“Un pauvre crie, le Seigneur entend” : le message du Pape pour la Journée mondiale des pauvres
Cyprien Viet – Cité du Vatican
«Un pauvre crie; le Seigneur entend.» C’est sur cette parole tirée du Psaume 33 que le Pape François articule son texte, évoquant la relation privilégiée entretenue par Dieu avec les pauvres. «Le Seigneur entend les pauvres qui crient vers Lui, et Il est bon avec ceux qui cherchent refuge en Lui, le cœur brisé par la tristesse, la solitude et l’exclusion. Il écoute ceux dont la dignité est foulée, et qui ont cependant la force d’élever leur regard vers le haut pour recevoir lumière et réconfort, explique le Pape. Il écoute ceux qui sont persécutés par une justice inique, opprimés par des politiques indignes de ce nom et dans la peur de la violence, tout en considérant Dieu comme leur Sauveur. Ce qui jaillit de cette prière est d’abord un sentiment d’abandon confiant en un Père qui écoute et accueille», insiste François, qui cite cet extrait des Béatitudes, tiré de l’Évangile selon saint Matthieu : «Heureux les pauvres de cœur, car le royaume des Cieux est à eux.»
Dieu écoute le cri des pauvres et y répond
Le Pape évoque ensuite trois verbes qui structurent la relation et le dialogue entre Dieu et les pauvres.
Tout d’abord, «crier». Le cri du pauvre «traverse les cieux et rejoint Dieu». «Qu’exprime le cri du pauvre, sinon la souffrance et la solitude, sa déception et son espérance?», s’interroge François, avec cette interpellation dérangeante : «Comment se fait-il que ce cri qui monte jusqu’à Dieu ne parvient pas à nos oreilles et nous laisse indifférents et impassibles?» Le Pape s’interroge même sur l’efficacité et la sincérité réelles de certaines actions caritatives : «J’ai souvent peur que beaucoup d’initiatives, cependant nécessaires et vertueuses, servent davantage à nous satisfaire nous-mêmes qu’à entendre réellement le cri du pauvre. Dans cette situation, lorsque les pauvres font entendre leur cri, notre réaction manque de cohérence et est incapable de rejoindre réellement leur condition», s’inquiète le Pape François.
Deuxième verbe: «répondre». «Le Seigneur, dit le Psalmiste, non seulement entend le cri du pauvre, mais il répond. Sa réponse, ainsi que l’atteste toute l’histoire du salut, est un partage plein d’amour, de la condition du pauvre. Ce fut ainsi lorsque Abraham exprima à Dieu son désir d’une descendance, alors que lui et son épouse Sara, désormais âgés, n’avaient pas d’enfant », rappelle le Pape François, qui revient aussi sur les réponses de Dieu à son peuple dans le Livre de l’Exode, malgré ses infidélités et ses égarements. «La réponse de Dieu au pauvre est toujours une intervention de salut pour soigner les blessures de l’âme et du corps, pour rétablir la justice et pour aider à reprendre une vie digne. La réponse de Dieu est aussi un appel pour que quiconque croit en lui puisse faire de même dans les limites de l’humanité», explique le Saint-Père.
Troisième et dernier verbe : «Libérer». «L’agir du Seigneur qui libère est une œuvre de salut à l’égard de ceux qui Lui manifestent leur tristesse et leur angoisse. La prison de la pauvreté est détruite par la puissance de l’intervention de Dieu ». Le Pape évoque ces paroles poignantes du Psaume 21, évoquant l’attitude de Dieu face à l’homme humilié : «Il n'a pas rejeté, il n'a pas réprouvé le malheureux dans sa misère; il ne s'est pas voilé la face devant lui, mais il entend sa plainte.» François insiste donc sur la tendresse de Dieu. «Pouvoir contempler le visage de Dieu est signe de son amitié, de sa proximité, de son salut. Le salut de Dieu prend la forme d’une main tendue vers le pauvre, une main qui accueille, protège, et donne de percevoir l’amitié dont on a besoin. C’est à partir de cette proximité concrète et tangible que peut être entrepris un authentique chemin de libération.»
Le Pape évoque aussi la figure de Bartimée, un mendiant aveugle qui avait osé interpeller Jésus, malgré tout le mépris dont il était l’objet de la part de la société. « Comme Bartimée, beaucoup de pauvres sont aujourd’hui au bord de la route et cherchent un sens à leur condition (…). Ils attendent que quelqu’un s’approche d’eux et leur dise: “Confiance, lève-toi; il t’appelle.”» François rappelle aussi les mots du Prophète Isaïe, qui invite à «faire tomber les chaînes injustes, délier les attaches du joug, rendre la liberté aux opprimés, briser tous les jougs, partager ton pain avec celui qui a faim, accueillir chez toi les pauvres sans abri, couvrir celui que tu verras sans vêtement».
Dieu reste fidèle à sa promesse
«Les pauvres sont les premiers capables de reconnaître la présence de Dieu et de témoigner de sa proximité dans leur vie. Dieu demeure fidèle à sa promesse, et jusque dans l’obscurité de la nuit, la chaleur de son amour et de sa consolation ne fait jamais défaut», explique le Pape, qui encourage notamment les diocèses à organiser des repas solidaires, comme les premiers chrétiens qui, selon les récits des Actes des Apôtres, et étaient assidus à la fraction du pain et aux prières.
Tout en appelant les catholiques à vivre des actions de solidarité en lien avec tous les acteurs sociaux, y compris avec des instances qui trouvent d’autres motivations que la foi pour mener des actions de solidarité, le Pape invite tous les acteurs de l’Église, «et les diacres en particulier, à qui on a imposé les mains pour le service des pauvres», à vivre cette journée comme une chance pour la «nouvelle évangélisation» «Les pauvres nous évangélisent, en nous aidant à découvrir chaque jour la beauté de l’Evangile. Ne passons pas à côté de cette occasion de grâce. En ce jour, considérons-nous comme leurs débiteurs. Se tendre la main les uns et les autres, c’est vivre une rencontre de salut qui soutient la foi, rend effective la charité, donne l’espérance pour avancer sur le chemin où le Seigneur vient à notre rencontre», conclut le Pape dans son message.
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