Discours aux autorités de la Lettonie : le Pape invite à faire primer la vie sur l'économie
Cyprien Viet – Cité du Vatican
«C’est un motif de joie de pouvoir me retrouver pour la première fois en Lettonie et dans cette ville qui, comme tout votre pays, a été marquée par de dures épreuves sociales, politiques, économiques et aussi spirituelles – dues aux divisions et aux conflits du passé – mais qui aujourd’hui est devenue l’un des principaux centres culturels, politiques et portuaires de la région», a déclaré le Saint-Père au Palais présidentiel de Riga, devant les principaux responsables de l’État letton.
Le Pape a rendu hommage aux traditions culturelles de la Lettonie : «Vos représentants dans le domaine de la culture et de l’art, et en particulier du monde de la musique, sont bien connus à l’étranger. Aujourd’hui aussi j’ai pu les apprécier à mon arrivée à l’aéroport. C’est pourquoi je crois que l’on peut bien vous appliquer les paroles du Psalmiste : “Tu as changé mon deuil en une danse” (Ps 29, 12). La Lettonie, terre des ‘‘dainas’’, a su changer son deuil et sa souffrance en chant et en danse et elle s’est efforcée de se transformer en un lieu de dialogue et de rencontre, de cohabitation pacifique qui cherche à regarder en avant», a déclaré le Saint-Père.
Intégrer la dimension spirituelle dans l’identité de la Lettonie
Évoquant le centenaire de l’indépendance lettone, qui est la raison de son voyage, François a insisté sur la dimension spirituelle qui infuse l’identité nationale. «Cette capacité spirituelle de regarder au-delà, et qui se concrétise dans de petits gestes quotidiens de solidarité, de compassion et d’aide réciproque, vous a soutenus et, en même temps, vous a donné la créativité nécessaire pour donner vie à de nouvelles dynamiques sociales face à toutes les tentatives réductionnistes et d’exclusion qui menacent toujours le tissu social.»
Dans ce pays où les catholiques représentent environ un quart de la population, mais où l’Église luthérienne est relativement majoritaire, François a souligné le rôle de l’Église catholique, «agissant en pleine collaboration avec les autres Églises chrétiennes, ce qui est signe de la façon dont il est possible de promouvoir une communion dans les différences (…). Tout comme il a nourri la vie de votre peuple, de même l’Évangile peut aujourd’hui continuer à ouvrir des routes pour affronter les défis actuels, en valorisant les différences et surtout en promouvant la commune-union entre tous», a précisé l’évêque de Rome, qui doit se rendre en fin de matinée à la cathédrale luthérienne de Riga pour une célébration œcuménique.
Le développement humain ne se limite pas à l’économie
«La célébration du centenaire rappelle l’importance de continuer à parier sur la liberté et sur l’indépendance de la Lettonie, qui sont, à n’en pas douter, un don, mais aussi une tâche qui implique chacun», a expliqué François, évoquant l’étape suivante de sa journée, une cérémonie au Monument de la Liberté, «où seront présents des enfants, des jeunes et des familles. Ils nous rappellent que la ‘‘maternité’’ de la Lettonie (…) trouve un écho dans la capacité de promouvoir des stratégies qui soient vraiment efficaces et centrées sur les visages concrets de ces familles, de ces personnes âgées, enfants et jeunes, plus que sur la primauté de l’économie sur la vie. La ‘‘maternité’’ de la Lettonie se manifeste aussi dans la capacité à créer des opportunités de travail, en sorte que personne ne doive se déraciner pour construire son propre avenir», a précisé le Saint-Père, dans ce pays marqué par une forte émigration des jeunes, malgré un développement économique réel dans les années écoulées.
S’adressant directement au président et aux autorités de la Lettonie, le Pape François a conclu son discours «en demandant à Dieu de continuer à accompagner, à bénir et à rendre prospère l’œuvre de vos mains pour cette nation».
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