Messe du Pape pour les migrants: «La seule réponse est la solidarité»
Delphine Allaire – Cité du Vatican
«Que de pauvres aujourd’hui sont piétinés ! Parmi eux, je ne peux pas ne pas mentionner les migrants et les réfugiés qui continuent à frapper aux portes des nations jouissant d’un plus grand bien-être», a d’emblée affirmé le Pape, dénonçant une certaine «culture de la marginalisation» contemporaine.
Le Pape invoque la responsabilité humaine
Rappelant sa venue sur l’île sicilienne, «porte de l’Europe», il y a cinq ans le 8 juillet 2013, François a lancé un appel «à la responsabilité humaine»: «“Où est ton frère ?”. La voix de son sang crie vers moi, dit Dieu. Ce n’est pas une question adressée aux autres, c’est une question adressée à moi, à toi, à chacun de nous» (Insegnamenti 1 [2013], vol. 2, 23).
Malheureusement, déplore l’évêque de Rome, les réponses à cet appel, «même si elles sont généreuses, n’ont pas été suffisantes, et nous nous retrouvons à pleurer aujourd’hui des milliers de morts».
Le poids des silences contemporains
Et pourtant, «le Seigneur a besoin de nos yeux […], de nos mains pour secourir. Il a besoin de notre voix pour dénoncer les injustices commises dans le silence – parfois complice – de beaucoup», a ajouté le Saint-Père, développant la tragédie des silences contemporains. «Le silence du sens commun, le silence du “cela a toujours été comme ça”, le silence du “nous” toujours opposé au “vous”».
Ainsi, «ne pas se salir les mains comme le prêtre et le lévite de la parabole du Bon Samaritain» est une tentation bien trop présente de nos jours, selon lui. Et cette tentation se traduit précisément par «une fermeture vis-à-vis de tous ceux qui ont droit, comme nous, à la sécurité et à une condition de vie digne, et qui construit des murs, réels ou imaginaires, au lieu de ponts», a égrené le Souverain pontife lors de la célébration qui se veut «moment de prière pour les défunts migrants, les survivants et ceux qui les assistent».
Harmoniser solidarité et subsidiarité
Face aux défis migratoires contemporains, la réponse que souhaite apporter le Pape est donc celle «de la solidarité et de la miséricorde»; «une réponse qui ne fait pas trop de calculs mais qui exige un partage équitable des responsabilités, une honnête et sincère évaluation des possibilités et une gestion avisée», a-t-il précisé. Car «la politique juste est celle qui se met au service de la personne, qui prévoit des solutions adaptées pour garantir la sécurité, le respect des droits et de la dignité de tous et qui sait voir le bien de son propre pays en prenant en compte celui des autres pays, dans un monde toujours plus interconnecté».
Pour cela, François vise une «sage harmonie» entre solidarité et subsidiarité, qui puisse identifier «les ressources ainsi que les responsabilités».
«Se frayer ensemble le chemin de l’intégration»
À l’issue de son homélie, François a ensuite adressé quelques mots aux fidèles espagnols, sauveteurs et rescapés de périlleuses migrations, présents dans la basilique. Aux premiers, il a exprimé toute sa reconnaissance car eux incarnent précisément «la parabole du Bon Samaritain qui s’est arrêté pour sauver la vie du pauvre homme frappé par les bandits, sans se demander qui il était, sa provenance, les raisons de son voyage ou ses papiers d’identité… » Aux seconds, il a réitéré toute sa «solidarité» et ses «encouragements», confiant bien connaître les tragédies qu’ils fuient. Enfin, le Saint-Père a appelé ces rescapés à être des témoins de l’espérance, particulièrement «dans un monde possédant une vision étriquée de l’avenir et réticent à partager», et ce, «dans le respect de la culture et des lois du pays» qui les accueille, afin de pouvoir «frayer ensemble le chemin de l’intégration».
Merci d'avoir lu cet article. Si vous souhaitez rester informé, inscrivez-vous à la lettre d’information en cliquant ici