le besoin, de malades, qui a émergé dans toutes les paroisses et les réalités qui ont été appelées à se confronter» sur ce thème, et «deuxièmement, l’expérience que de cette adhésion à notre vérité ne sont pas venus seulement découragement et frustration, mais surtout la conscience que le Seigneur n’a pas arrêter d’user de miséricorde à notre égard (…). Nous sommes devenus plus conscients d’être, par certains aspects et par certaines dynamiques émergées de nos vérifications, un “non-peuple” appelé à refaire encore une fois alliance avec le Seigneur.»
Invitant à reconnaître les «faiblesses» et les «esclavages» qui entravent la marche du peuple chrétien à Rome comme d'autres formes d'aliénation entravèrent celle du peuple d’Israël dans le Livre de l’Exode, François a remarqué que le Seigneur continue à s’incarner «ici et maintenant, c’est-à-dire aussi et précisément dans ce temps si difficile à interpréter, en ce contexte si complexe et apparemment éloigné de lui». Parmi ces esclavages dont il faut se libérer, François a souligné notamment «l’hypertrophie de l’individu», «du moi qui ne réussit pas à devenir une personne, à vivre de relations, et qui croit que le rapport avec les autres ne lui est pas nécessaire».
Il faut donc «écouter le cri du peuple» et vivre la foi chrétienne n’ont pas comme une série de «choses à faire», mais comme «une annonce de libération» qui offre à chacun de se sentir reconnu dans sa dignité personnelle, et donc dans une logique de relation. François a rappelé que la responsabilité missionnaire de la paroisse ne relève pas que du seul curé, mais de tous les baptisés.
«Il faut regarder ce peuple et non nous-mêmes, nous laisser interpeller et déranger» et donc ne pas avoir peur de se laisser «manger» par les réalités rencontrées. «Certaines initiatives traditionnelles peut-être devront se réformer ou même cesser : nous pourrons le faire seulement en sachant où nous sommes en train d’aller, pourquoi et avec qui. Je vous invite à lire ainsi aussi certaines des difficultés et des maladies que vous avez rencontré dans vos communautés : comme des réalités qui peut-être ne sont plus bonnes à manger, ne peuvent plus être offertes pour la faim de quelqu’un. Ce qui ne signifie pas qu’elles ne peuvent plus rien produire, mais que nous devons greffer de nouveaux plants : des greffons qui donneront de nouveaux fruits», a conclu le Saint-Père.
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