Sainte-Marthe: en 2018, des homélies pour rester ouvert «aux surprises de Dieu»
Sergio Centofanti - Cité du Vatican
Des homélies courtes, vivantes et toujours improvisées. Fort d’une rhétorique imagée, parfois cinglante pour encourager la maturité de la vie chrétienne, le Pape distille toujours trois éléments dans ses homélies de Sainte-Marthe: «une idée, un sentiment, une image». Le tout dans le contexte d’une prédication positive qui apporte espérance, même lorsque son ton est plus sévère. Une fermeté à l’image du Christ «qui secouait les hermétiques à son amour et son salut», expliquait le Pape.
Les exigences du Jugement dernier
Cette année, à de multiples reprises, le Pape a fait des références appuyées à l’actualité du monde et de l’Église. Son message récurrent est toutefois demeuré eschatologique; l’attente de la rencontre avec Jésus et le Jugement dernier, en particulier. «Au crépuscule de notre vie, nous serons jugés sur l’amour que nous avons réellement vécu sur terre. Nous en connaissons déjà les exigences», y a-t-il affirmé par exemple.
Le bon Samaritain
Une homélie particulièrement emblématique en la matière est celle du 8 octobre 2018, lorsque le Pape commentait la parabole du bon Samaritain, qui «contient tout l’Évangile». Ainsi, un docteur de la loi demande à Jésus: «Et qui est mon prochain ?». Viennent alors les brigands, le blessé, le prêtre, le lévite, le Samaritain, et l’aubergiste.
Les brigands qui «rouèrent de coups» l’homme, le «laissant à moitié mort» ; le prêtre qui, lorsqu’il vit le blessé, «passa de l’autre côté», sans tenir compte de sa mission, en pensant seulement à l’imminente «heure de la Messe». C’est aussi ce que fait le lévite, «homme de culture de la Loi». Le Pape François a attiré l’attention sur le fait de passer «de l’autre côté», un concept qui «doit entrer aujourd’hui dans notre cœur». Il s’agit, a fait remarquer le Pape, de deux «fonctionnaires» qui, «cohérents» avec leur état, se dirent : «ce n’est pas à moi» de secourir le blessé. En revanche celui qui «ne passe pas de l’autre côté» est le Samaritain, «qui était un pécheur, un homme excommunié par le peuple d’Israël» : le «plus pécheur a eu compassion», a souligné François.
Être ouvert aux surprises
«Être chrétien» signifie être toujours «ouvert» aux surprises de Dieu, se faisant proche de ceux qui sont dans le besoin, a résumé le Saint-Père.
Contre l'hypocrisie des pharisiens, des scribes et des sadducéens, des gens qui se considéraient meilleurs, Jésus était sévère. «Le chrétien sait qu'il est un pécheur qui a besoin de conversion, de la miséricorde de Dieu et qu'il a, pour cela, pitié des autres», ajoute François, définissant comme «corrompus» tous ceux qui n’ont pas ce besoin continuel d’être convertis.
L’Évangile doit déranger
Jésus nous avertit: «Tous ceux qui me disent 'Seigneur, Seigneur' n'entreront pas dans le royaume des cieux. Seuls ceux qui font la volonté du Père entreront». Ainsi, le Pape nous invite à être des chrétiens en actes, et non en paroles.
Un Évangile filtré et adouci par notre égoïsme et nos schémas idéologiques, nous conforte dans nos habitudes. «L’Évangile vrai» nous scandalise, nous met en crise, nous dérange… Il nous fait passer du «je» au «vous», laisse entendre le Pape dans diverses de ses homélies.
Des mises en garde répétées contre le diable
François nous invite aussi à passer de la logique du monde à celle de Dieu, car il est facile de vivre «un christianisme tiède et mondain sans même s'en rendre compte». Il lance de nombreux appels pour que nous ne tombions pas dans les tentations du diable trompeur et menteur pour diviser. François a régulièrement mis en garde contre Satan, «le malin», qualifié de «grand accusateur». Pour le Pape, il est clair que «la vocation du diable est de détruire l’œuvre de Dieu».
L’espérance de l’éternité
Alors, «le mot-clé» pour ne pas commettre d'erreur dans notre cheminement de foi, explique le Pape, c’est d'être «amoureux» du Seigneur et de s'en inspirer pour chacune de nos actions. Un équilibre entre contemplation et action, entre le travail et la prière (l’ora et labora de Saint-Benoît).L’objectif étant de nous préparer à cette rencontre définitive avec Dieu.
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