Le sanctuaire, un lieu d'évangélisation "irremplacable"
Marie Duhamel – Cité du Vatican
Du temps où il était le cardinal de Buenos Aires, Jorge Maria Bergoglio se rendait chaque week-end au sanctuaire de Lugan. Il prenait le premier bus, à l’aube, pour éviter que les fidèles les plus matinaux ne se retrouvent à la porte… C’est sur l’accueil réservé aux pèlerins qu’insiste d’abord le Pape ce midi. Qu’ils viennent en groupe organisé ou par leur propre moyen, ils doivent tous se sentir «chez eux» lorsqu’ils arrivent au sanctuaire, «comme un membre de la famille attendu de longue date, qui est finalement arrivé ». Il juge cela bien «triste» quand personne n’est là pour souhaiter la bienvenue aux personnes seules ou aux groupes autonomes qui ont accompli pourtant un voyage souvent long pour venir. Il n’accepte pas qu’on accorde plus d’attention aux exigences matérielles et financières qu’aux pèlerins, «la réalité la plus importante».
L’importance de l’accueil
Le Saint-Père précise que l’attention portée à l’accueil vaut aussi pour les personnes venant en visiteur pour découvrir, un lieu de tradition, des œuvres d’art, un paysage d’une grande beauté. Accueillis, ils seront plus disponibles à ouvrir leurs cœurs. Le Pape poursuit : «Un climat d’amitié est une graine féconde que nos sanctuaires peuvent jeter sur le chemin des pèlerins, leur permettant de retrouver confiance en l’Église, qui peut parfois (elle-même) se montrer déçue de l’indifférence reçue.»
Outre la nécessité de bien accueillir, le Pape se focalise sur deux exigences liées à la prière, centrale bien sûr dans les sanctuaires, dédiés pour la plupart à la Vierge Marie qui se fait la compagne de route de tous ceux qui lèvent les yeux vers elle pour lui demander une grâce, certains d’être par elle exaucés.
Favoriser la prière individuelle
D’abord, François aimerait que soit favorisée dans ces lieux «la prière de l’Église», c’est-à-dire la célébration des sacrements pour que «chacun puisse sentir qu’il fait partie d’une communauté plus grande qui de par le monde professe l’unique foi, témoigne du même amour et vit la même espérance». Ensuite, les sanctuaires sont appelés, dit le Pape, à alimenter la prière des pèlerins dans le silence de leur cœur. «Avec les paroles du cœur, en silence, avec des formules apprises dans l’enfance, avec ses gestes de piété, chacun doit pouvoir être aidé à exprimer sa prière personnelle. Ils sont nombreux ceux qui viennent pour demander une grâce ou pour remercier d’avoir été exaucés, pour avoir reçu force et paix alors qu’ils étaient mis à l’épreuve. Cette prière rend les sanctuaires féconds, parce que la piété du peuple est toujours alimentée et croît dans la connaissance de l’amour de Dieu.»
La miséricorde, une priorité pérenne
Le Pape revient sur un autre aspect qui caractérise selon lui les sanctuaires. Ce sont des lieux privilégiés pour expérimenter la miséricorde, d’autant que de nombreux pèlerins s’y rendent accablés par le poids de leur péché. Or, «la miséricorde quand elle est vécue devient une forme d’évangélisation réelle, parce qu’elle transforme ceux qui qui la reçoivent en des témoins de miséricorde» Là encore deux recommandations. Le Saint-Père insiste sur la formation, la sainteté, la miséricorde et la capacité des prêtres qui célèbrent le sacrement de la réconciliation dans les sanctuaires à «faire goûter la vraie rencontre avec le Seigneur qui pardonne». Le Pape espère également que jamais ne viennent à manquer dans les sanctuaires la figure du «missionnaire de la Miséricorde» instituée lors de l’Année sainte. Enfin, le Saint-Père rappelle que les œuvres de miséricorde doivent être vécues de manière particulière dans les sanctuaires, car «en elles se réalisent de manière naturelle et spontanée la générosité et la charité comme actes d’obéissance et d’amour envers Jésus et la Vierge Marie».
La piété populaire, un joyau
Enfin, le sanctuaire n’est pas qu’un lieu de rencontre avec Dieu. C’est également un lieu de rencontre «fondamental» entre le prêtre et le peuple de Dieu qu’il doit chercher à comprendre préjugés, avec le flair de la foi. Le Pape conclue par une anecdote. Il se souvient d’une vielle femme au sanctuaire de Salta au nord de l’Argentine, qui demandait au prêtre de bénir ses images pieuses, bien qu’elle ait reçu la bénédiction à la fin de la messe. «Elle voulait toucher- le sens le plus religieux du toucher. Elle voulait toucher ces images pour toucher Dieu».
Pour le Pape, la piété populaire est un «joyau» dont il faut se soucier et maintenir en vie. C’est «le système immunitaire de l’Église», dit-il, reprenant l’expression d’un évêque italien
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