Le Pape François et les prêtres jésuites à Vilnius, le 23 septembre 2018 Le Pape François et les prêtres jésuites à Vilnius, le 23 septembre 2018 

Échos de la rencontre entre le Pape et des jésuites des Pays baltes

Au cours de son voyage en Lituanie en septembre dernier, le Pape François a rencontré un groupe de vingt-huit prêtres jésuites originaires des trois États baltes, pour un entretien dont voici quelques extraits.

Adélaïde Patrignani – Cité du Vatican

La discussion entre les jésuites et le Pape François s’est déroulée de manière privée à Vilnius, la capitale lituanienne, le 23 septembre dernier. Le Saint-Père venait tout juste de visiter le Musée des Occupations et des Luttes pour la Liberté, connu comme le «Golgotha lituanien», douloureux lieu de mémoire de la domination soviétique. Un des moments les plus intenses de son voyage en Lituanie. Les résonnances spirituelles et les liens avec l’actualité ont été forts, en particulier lors du bref entretien entre le Pape François et Mgr Sigitas Tamkevičius, qui a connu les prisons du KGB.

Descendre aux enfers aujourd’hui

«Jésus est descendu aux enfers, et je vous conseille de ne pas avoir peur de descendre dans les enfers des personnes», a dit le Pape François aux prêtres jésuites. «Il faut descendre là. Toucher les plaies. […] Et ces blessures ne se sont pas ouvertes seulement à Vilnius et dans le passé», a-t-il poursuivi, évoquant ensuite la «situation de certaines prisons d’Afrique du Nord». Le Saint-Père a alors interpelé son auditoire : «Nous aujourd’hui, nous déchirons nos vêtements pour ce qu’on fait les communistes, les nazis et les fascistes… Mais aujourd’hui ? Ça n’arrive pas aussi aujourd’hui ? Bien sûr, on le fait avec des gants blancs et en soie !»


Le Concile et le changement dans l’Église

Le Pape François a également rappelé l’importance de la «rencontre entre les jeunes et les vieux». À un jeune jésuite qui demandait au Pape de quelle manière il pourrait lui être utile, le Saint-Père a répondu : «ce qu’il faut faire aujourd’hui, c’est accompagner l’Église dans un renouveau spirituel profond. Je crois que le Seigneur demande un changement dans l’Église». Et après avoir fait référence au numéro 12 de la Constitution dogmatique Lumen Gentium et à l’Église comme «peuple de Dieu», le Pape a ajouté : «Si tu veux m’aider, agis de façon à mettre en pratique le Concile dans l’Église».

Entrer dans le chaos

À un autre jeune jésuite qui lui demandait comment vivre, sans avoir peur, dans un monde qui semble plongé dans le chaos, le Pape François a répondu qu’avant tout, il ne fallait pas entrer tout seul dans le chaos, «parce que ça finira mal ». Avant d’ajouter : «Mais si tu entres par la grâce de l’entretien spirituel avec ton Provincial, avec ta communauté, si tu le fais comme une mission et avec le Seigneur […] il n’y a pas à avoir peur. Mais avec le Seigneur, pas avec ses propres caprices ! Dieu est fort, Dieu est le plus fort […] N’ayez pas peur !», a complété le Pape.

Le directeur de La Civiltà Cattolica, p. Antonio Spadaro, présent à cette rencontre, a réalisé le compte-rendu et la transcription intégrale de l’entretien, disponible en ligne (en italien), et à paraître dans le numéro 4040 de la revue, qui sortira le 20 octobre prochain.

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17 octobre 2018, 18:14