Meeting de Rimini: Sans Dieu, aucune révolution ne peut satisfaire l’homme
Luca Collodi – Rimini
«Les forces qui font bouger l’histoire sont les mêmes que celles qui rendent l’homme heureux». En prononçant cette phrase, thème du Meeting de Rimini cette année, le fondateur du mouvement Communion et Libération, don Giussani défiait un jeune de vérifier quelles étaient les forces qui changent le cours de l’histoire, en pleine tentative révolutionnaire de 1968.
1968 et la fascination pour le changement
La coupure avec le passé devint alors l’impératif catégorique d’une génération qui reposait ses propres espérances en une révolution des structures, capables d’assurer une meilleure authenticité de vie. Tant de croyants ont «cédé à la fascination d’une telle perspective et firent de la foi un moralisme qui, donnant la Grâce pour escomptée, se fiait aux efforts de réalisation pratique d’un monde meilleur», écrit le Secrétaire d’État du Saint-Siège au nom du Pape François.
Une peur croissante du futur
«Qu’est-il resté de ce désir de tout changer ?» s’interroge le cardinal Pietro Parolin dans ce message à l’adresse de Mgr Lambiasi, évêque de Rimini. Sans faire de bilan historique, car ce n’est pas le lieu, le cardinal Parolin évoque des symptômes apparus en Occident : «On recommence à ériger des murs au lieu de construire des ponts. On tend à être renfermé sur soi-même au lieu de s’ouvrir à l’autre. L’indifférence croît, plutôt que le désir de prendre des initiatives pour changer la donne. Prévaut un sens de peur sur la confiance que l’on peut avoir en l’avenir. Et nous nous demandons si ces dernières 50 années, le monde est devenu plus habitable». Des interrogations qui valent également pour les chrétiens, qui ayant traversé la saison révolutionnaire de 1968, sont appelés à réfléchir, avec d’autres protagonistes, et à se demander : «Qu’avons-nous appris ? De quoi peut-on faire trésor ?»
La tentation de l’homme de se suffire à lui-même
Depuis toujours, la tentation de l’homme est celle de penser que son intelligence et ses capacités sont les principes qui gouvernent le monde ; une prétention qui se réalise de deux manières comme le rappelle le Pape dans Evangelii Gaudium: «la première est la fascination pour le gnosticisme, où le sujet reste enfermé dans l’immanence de sa propre raison ou de ses sentiments. L’autre est le néopélagianisme de ceux qui, en définitive, ne se fient qu’à leurs propres forces ».
Un chrétien ne renonce pas à un monde meilleur
Le chrétien qui souhaiterait éviter ces deux tentations doit-il renoncer au désir de changement ? Non, répond le cardinal Parolin. «Il ne s’agit pas de se retirer du monde pour éviter de se tromper ou pour conserver la foi dans une sorte de pureté intacte parce qu’une foi authentique implique toujours un profond désir de changer le monde». Le chrétien ne peut renoncer à rêver d’un monde meilleur, poursuit le prélat. Il est raisonnable de rêver ainsi parce qu’à la racine de cette certitude il y a la conviction profonde que le Christ est le début du monde nouveau, que le Pape François synthétise ainsi ; «Sa résurrection n’est pas une chose du passé, elle contient une force de vie qui a pénétré le monde. Là où il semble que tout mort, de toute part réapparaissent des germes de la résurrection. C’est une force sans égale».
Il n’existe pas de révolution qui satisfasse le cœur de l’homme
«Aucun effort, ni aucune révolution ne peut satisfaire le cœur de l’homme, seul Dieu, qui nous a fait avec un désir infini, peut le combler de sa présence infinie, pour cette raison il s’est fait homme, afin que les hommes puissent rencontrer Celui qui sauve et qui comble le désir de jours heureux», écrit le Secrétaire d’État du Saint-Siège qui évoque le Document d’Aparecida de juin 2007, le fruit de la Vème Conférence des épiscopats d’Amérique latine et des Caraïbes.
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