Le Pape à Genève: l'œcuménisme permet de marcher sous la conduite de l'Esprit Saint
Cyprien Viet - Cité du Vatican
Le Pape François a participé ce jeudi matin à un temps de prière dans la chapelle du COE, coeur spirituel du centre où les membres des différentes Églises se rassemblent pour la prière ou le culte. Un lieu qui n'est dominé par aucune confession. À l'entrée de la chapelle, une mosaïque du baptême du Christ et au sol des vagues gravées dans le marbre, symbole des eaux du baptême. Derrière l'autel, une grande croix en bois. Plusieurs icônes ornent les murs l'une illustrant la fuite de la Sainte Famille en Égypte.
Chaque objet en ce lieu est un symbole comme cette croix de la réconciliation constituée de fragments de bombes ayant touché durant la Seconde guerre mondiale les villes de Dresde en Allemagne et Coventry en Angleterre. On distingue également un patchwork qui représente le pélerinage vers la paix...comme un écho au voyage que le Pape vient d'entamer à Genève sous le signe de l'œcumenisme.
Pour cette première étape de sa visite à Genève, vécue dans une ambiance à la fois joyeuse et recueillie, mêlant les mélodies des différentes traditions ecclésiales, de l’Afrique à l’Orient, en passant par l’hymne du Jubilé de la Miséricorde, le Pape a délivré une homélie basée sur les paroles de saint Paul dans sa Lettre aux Galates, dans laquelle l’apôtre invite à «marcher sous la conduite de l’Esprit Saint».
«Marcher : L’homme est un être en chemin. Toute sa vie durant, il est appelé à se mettre en route, pour une sortie continue à partir de là où il se trouve : du moment où il sort du sein maternel jusqu’au moment où il passe d’un âge de la vie à un autre ; du moment où il laisse la maison de ses parents jusqu’au moment où il sort de cette existence terrestre.» Le Pape a développé cette métaphore pour montrer le sens de la vie humaine «qui ne se suffit pas à elle-même» mais qui est à la recherche de quelque chose de plus.
Rejeter la mondanité pour suivre Jésus
«Mais marcher est une discipline, un effort ; il faut de la patience quotidienne et un entraînement constant», en ayant le courage de renoncer aux «sécurités éphémères», a précisé François. «Dieu nous appelle à cela, depuis les débuts. Déjà, à Abraham il a été demandé de quitter sa terre, de se mettre en chemin, armé seulement de la confiance en Dieu, C’est ainsi que Moïse, Pierre et Paul, et tous les amis du Seigneur, ont vécu en cheminant. Mais surtout Jésus nous en a donné l’exemple. Pour nous, il est sorti de sa condition divine et il est descendu parmi nous pour marcher, lui qui est le Chemin». Le Pape a rappelé que marcher «selon l’Esprit» permet d’éviter de tomber dans la tentation de l’égoïsme, de la possession, qui fait perdre de vue ses compagnons de voyage et rend esclave d’un consumérisme effréné.
Marcher selon l’Esprit, c’est donc «rejeter la mondanité», a expliqué François, en montrant que ce chemin passe par une conversion continue, par le renouvellement de notre mentalité afin qu’elle soit conforme à celle de l’Esprit Saint.
«Au cours de l’histoire, les divisions entre chrétiens sont souvent advenues parce qu’à la racine, dans la vie des communautés, s’est infiltrée une mentalité mondaine», a regretté le Pape, en remarquant qu’il était plus souvent question de la défense des intérêts propres que de l’annonce de Jésus-Christ. «Dans ces situations, l’ennemi de Dieu et de l’homme a eu la tâche facile en nous séparant, car la direction que nous suivions était celle de la chair, non celle de l’Esprit.»
Perdre ce qui nous est propre et suivre la voie de la Croix
Aujourd’hui, le temps est donc à la purification. «L’œcuménisme nous a mis en route selon la volonté de Jésus et pourra progresser à condition qu’en marchant sous la conduite de l’Esprit, il rejette tout repli autoréférentiel.» Chacun doit donc faire des sacrifices. «L’œcuménisme est ‘‘une grande entreprise en pure perte’’. Mais il s’agit d’une perte évangélique, selon la voie tracée par Jésus : “Celui qui veut sauver sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie à cause de moi la sauvera.”»
«Sauver ce qui nous est propre, c’est marcher selon la chair ; se perdre en suivant Jésus, c’est marcher selon l’Esprit», a expliqué François. Il faut donc renoncer à instrumentaliser le mouvement œcuménique pour défendre ses propres intérêts. Cette démarche serait comparable à celle «de Judas, qui marchait avec Jésus mais pour ses propres affaires». À l’inverse, «il est déjà possible de marcher dès maintenant selon l’Esprit : prier, évangéliser, servir ensemble, c’est possible et cela plaît à Dieu ! », a expliqué le Saint-Père.
«Que la Croix oriente notre chemin, parce que là, en Jésus, ont déjà été abattus les murs de séparation et toute inimitié a été vaincu: là, nous comprenons que, malgré toutes nos faiblesses, rien ne nous séparera jamais de son amour», a conclu le Pape François.
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